La jalousie que l’on connaît bien

Avez-vous déjà eu des doutes ou ressenti de la détresse ? Ou encore une certaine colère en entendant votre partenaire rire avec une autre personne ? En voyant votre collègue obtenir l’emploi que vous vouliez ? Ou bien en constatant une fois encore que votre amie est le centre des attentions et pas vous  ?

Seriez-vous jalouse ?!

C’est tout à fait possible ! La jalousie est en effet un sentiment relationnel naturel. Elle résulte de la peur de perdre un bien, un statut ou un lien affectif au profit d’une autre personne.

On la distingue ainsi de l’envie qui est le désir d’obtenir quelque chose qu’on n’a pas et que quelqu’un d’autre possède. La jalousie réfère au contraire à quelque chose que l’on a et qu’on a peur de perdre.

Elle s’inscrit aussi dans une relation triangulaire puisque le jaloux fait face à une tierce personne (un rival, réel ou imaginaire). Celui-ci lui enlève ou risque de lui enlever une chose ou une personne à laquelle il tient.

La jalousie est très souvent associée à la relation amoureuse.

Mais elle n’est pas un sentiment propre à la relation de couple puisque nous l’avons dit, c’est un sentiment relationnel. Elle peut donc se manifester dans tout type de relations : amicales, professionnelles et familiales.

D’où vient-elle ?

Les courants psychologiques lui assignent des origines différentes.

Selon la théorie évolutionniste, la jalousie est due au développement de mécanismes psychologiques. Ceux-ci sont liés au besoin de reproduction de l’espèce. Ainsi, l’homme serait plus enclin à la jalousie sexuelle. En accordant une attention toute particulière aux habitudes sexuelles de la femme, il évite d’investir pour la survie d’enfants qui ne sont pas les siens.

La femme en revanche doit s’assurer que l’attention de l’homme ne soit pas dirigée vers d’autres femmes. Ceci afin de conserver certaines ressources de l’homme pour sa survie et celle de ses enfants. Elle aurait donc plutôt tendance à développer une jalousie émotionnelle.

Selon les auteurs non évolutionnistes, les mécanismes de la jalousie sont les mêmes pour les deux sexes, mais se manifestent différemment selon le contexte environnemental.

Dans cette perspective, les différences entre les hommes et les femmes seraient donc dues aux construits culturels des genres.

La jalousie, une émotion sociale

Certains auteurs définissent d’ailleurs la jalousie comme une émotion sociale. L’émotion sociale est considérée comme une émotion apprise, où l’éducation et la culture jouent un grand rôle.

C’est pour cette raison que la littérature parle aussi plus souvent d’un sentiment interne. Dans le sens où la jalousie provient de l’intérieur de soi plutôt que d’un événement qui se produit ici et maintenant.

Elle serait donc liée à des expériences vécues dans un environnement précis. Cela pourrait expliquer pourquoi certains individus sont plus jaloux que d’autres.

Quoiqu’il en soit, retenons que la jalousie est un sentiment social et complexe, qui vient nous parler de nous. L’important, nous allons le voir, est donc de savoir l’écouter pour apprendre ce qu’elle a à nous dire, sans nous laisser dominer par elle.

Comment se manifeste-t-elle ?

La jalousie, une histoire d’émotions

La jalousie est associée aux émotions primaires de colère, de tristesse et de peur. Elle génère aussi des émotions secondaires (rage, inquiétude, méfiance, indécision …). Mais aussi des émotions sociales comme l’envie, l’humiliation, la culpabilité.

Différences de réaction hommes/femmes

Selon une étude de Mathes et Severa, les femmes vivent plus des symptômes de détresse et de tristesse. Les hommes quant à eux, sont davantage enclins à ressentir de la colère.

Dans tous les cas, elle conduit à un état de souffrance, plus ou moins intense selon le degré et la durée de la jalousie.

Ainsi dans le couple, selon le chercheur White, la jalousie opère 2 types de souffrances, “la perte des bénéfices relationnels” et “la perte de l’estime de soi” .

La jalousie se manifeste partout

La jalousie se manifeste également par l’activation de nos pensées. Questionnements, doutes sur soi, doutes sur l’autre, comparaison avec le (prétendu) rival, auto-critique, victimisation… Notre système de pensées peut être puissant et nous emmener dans des domaines très variés. Mais il vient toujours attaquer notre estime de soi.

Des émotions désagréables et des pensées négatives amènent inévitablement des réactions physiques. Mains moites et tremblantes, respiration difficile, bouffées de chaleur, crampes d’estomac. Mais encore baisse de l’appétit, accélération du rythme cardiaque, insomnie… Notre corps parle nécessairement !

S’en viennent ensuite des comportements. Envie de crier, de pleurer, de tout casser, de faire mal ou encore de fuir. Egalement de faire l’autruche en niant le problème. Ces premiers comportements peuvent déboucher sur d’autres qui constitueront ce que certains appellent la jalousie comportementale… Dimension de la jalousie qui pollue la relation.

La jalousie dans le couple 

La jalousie amoureuse provient plus particulièrement du sentiment d’attachement envers l’être aimé. Le partenaire jaloux manifeste sa peur de perdre celui qu’il aime, de se le voir ravir par un autre. Dans ce sens, la jalousie renvoie à l’instinct de possession qu’induit l’amour.

Mais si dans une relation amoureuse, il est normal d’avoir besoin de l’autre, l’amour ne doit pas en revanche devenir possession ni exclusivité. Sinon il étouffe, fait mal et risque de mourir. C’est dans un sentiment de liberté que les deux partenaires pourront s’aimer et se sentir heureux dans la vie de couple.

Pour de nombreux psychologues, la jalousie dans le couple trahit souvent une dépendance affective (voir Bulle de Bonheur #14) et un manque de confiance en soi (voir Bulle de Bonheur #6).

 

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La jalousie dans la fratrie 

Ce sujet pourrait faire l’objet d’un podcast à lui tout seul ! Mentionnons juste quelques causes propres à expliquer la jalousie entre frères et soeurs :

  • En chaque enfant sommeille le désir profond de recevoir l’amour exclusif de ses parents. Ce désir serait à la base de la jalousie entre frères et sœurs. Pourquoi ? Parce que le père et la mère sont la source merveilleuse de tout ce dont l’enfant a besoin pour survivre et se développer. Que ce soit nourriture, logement, chaleur, caresses, sentiment de valeur, d’être unique…
  • L’arrivée d’un frère ou d’une sœur peut venir menacer l’enfant qui a peur de perdre ce dont il a tant  besoin.
  • Partager l’amour parental est impensable pour un enfant. D’expérience, les parents savent que l’amour n’est pas un gâteau qu’on sépare en part. Mais bien un gâteau qui grandit avec le nombre d’enfants ! Et pourtant avant de le comprendre, quel est le parent qui ne s’est pas questionné pour se demander s’il aimerait le 2e aussi fort que le 1er ? S’il n’aurait pas de préférence ?
  • Chacun apprend à cohabiter avec ses frères et sœurs. C’est une relation qui leur imposée. Contrairement à ses amis, on ne choisit pas ses frères et soeurs !
  • Nos représentations et nos attentes de parents sont souvent sources de comportements (inconscients) qui vont attiser la jalousie entre nos enfants. Par exemple, irritation car je retrouve l’égoïsme de mon père que je déteste. Ou inversement affinité particulière à l’égard de celui qui me ressemble, de celui que je voulais être…

Quand la jalousie empoisonne 

La crainte d’être remplacé (par un autre partenaire, par une amie, par un collègue) et le désir d’exclusivité peuvent modifier nos comportements. Doute, suspicion, surveillance, obsession… L’escalade peut être très rapide, et nous transformer en une personne que nous pourrions ne plus reconnaître.

La jalousie perd donc son caractère normal quand elle devient excessive, récurrente et incessante. Elle peut même devenir pathologique. Nous envisageons des menaces imaginaires, avons des suspicions paranoïdes, un niveau de frustration élevé et adoptons parfois des comportements de détective. Ils altèrent totalement la sécurité, la liberté et la confiance nécessaires au bon développement des relations.

Et si j’apprenais à écouter la jalousie ?

A l’instar des émotions (Bulle de bonheur #5 ), la jalousie est là, nous ne la choisissons pas. C’est que que nous en faisons qui fera d’elle une expérience bénéfique ou destructrice. La jalousie nous donne des indices sur nous-même et sur notre relation, elle est un excellent guide pour savoir ce que l’on désire.

C’est en ce sens que certains auteurs disent qu’elle est le ciment du narcissisme et de l’image de soi. Puisque nous nous définissons par rapport à l’autre, par le jeu des ressemblances et des différences, la jalousie peut nous aiguiller vers nos propres désirs. Par exemple, la jalousie que j’éprouve à l’égard de mon amie qui s’achète une maison pourrait peut-être révéler le souhait encore mal exprimé d’avoir un lieu d’ancrage ou de mon attachement profond à la pierre.

Ainsi, écouter la jalousie peut permettre de voir plus clair en soi, peut favoriser notre connaissance de soi. Par ailleurs, en admettant les sentiments de jalousie et en explorant les émotions qui la sous-tendent, nous pouvons éviter l’escalade des pensées et des comportements que nous avons mentionnée plus haut. Donc, cela va favoriser le renforcement de nos relations. La jalousie est ainsi une précieuse alliée pour préserver les liens sociaux.

En pratique 

Soyez à l’écoute de votre jalousie

Nous l’avons dit, la jalousie est un sentiment complexe qui peut englober diverses émotions et provoquer différentes réactions, tant physiques que cognitives et comportementales.

Nier la jalousie est le plus sûr moyen de la renforcer, au point parfois de la transformer en pathologie  (troubles du sommeil, troubles du caractère …). Il est donc essentiel de la nommer, de l’accepter pour ensuite en identifier les causes, et peut-être les besoins insatisfaits qui se cachent derrière. Ce travail de recul peut aussi être essentiel quelquefois pour nous ramener à la réalité et réaliser par exemple que ma crainte était sans fondement, mon rival totalement imaginaire. C’est un travail essentiel aussi à faire avec les enfants. Accueillir leur jalousie et la nommer (“tu n’aimes pas que je passe trop de temps avec ton petit frère”) est la première étape indispensable pour préserver les relations familiales.

Evitez de considérer les autres comme des ennemis

La menace que nous percevons au contact des personnes qui attisent notre jalousie est en grande partie formulée par des raccourcis de pensées. Nous rangeons certaines personnes dans des catégories “menaçantes”. Or ces biais se construisent généralement suite à un jugement trop rapide, souvent basé sur l’apparence et emprunt d’une grande subjectivité.  “Il a trop de chance d’avoir de bons amis, de dégoter la maison de rêve, de réussir tout ce qu’il touche. Ou bien encore de se sortir de situations difficiles grâce aux autres. Le problème est que cette subjectivité a tendance à nous faire dépeindre un tableau beaucoup plus noir qu’il ne l’est en réalité. Et ce tableau négatif engendre méfiance et agressivité de notre part.

Bannissez la comparaison 

De manière générale, rappelons nous que la comparaison est un anti-bonheur. En ce qui concerne la jalousie, elle est en tout cas un élément certain d’activation. Cette habitude de comparer est un véritable poison. Elle a en plus toutes les chances de nous éloigner de la réalité car pour comparer, il faut connaître tous les composants des éléments comparés. Or, comment connaître toutes les composantes de l’autre ? (nous avons déjà du mal à connaître toutes les nôtres !!). C’est comme si on cherchait à être l’égal de l’autre alors que chacun est différent, avec “son propre système de pensée et de valeurs forgé par l’expérience et la compréhension du monde qui l’entoure”. La comparaison dans le sens de “quête du meilleur, de mieux que…” abime les relations.

La comparaison et la jalousie

Chez les enfants, quand les parents font des comparaisons entre les enfants, ils jettent  de l’huile sur le feu des sentiments de rivalité.

Haïm Ginott, père des ateliers de parentalité Faber & Mazlish, propose aux parents de s’abstenir de toutes comparaisons, négatives bien-sûr mais aussi positives (“qu’est ce que ta soeur travaille bien”,” ton frère est toujours prêt à l’avance”…).

Boostez votre confiance

Nous avons mentionné que la jalousie peut nous pousser à remettre en cause la confiance que nous accordons à autrui et surtout à nous même.

Elle nous met en insécurité. Manque de confiance qui se retourne donc contre nous par l’auto-critique et à la dévalorisation ou/et contre l’autre par une surveillance et une méfiance. Bref, une situation qui peut vite devenir invivable pour tout le monde.

C’est en travaillant sur le renforcement de sa confiance en soi, en acceptant de croire plutôt que de suspecter qu’on peut transformer la jalousie en une expérience positive. Nous vous renvoyons pour cela à nos podcast sur la confiance (Bulle de Bonheur #7) , la dépendance affective  et les peurs (Bulle de Bonheur #18). Pensez également à consulter un professionnel si jamais la jalousie prend possession de votre vie.

“Interrogez votre jalousie” : Cet outil, que nous avions déjà vu dans “comment trouver mon Ikigaï (Bulle de Bonheur #68), peut aussi nous être utile ici. Il consiste à tracer 3 colonnes sur une feuille et noter :

  • dans la première colonne, trois motifs de jalousie.
  • dans la deuxième colonne, le désir qui se cache derrière votre sentiment de jalousie.
  • dans la troisième colonne, les démarches que vous pourriez entreprendre pour aller vers la concrétisation de ce désir.

Un travail réflexif est toujours utile pour éviter que notre machine à jalousie s’emballe. Si vous n’arrivez pas à faire l’exercice tout seul, pensez à demander de l’aide à une personne de confiance, qui pourra jouer le rôle d’un observateur neutre et vous aider à gérer plus objectivement la situation.

En bref

  • La jalousie est un sentiment relationnel naturel.
  • Quand la jalousie vous saisit, prenez-la en main en la nommant, en l’écoutant.
  • La jalousie vous envoie des indications et vous permet d’identifier des désirs à (peut-être) satisfaire. Mais empêchez la de devenir un poison autant pour vous-même que pour votre entourage.

Allez hop, je me lance !

A vous de jouer ! 2 minutes pour identifier une situation qui suscite de la jalousie chez vous ou autour de vous. A votre avis, quel désir se cache derrière cette jalousie ?

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