Petite précision avant de commencer. Nous parlons ici du pardon, comme un processus intérieur de libération, et non du pardon, mot prononcé pour s’excuser d’offenses mineures (bousculer quelqu’un, marcher sur un pied, passer devant…).

De même, devant l’ampleur du sujet, nous avons dû faire quelques choix. Nous ne traiterons donc pas du pardon à un absent (de par son décès ou son inaccessibilité), ni du pardon à soi-même (mais retenez qu’il est fondamental de savoir aussi se pardonner).

Le pardon dans la relation à l’autre

Quand nous avons blessé une personne, la seule demande de pardon ne peut suffire. Car le vrai pardon est un processus à double sens. Comme en communication, il faut un émetteur et un récepteur. Celui qui demande le pardon et celui qui le reçoit.

Dans cette relation duale, nous pouvons noter 2 obstacles :

  • l’égo : il peut nous empêcher de reconnaître nos propres erreurs. Le pardon touche notre estime de soi. Reconnaître que nous avons fait du mal à une personne revient à accepter que nous ne sommes pas parfaits. Que nous pouvons être maladroits et même méchants. 
  • le lien : le pardon est souvent plus difficile à donner aux personnes que nous aimons. Et notamment à notre partenaire, car nous attendons de lui qu’il soit “parfait”. Lui ayant donné notre confiance, nous acceptons moins facilement ses erreurs, les blessures qu’il nous fait.

 

Le pardon libre

Les injonctions comme “il faut pardonner , “on doit pardonner” peuvent donner une fausse conception du pardon. Comme s’il était une obligation. D’ailleurs, tout est-il pardonnable ?

Quoi qu’il en soit, un pardon commandé, imposé, n’en est pas un. “Ou bien le pardon est libre, ou bien il n’existe pas” affirme Jean Monbourquette.

A l’instar du “merci” imposé aux enfants (Bulle de Bonheur #11), le pardon, s’il revêt un côté formel et automatique, perd son objectif et ses bienfaits.

Combien de fois avons-nous pu nous entendre dire enfant “dis pardon à ….” et finir par lâcher un “pardon” sur un ton qui en disait long sur notre véritable intention ?

Il n’est pas un mot magique qui annule tous les torts.

Ce n’est ni une formule de politesse, ni un moyen d’avoir la paix ou encore une obligation morale.

Le pardon est un cheminement intérieur volontaire, qui contribue à augmenter notre bien-être.

Le pardon sincère

La sincérité suppose de reconnaître la blessure de l’autre, sans jugement ni évaluation. Cette reconnaissance va passer par la description du comportement qui a causé de la souffrance. Cette description doit donc être factuelle pour éviter de tomber dans le piège de la minimisation ou de la critique.

Pas toujours simple, surtout quand il s’agit d’accepter que notre comportement peut avoir des conséquences négatives pour la personne. Alors qu’il n’en aurait pas eu pour nous. Pas question donc de répondre : “moi je ne trouve pas ça vraiment grave mais je m’excuse”. 

Des besoins différents selon les personnes

Cela fait écho à ce que nous avions dit sur les besoins. Une même situation sera vécue par chaque personne différemment en fonction de ses besoins. Les émotions ressenties seront donc elles aussi propres à chacun.

La sincérité implique également de ne pas se trouver des excuses, de ne pas se justifier. Si vous dites : “c’est vrai que je t’ai menti et je vois que tu en as souffert. Mais tu sais, je l’ai fait pour te protéger”. Soyez-en certain, le “mais” annule toute la première partie de la phrase ! Votre demande de pardon ne pourra être entendue.

Cette sincérité est aussi importante pour la personne qui demande le pardon que pour celle qui la reçoit. Celle-ci doit également être sincère dans sa réponse.

Accepter un pardon

Or, nous l’avons dit, le pardon, s’il est un immense cadeau, ne doit en aucun cas être forcé. Et de même qu’il ne doit pas être demandé à la légère, il ne doit pas être accepté trop facilement ou rapidement.

Accepter un pardon peut demander un temps de réflexion et il est important de savoir le refuser s’il ne nous répare pas. Car dans le cas contraire, nous trompons le demandeur mais également nous-même.

Quand l’offense a été très grande, nous pouvons avoir besoin de temps ou de gestes concrets de réparation pour accepter une demande de pardon.

Par exemple, si pendant des années, dans un couple, l’un des partenaires a dépensé l’argent commun sans compter. L’autre peut avoir besoin, avant d’accepter les excuses, d’être rassuré sur ce qui va pratiquement changer et permettre d’envisager une sécurité financière plus pérenne.

Le but du pardon est de permettre de se sentir mieux.  Il est par conséquent important de valider que pour le demandeur et le receveur, la démarche répond bien à cet objectif.

Fausses idées

Attention également aux fausses idées. Pardonner n’est pas oublier, être faible ou se retrouver comme avant l’offense. Ce n’est pas non plus excuser l’autre ou se réconcilier.

On l’aura compris, le terme pardon ne se définit pas simplement !

Véritable cheminement, il va solliciter de nombreux aspects de la personne. Temps, persévérance, authenticité seront nécessaires.

Il est donc utile de reconnaître cette difficulté. Et d’accepter cet état où nous ne voulons pas ou ne pouvons pas pardonner.

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Changement de regard sur le pardon

Et si nous voyions dans le pardon une opportunité d’être plus heureux ?

Dépasser le “pardon politesse”, le “pardon de convenance” ou ”le pardon compassion”, pour expérimenter le vrai. Source de libération et de paix ?

Alors en pratique, comment ça se passe ?

Point de vue psychologique

Si la valeur thérapeutique du pardon a été longtemps ignorée par la psychologie, elle est aujourd’hui largement reconnue. Certains auteurs ont d’ailleurs même proposé un processus structuré. Et composé d’un nombre d’étapes plus ou moins variables, pour s’assurer d’un pardon authentique.

Sans rentrer dans le détail de ses étapes, nous retiendrons quelques points qui nous semblent essentiels :

  • pardonner, c’est savoir écouter

  • c’est accepter sa part de responsabilité (sans se justifier !)

  • mais aussi, c’est s’ouvrir à une démarche réflexive qui invite chacun à des gestes concrets de changement.

  • pour le demandeur, c’est rester dans la demande, donc accepter que le oui ne sera pas forcément la réponse (sinon, on serait dans l’exigence). Ce pourra être un non ou un peut-être.

  • pour le receveur, pardonner, c’est renoncer clairement à d’autres attitudes face à l’offense.  L’évitement (qui empêche d’exprimer sa douleur) et la vengeance.

C’est prendre aussi le temps de reconnaître et nommer sa souffrance. Et exprimer les émotions associées, comme la colère, la tristesse et la peur (cf Bulle de Bonheur #5). Ou pourquoi il est impossible de pardonner sans avoir nommé ses émotions).

Bienfaits

Pardonner libère, notamment de la colère et de la souffrance. Si celles-ci s’accumulent et sont refoulées, elles vont se transformer en rancoeur ou en tristesse profonde. Elles auront nécessairement des conséquences sur nos comportements (fuite dans le travail, isolement, écrans …), notre physique (manque de sommeil, perte d’appétit, …), notre psychisme.

Et se libérer, c’est prendre soin de ses relations. 

Si les blessures sont souvent inévitables, elles fragilisent les relations si elles ne sont pas soignées. Le pardon va permettre d’éviter l’escalade des reproches, des critiques, du mépris, des représailles … Autant de tentations qui se trouvent à la portée de celui qui a été blessé.

Pardonner, c’est se donner l’opportunité de faire évoluer nos relations et de les faire durer.

Enfin, au lieu de rester englué dans le passé, le pardon permet de se tourner vers l’avenir. Et cette ouverture à un autre possible est libératrice tant pour que celui qui a blessé que celui qui a blessé.

En bref le pardon

  • Le pardon est une démarche qui vient du fond du coeur
  • Il invite à changer de comportement
  • Enfin, il libère, renforce les relations et procure paix et bonheur.

 

Allez hop, je me lance !

2 minutes pour penser à une personne qui vous a blessé(e) et à qui vous n’arrivez pas à pardonner.

Notez le nom de cette personne, les émotions que vous ressentez en évoquant la cause de l’offense. Ré-écoutez notre podcast ou relisez cet article pour choisir ensuite comment enclencher une démarche de pardon.

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