Nos drivers… L’autre soir, je me suis transformée en sorcière en voulant faire la Vishnu à 4 mains ! Cuire 2 tartes pour la réunion de mon groupe de copines du lendemain, lancer et étendre une machine puis préparer les petits cadeaux des enfants pour le goûter d’anniversaire du dernier. Pour tout faire, je vais me coucher plus tard, je ne peux pas décevoir mes copines et mon fils. Sans parler que si le panier à linge n’est pas vide tous les soirs, je me sens mal !

Et en plus quand mon chéri me demande où est passée la maman qui était de bonne humeur 2 minutes plus tôt. C’est la goutte d’eau ! Du coup, je vomis tout mon désarroi, ma charge mentale etc.. à mon conjoint qui réagit avec étonnement « mais pourquoi t’imposes-tu tout ça ? ».

Et là ça me chicotte : après tout, c’est vrai, pourquoi est-ce que je m’impose tout ça ? Finalement être parfaite et faire plaisir sont peut être des devoirs que je me fixe toute seule ?

L’analyse transactionnelle et les drivers

Taibi Kahler est un psychologue américain qui a participé entre autres au développement des théories de l’analyse transactionnelle dont nous vous avons parlé dans notre épisode #173 je gère mon hypersensibilité. Ses recherches lui ont permis de développer les concepts de mini-scénarios et de drivers. Les mini-scénarios sont des situations dans lesquelles nous avons des réactions réflexes, inconscientes. En observant ces enchainements systématiques, Taibi Kahler a pu identifier 5 drivers qui guident nos comportements. Sois fort, fais plaisir, soit parfait, dépêche-toi, fais des efforts. Un driver est un « conducteur », comme l’indique la traduction, quelque chose qui nous sert de tuteur.

Origine des drivers

Les drivers trouvent souvent leur origine dans les messages que nous avons reçus enfants de la part de nos parents, des membres de notre famille, des éducateurs. Ce sont des messages qui se sont ancrés en nous parce qu’ils nous ont été transmis par des figures d’autorité. Ce sont des sortes de frontières qui balisent notre champ d’action et nous indiquent ce qui se fait ou non. Ou ce qui déclenchera des résultats positifs ou non. Nous enregistrons ces messages comme des clefs permettant de faire face à des défis, surmonter des obstacles, régler les problèmes.

Ces messages entendus vont s’inscrire en nous plus ou moins fortement. Un peu comme une semelle qui va s’imprimer sur un terrain. Nous n’avons pas tous le même terrain. Certains ont un terrain plus meuble que les autres, les empreintes sont donc plus fortes ! C’est ainsi que dans une famille l’un va intégrer des drivers comme « sois parfait » et pas les autres. Vous voyez celui ou celle qui dit toujours OUI, est obéissant, travaille bien et qui, à force qu’on lui dise ou qu’il entende dire « il est facile à élever », intègre que pour être aimé il a besoin d’être parfait !

Chaque message reçu est une permission ou une injonction

Ce qui est important ici ce n’est pas tant la façon dont le message vous a été transmis ou le contenu du message en lui-même. C’est la façon dont vous l’avez perçu, compris et intégré qui compte. Car c’est cette perception qui influence aujourd’hui vos comportements. Dans les recherches sur l’analyse transactionnelle, chaque message reçu peut se traduire comme une permission – coté positif ou comme une injonction – coté négatif.  Et voilà, sous stress, ces drivers s’accentuent et déclenchent des comportements systématiques qui peuvent ne pas être adaptés quand on arrive à l’âge adulte.

Les drivers identifiés par Taibi Kahler dirigent nos choix à notre insu. Côté positif : ils sont des facteurs de motivation. Côté négatif : ils sont des injonctions qui nous empêchent d’agir en conscience et liberté. Taibi Kahler observe des comportements typiques liés aux drivers lorsque les personnes observées sont soumises à des situations de tension. Autrement dit, si vous avez peu de ressources pour réfléchir dans une situation donnée, alors vous risquez de réagir en pilote automatique.

Le sujet est tellement riche que nous traiterons cette semaine 2 des 5 drivers de Taibi Kahler. « sois parfait » et « fais plaisir » et lors du prochain épisode « sois fort », « dépêche-toi » et « fais des efforts ». Quoi qu’il arrive, pas de jaloux, nous avons tous des drivers ! A vous de les repérer pour en faire des forces !

Le driver « sois parfait »

Quelques exemples.

« Tu as eu 16, c’est pas mal. Cependant tu aurais pu faire mieux ». « Tout lui réussit à ta camarade ». « Prends exemple sur ta sœur, elle est tout le temps élégante et propre sur elle ». « Ce n’est pas possible que tu rates ton examen, ce n’est même pas une option ».

Tout un tas de messages peuvent nous avoir été livrés inconsciemment. Ils nous poussent à penser que nous ne sommes jamais assez bien, que la perfection est le seul standard. Souvent, nous avons observé que nous recevions davantage de marques d’affection ou d’amour lorsque justement, nous étions à la hauteur de ces attentes de perfection.

Un de mes amis se souvient très bien d’un de ses professeurs qui ne cachait pas son inimitié pour lui parce que ses notes étaient excellentes alors qu’il passait ses cours à bavarder avec ses copains. Les professeurs ont toujours aimé les élèves sages qui suivent les consignes, les parfaits. Nous avons donc enregistré qu’il faut faire parfaitement les choses pour être aimé.

Les croyances qui en découlent

En découlent des croyances comme la croyance “Si je ne suis pas parfait (ou le meilleur ou le number 1), alors je ne suis rien”. « J’ai de la valeur si je suis parfait et que les autres le reconnaissent ». Ou encore « je dois toujours faire mieux pour mériter l’amour des autres » et « si je lâche prise, je risque de perdre l’amour des autres ». Ce sont d’excellents organisateurs, orientés objectif/solution. Ce sont des personnes avec une grande morale. En revanche, elles éprouvent de fâcheuses tendances à aimer contrôler, à ne pas savoir lâcher prise.

Nous avons développé des stratégies associées à ces croyances et allons toujours chercher à atteindre le standard de perfection des autres. Or, comme la perfection n’existe pas, nous risquons de nous y investir à fonds perdus. Ce driver a probablement fait de nous des personnes responsables, sérieuses, qui font toujours de leur mieux. « Sois parfait » peut être rééquilibré par « je prends du recul ». Ou « j’accepte mes limites » ou encore « je lâche prise ».

Le driver « sois parfait »

Quelques exemples. « Sois gentil avec les autres ». « Prête tes jeux à ton frère, ne sois pas égoïste ». « Tu veux bien faire ça pour moi ? » Être attentif aux autres, gentil et poli sont des attitudes pertinentes pour bien vivre en collectivité. Généralement, cela nous a été inculqué dès le plus jeune âge dans les différents milieux de socialisation : la famille, l’école, la vie de quartier.

D’une certaine façon, nous avons intégré que faire plaisir aux autres est une bonne stratégie pour s’attirer leur bienveillance et prendre sa place dans le groupe.

Vous voyez donc pointer une autre croyance limitante. La croyance « si je suis gentil avec tout le monde, alors tout le monde m’aimera ». Les autres m’aimeront si je leur fais plaisir. Je compte si je suis généreux.

Versant positif, vous avez sûrement développé de belles capacités d’empathie, vous créez du lien facilement et vos relations sont souvent fondées sur des attaches profondes. Sous stress, vous vous oubliez systématiquement. Vous faites passer les besoins des autres devant les vôtres, vous vous faites souvent passer en dernier. Au travail ou en famille, l’étiquette « bonne poire » vous est rapidement collée. Vous voyez ? Celui qui choisit en dernier sa chambre dans la maison familiale, celle qui prend tous les dossiers pourris pour rendre service. Pour ces personnes, le premier « non » sera encore plus difficile à poser.  #38 J’apprends à dire non.

L’injonction

L’injonction vous empêchera peut-être de prendre des décisions délicates pour votre équipe ou de refuser une demande de congés d’un de vos collaborateurs. Trop vouloir faire plaisir tout le temps nous met des œillères qui influencent vivement nos comportements, nous dépossèdent de notre libre arbitre et nous déconnectent de nous-mêmes. C’est aussi un engrenage car les autres prennent rapidement l’habitude de compter sur nous. Et ils s’étonnent pour ne pas dire s’offusquent plus vivement de nos refus.

J’ai en tête un de mes anciens collègues particulièrement gentil qui avait accepté tous les projets internes de mon ancien cabinet de conseil. Il avait pris en charge le déménagement des bureaux, les commandes de paniers de fruits bios, l’organisation de la soirée de Noël. Résultat : les patrons lui refilaient systématiquement toutes ces initiatives et ne lui proposaient pas plus les projets clients les plus intéressants.

Un jour, il a refusé de s’impliquer dans un projet quelconque et notre patron l’a pris dans son bureau en lui remontant les bretelles pour son égoïsme. Il a tenu bon et un autre junior a été désigné volontaire. Ce premier non lui a coûté et il a quitté le cabinet peu après en me disant que les étiquettes sont tenaces. Et qu’il lui serait plus facile de repartir d’une page blanche ailleurs et de travailler son assertivité.  « Fais plaisir » peut être rééquilibré par « tu as le droit de dire non » ou « tu as le droit de penser à toi ».

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Le jeu de questions 2 minutes de bonheur® ensemble est fait pour vous !

Que faire avec mes messages contraignants ?

Vous le constatez sûrement, nous avons tous en nous une sensibilité plus ou moins forte à certains ou à tous ces drivers. Ce qui compte, c’est la façon dont vous les intégrez et à quel point ils prennent le contrôle sur votre vie, vos réactions et vos comportements. En identifiant et comprenant l’influence de ces injonctions dans notre vie, nous améliorons notre connaissance de nous-mêmes et libérons notre pouvoir et notre plein potentiel. Cela influence notre capacité de créativité, la qualité de nos relations aux autres, notre capacité à communiquer et notre bien-être.

Des pistes pour rééquilibrer les messages contraignants dans notre vie

D’abord, prendre conscience de leur influence. Nous ne le dirons jamais assez : en psychologie, une grande partie du travail est faite lorsque nous arrivons à mettre le doigt sur ce qui fonctionne moins bien pour nous. Que nous faisons un pas de côté pour retrouver du sens dans nos comportements ou nos réactions. Commencez par reconnaitre la place des drivers dans vos vies avec des questions fortes :

Comment je me sens lorsque j’arrive en retard à un rendez-vous ? Lorsque je manque une obligation, un engagement ?

Ai-je tendance à proposer mon aide même lorsqu’elle ne m’a pas été demandée ? Comment est-ce que je me sens à l’idée de répondre non à une demande ?

Avez-vous tendance à mépriser ou à considérer avec moins de valeur les personnes dépendantes ? Les aideriez-vous ?

Faites-vous des pauses régulières au travail ? Savez-vous poser le stylo pour profiter de l’instant présent ?

Quelle est votre charge de travail ? Est-elle plus ou moins similaire à celle de vos collègues ?

Vous sentez-vous plus galvanisé en situation de rush ? Aimez-vous avoir des journées bien remplies même lorsque vous êtes en congés ?

Pratiquer la politique des petits pas

Pratiquer le politique des petits pas. Mettre petit à petit des changements dans mon quotidien. Déjà pour m’y habituer et ensuite pour habituer les autres. Quelle limite suis-je capable de mettre demain ? Et dans une semaine ? et dans un mois ?

Quel sera ce 1er NON que je vais savoir dire si je suis dans « fais plaisir » ? Quels sont les bienfaits que je ressens quand j’ai dit non à mon fils qui voulait la tablette en semaine ?

Sur quoi vais-je lâcher prise si je suis dans le « sois parfait » ? Comment je me sens quand j’ai laissé mon enfant choisir ses habits le matin ? 

Les drivers en résumé

Les drivers

  1. guident nos comportements,
  2. ont une valeur permissive et génèrent de la motivation,
  3. engendrent des comportements systématiques sous stress.

A vous de jouer chers auditeurs : la carte de 2 minutes ensemble vous propose de noter ces moments où vos comportements réflexes semblent guidés par l’un ou l’autre de ces drivers. Revenez-y à tête reposée pour vous demander quels sont-ils et préparer votre plan d’action pour vous en débarrasser !  

La petite mousse de la semaine est libre et légère comme le vent. Elle descend du ciel en la personne du pilote et écrivain Richard Bach « Ta seule obligation en n’importe quelle vie est d’être vrai envers toi-même ».

Avec Bulle de Bonheur, prenez le temps d’être heureux !

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