Parler de la fin de vie, ce n’est pas être morbide, c’est un acte de vie. Dans cet épisode de Bulles de Bonheur, j’échange avec Sarah Dumont, fondatrice de Happy End, sur la façon d’aborder la mort en famille, en couple, en établissement et dans les Apéros de la mort. Nous voulons aussi vous présenter le jeu « 2 minutes pour une Happy End », un outil simple et puissant pour ouvrir des conversations essentielles, apaiser les peurs et renforcer les liens jusqu’au dernier souffle.
Intro : et si parler de la mort rapprochait les vivants ?
Bienvenue dans Bulles de Bonheur, le podcast pour prendre le temps d’être heureux. Dans cet épisode, je reçois Sarah Dumont, fondatrice de Happy End. Actrice engagée du mouvement de la mort positive, Sarah est créatrice des Apéros de la mort et de formations sur la fin de vie et le deuil.
Ensemble, nous explorons une question essentielle : comment parler de la fin de vie pour célébrer la vie jusqu’au bout, apaiser les peurs, renforcer les liens… et transmettre ce qui compte vraiment ?
De ces échanges est né le jeu « 2 minutes pour une Happy End », un outil simple, doux et profond pour ouvrir le dialogue autour de la mort en famille, en couple ou en établissement.
Pourquoi parler de la fin de vie est un acte de vie
Quand le tabou de la mort isole et fait peur
Sarah part d’un constat simple :
il existe des ressources sur tous les grands passages de la vie – naissance, mariage, retraite – mais très peu sur la fin de vie et le deuil. La mort reste souvent cantonnée aux assureurs et aux pompes funèbres, avec un regard très commercial.
Résultat :
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les proches se sentent démunis,
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les endeuillés se sentent seuls,
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beaucoup n’osent pas poser de questions, ni exprimer leurs souhaits.
Le silence nourrit l’angoisse. Mettre des mots, au contraire, apaise.
Créer des rituels qui ressemblent à la personne
Le déclic de Sarah est venu de la mort de son père.
Sa famille a organisé pour lui une cérémonie civile à la Bellevilloise, un lieu de fête parisien, totalement à son image. Ce choix a changé son chemin de deuil :
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elle a eu le sentiment d’avoir été « à la hauteur » de la personne aimée,
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l’impression d’avoir posé une première pierre solide sur le chemin du deuil,
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et le retours des proches autour de son père : « Je ne savais pas que c’était possible de faire ça. »
Parler de la mort, c’est aussi ouvrir le champ des possibles en matière de rituels et arrêter de croire qu’il n’existe qu’un seul modèle standardisé.
Quand est-ce le “bon moment” pour parler de la fin de vie ?
Il n’y a pas d’âge pour y réfléchir
Comme le rappelle Sarah, il n’y a pas d’âge pour mourir… et pas d’âge pour parler de la mort.
Attendre d’être gravement malade rend la démarche souvent plus douloureuse et plus difficile.
Réfléchir à ses volontés quand tout va plutôt bien permet de clarifier ce que l’on souhaite vraiment, le transmettre à des personnes de confiance et d’éviter de laisser ses proches démunis le jour venu.
Sarah a, par exemple, écrit ses volontés funéraires et les a transmises à son conjoint et à sa meilleure amie. Même si l’un d’eux n’a pas voulu ouvrir le document tout de suite, l’information existe, elle circule.
Anticiper, ce n’est pas “plomber l’ambiance”, c’est se relier
Préparer ses obsèques ou réfléchir à ce que l’on souhaite transmettre peut sembler triste. En réalité, c’est souvent l’inverse : cela permet de mettre en valeur une vie heureuse, raconter son histoire, ses joies, ses essentiels et en plus d’offrir un cadeau de sens à ceux qui restent.
Raphaëlle témoigne par exemple de son père, qui lui a partagé la messe qu’il souhaite, avec un concerto de Beethoven choisi pour sa symbolique : la vie qui commence tout doucement puis prend sa place. Ce moment d’échange a été profondément apaisant et reliant.
Un jeu de conversation doux et positif pour parler de transmission
C’est le but de ce jeu pour parler sans tabou de la fin de vie
Ce que l’on gagne à parler de la mort en famille, en couple ou en établissement
Briser le silence, c’est diminuer l’angoisse
Le silence autour de la mort est extrêmement anxiogène.
Les questions sont là, mais restent coincées.
Alors que parler de la mort permet de se sentir moins seul dans ses peurs et ses interrogations. Cela aide à préparer les décisions importantes (directives, obsèques, transmission). Et puis, mieux vaut éviter les malentendus et les regrets (« Si j’avais su ce qu’il/elle voulait… »).
En EHPAD, le silence est particulièrement lourd : les résidents sentent les absences, les départs, les corps qui sortent discrètement par la « petite porte ». Ne pas dire la vérité, c’est souvent les infantiliser… et augmenter leur angoisse.
Redonner du sens aux rituels pour les vivants
Parler de la mort, c’est aussi parler de transmission. Il est doux de parler ensemble d’un plat signature que l’on cuisine en pensant à la personne. Ou bien d’un geste, une odeur, un objet, une musique, une manière d’être au monde.
Ces détails du quotidien deviennent des ancres de mémoire. Ils permettent aux proches de continuer à faire vivre la personne dans leur vie de tous les jours, et soutiennent leur chemin de deuil.
Les Apéros de la mort : des espaces pour libérer la parole
Des rencontres pour parler de fin de vie, de mort et de deuil
Sarah, par Happy End, a eu l’intuition d’organiser Les Apéros de la mort. Ce sont des rencontres gratuites dans des cafés pour parler librement de fin de vie, de mort et de deuil.
Ils ne sont pas réservés aux personnes âgées loin de là ! On y croise des jeunes qui ont besoin d’aborder le sujet malgré le silence de leur famille ou des personnes qui souhaitent préparer leur mort et leurs volontés. Mais aussi de nombreuses personnes endeuillées qui souffrent du silence autour d’elles.
Ces espaces permettent de nommer les émotions, de prononcer les prénoms des défunts, de raconter des histoires… et de se sentir enfin entendu.
Des déclinaisons pour différentes réalités de deuil
Plusieurs formats existent :
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les Apéros de la mort,
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les petites veuvreries entre amis pour les veuves et veufs précoces,
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les orphelinats pour les jeunes adultes orphelins,
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le café compagnon pour ceux qui ont perdu un animal de compagnie.
Chaque espace offre un cadre sécurisé avec un binôme d’animateurs, dont une personne formée à l’accompagnement du deuil.
Se former à l’accompagnement de la fin de vie et du deuil
Donner des repères aux professionnels
Happy End est également un organisme de formation.
Les formations s’adressent :
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aux thérapeutes, sophrologues, accompagnants indépendants,
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aux équipes en EHPAD, aux soignants, aux professionnels du médico-social.
Objectif : améliorer la prise en charge de la fin de vie et du deuil, en particulier annoncer un décès avec tact, éviter de médicaliser systématiquement la douleur (par exemple, antidépresseurs automatiques pour les parents endeuillés). Mais encore remettre de la place pour les émotions, les rituels, la présence.
Autoriser les professionnels à ressentir
Les soignants s’attachent aux résidents, parfois sur des années. Pourtant, beaucoup ont appris qu’une fois la blouse enfilée, leurs émotions n’avaient plus le droit d’exister.
Les formations permettent de valider leurs émotions et leur peine, les aident à revisiter des expériences difficiles. Et cela permet d’imaginer de nouveaux rituels : haie d’honneur, goûter du souvenir, patchwork posé sur le cercueil, origamis réalisés par les résidents…
Parler de la mort dans les équipes, c’est aussi prendre soin de ceux qui prennent soin.
« 2 minutes pour une Happy End » : un jeu pour parler de la fin de vie autrement
Un outil simple, doux et profondément humain
De ma rencontre avec Sarah est né le jeu « 2 minutes pour une Happy End ».
Ce jeu de cartes a été pensé pour aider à lancer la conversation quand les mots manquent, parler de fin de vie et de transmission sans dramatiser et créer des moments de lien très forts, en famille, en couple, entre amis ou en établissement.
Chacun répond aux mêmes questions, y compris les enfants adultes, les parents, les résidents. Le dialogue circule dans les deux sens.
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Des retours remplis d’apaisement
Les premiers témoignages sont très forts. Les joueurs nous ont confié leur apaisement, leur soulagement. Certains d’autres nous disent leur sentiment de proximité retrouvée.
Un exemple :
Lors d’une partie, mon père m’a montré le dossier de sa messe d’enterrement. Il m’a expliqué ses choix de musique et ce que cela représentait pour lui. Ce moment a été un cadeau précieux, une source de paix plutôt qu’un poids.
Dans les établissements, les professionnels et les équipes témoignent aussi :
« C’est exactement l’outil qui nous manquait. »
Parler de fin de vie, ce n’est pas appeler la mort.
C’est rappeler la valeur de chaque jour, renforcer les liens, préparer ce qui compte et vivre pleinement tant que la vie est là.
Avec Bulle de Bonheur, prenez le temps d’être heureux !
La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur
« Parler de la mort, c’est apprendre à aimer la vie avec davantage d’urgence et de tendresse. »
Vos questions les plus fréquentes
🫧 Comment puis-je parler de la fin de vie avec mes parents sans les brusquer ?
Vous pouvez commencer par quelque chose de léger et de personnel : un article, un film, une carte du jeu « 2 minutes pour une Happy End », une question du type : « Quel est le plus bel enterrement auquel tu as assisté ? ». L’idée n’est pas de tout régler en une soirée, mais d’ouvrir une première petite fenêtre de dialogue, dans un moment de calme, sans urgence médicale ni conflit.
🫧 Je me sens très angoissé(e) par la mort, ce type de jeu ou les Apéros de la mort peuvent-ils vraiment m’aider ?
Oui, ces outils sont justement pensés pour cela. Le jeu et les Apéros de la mort offrent un cadre, des questions et un groupe qui permettent d’exprimer vos peurs, vos questions et votre histoire. Vous n’êtes plus seul·e avec vos pensées : vous pouvez entendre d’autres expériences, partager la vôtre, sentir que vos émotions sont normales et légitimes. C’est souvent un puissant soulagement.
🫧 Je travaille en EHPAD, comment puis-je mieux accompagner les résidents autour de la fin de vie et du deuil ?
Vous pouvez déjà commencer par reconnaître vos propres émotions et celles des résidents, et encourager votre structure à créer des rituels : temps d’hommage, haie d’honneur, annonce claire des décès aux résidents et aux équipes. Des formations comme celles proposées par Happy End peuvent aussi vous donner des repères concrets pour annoncer un décès, soutenir les familles et prendre soin de votre propre vécu professionnel face à la mort.

