Le couple… Et sa crise ! Il y a de la houle et ça tangue. Peut-être que c’est petit et passager. Peut-être aussi que c’est le raz-de-marée !

Nous sommes perpétuellement bombardés par ce mot de crise. Crise sanitaire, crise climatique, crise économique… Bref, nous sommes entourés de crises et de gens en crise. Mon amoureux en crise existentielle, mon fils en crise d’ado, un couple d’ami en crise conjugale. J’ai l’impression que ça me guette, que je le veuille ou non.

Et là, ça me chicote. Est-ce qu’un jour je serai en crise moi aussi ? Est-ce que je vais tout envoyer valser ? Comment y échapper ? Comment se sortir de ces satanées crises ?

 

Qu’est-ce qu’une crise ?

 

Tout d’abord, commençons par explorer le mot « crise ». Nous lui faisons la vie dure, il n’a pas bonne réputation. Une crise, c’est généralement vu assez négativement.

Comme une faiblesse, un moment triste ou malheureux, comme un échec, un laisser-aller, une rébellion. Alors qu’en fait nous exprimons peut être maladroitement des questions, des peurs ou des incertitudes qui déclenchent des tempêtes. Soit en nous-même soit avec les autres.

Sans parler de celui qui traverse la dite crise qui entend «Je ne te reconnais plus». Ou bien «Tu m’inquiètes». Tant de commentaires tellement teintés de bonnes intentions ! Mais qui, certes maladroitement, enferment dans ce carcan d’état «grave, dangereux, dérangeant» ! Alors même qu’en fait notre personne a plutôt le vertige devant la nouveauté et l’inconnu.

Dans tous ces moments, je quitte une terre vers une autre. Je vis un passage, mes repères sont brouillés et doivent parfois être redéfinis. Alors oui, je suis «vulnérable».

Etymologie

Il est intéressant de comprendre la racine étymologique qui vient du latin crisis et qui signifie «étape décisive». Tiens ! Intéressante cette perspective… Une «étape», un momentum…

Et si la «crise» comme nous l’appelons communément n’était peut-être pas le terme le plus juste et exact pour définir à tous les coups les émotions et évènements qui nous traversent et nous transforment?

 

La crise est une transition

 

Crise de la vingtaine, de la trentaine, de la quarantaine, de la soixantaine. Crise de panique. Crise identitaire. Crise de couple. Crise existentielle. Crise sanitaire. Crise d’adolescence. Crise de la foi. Crise de foie. Il ou elle est «en crise». Nous pouvons trouver des centaines de situations dans lesquelles le mot crise est utilisé. En psychologie développementale ce concept est largement utilisé pour décrire les passages entre différentes réalités et états dans la vie adulte.

Les chercheurs utilisent les mots «crise», «passage», «évolution», «changements», «transformation», «croissance». Nous pouvons le découvrir dans les travaux de Bédard (1983). Lequel vous parle le plus ?

Par exemple, la théorie de la «crise de milieu de vie», la fameuse crise de «cinquantaine», est un excellent exemple du manque de clarté et de précision du concept de «crise».

Versus par exemple les mots « transition, changement et développement» (Marshall, 1979).

Un flou persiste aussi sur la différence entre un état de malaise ou de mal-être lié à un évènement troublant, traumatique, bouleversant qui engendre une désorganisation. Différence avec des momentum de vie où je dois faire appel à ma capacité d’adaptation pour résoudre mon «mal-être intérieur» (Bédard, 1983).

Ses implications profondes

Il est important de réaliser cependant que dans certaines circonstances nous pouvons réellement être ébranlés très très profondément. Dans ces situations, des symptômes dépressifs, anxieux et très souffrants peuvent apparaître. Si rien n’est insurmontable, il est important d’aller chercher de l’aide. Surtout devant ces situations ou un mal-être persiste, grandit et commence à nous empêcher de fonctionner ou à nous faire sérieusement peur.

Poser les bons mots (m.o.t.s.) aux bons maux  (m.a.u.x) peut permettre de discerner davantage ce dont j’ai besoin et tirer la sonnette d’alarme dans certaines situations lorsque c’est nécessaire.

Levinson (1978a) définit le concept de transition comme «un pont», une «zone frontalière entre deux états de plus grande stabilité». Dans une toute autre mesure, la crise rapporte plutôt à «une brisure de l’équilibre psychologique» qui ne fait que s’accroître et devient «de plus en plus insupportable».

 

 

10 rendez-vous pour prendre soin de son couple

C’est le pari du coffret de communication 1 temps pour 2®

Quand mon couple ou ma vie sont secoués

Une crise secoue mon couple ou ma vie. J’ai l’impression de vivre un échec. D’être faible parce que je n’ai pas réussi à l’éviter. Pire encore, d’être faible parce que je reste au sein d’un couple et d’une relation blessée et que le regard ou les mots des autres pèsent sur moi. «Pourquoi restes-tu avec lui ?», «Moi, je ne supporterais pas qu’on me fasse ça !». « Tiens coûte que coûte, ça passera. »

Les crises au sein d’un couple peuvent être des passages extrêmement douloureux autant pour les deux membres du couple eux-mêmes que pour les proches autour.

Depuis des semaines nous nous évitons, nous nous fuyons, plus ou moins subtilement. Des rendez-vous au travail qui n’en finissent plus de finir, des copines tous les soirs. Ou bien se jeter corps et âme dans le soin des enfants sans prendre un seul moment ensemble… Ou toujours parler des enfants et uniquement d’eux. Se parler, sans jamais se regarder dans les yeux.

Tout cela n’est pas un mal, cependant, il peut être bénéfique d’être attentif.

Les blessures engendrées

Parfois ce n’est pas la fuite, mais ce sont les disputes, les escalades de colère, parfois même la violence. Nous nous retrouvons à nous dire des choses que nous regrettons ou à être blessés par des mots si durs. Vous vous demandez pourquoi l’être avec qui vous partagez votre quotidien vous fait soudain tellement souffrir? Pourquoi je suis si tendue et agressive envers celui ou celle que j’aimais tant (et que j’aime encore, la plupart du temps !).

C’est la porte ouverte à ce que John et Julie Gottman (les spécialistes des couples heureux) appellent les 4 cavaliers de l’Apocalypse.

Le mépris (vous levez les yeux aux ciel quand l’autre parle. « Avec ton gras au ventre tu n’as rien à me dire »). C’est un moyen assez puissant de culpabiliser.

La critique (ce sont tous les messages. « Tu ne penses qu’à toi, tu le fais exprès, tu laisses toujours la salle de bain en bazar après le bain des enfants. Tu n’es jamais à l‘heure, tu ne t’occupes de rien… »)

La contre attaque vient à la suite de la critique (« tu t’es regardé, tu fais pire, et dans ta famille c’est le pompon… »)

et l’évitement (c’est la fuite dont nous parlions, ou la fermeture à la communication !)

Réagir à ces attaques

Dans cette communication si difficile, chacun fait comme il peut. Il devient huître ou bombe simplement pour se protéger.

Et lorsque cela dure, l’envie de partir nous traverse l’esprit. Et ensuite s’installe le doute et enfin l’impression de s’être trompé. Ces pensées nous font nous éloigner de plus en plus, nous déconnectent tranquillement.

Chaque anicroche, bien normale dans une vie de couple, vient confirmer ces pensées ! Cette déconnexion qui arrive doucement est dangereuse pour le couple ! Car elle ferme petit à petit les portes à la relation. Ce « Je t’aime, mais…» fait s’éloigner les 2 membres du couple comme deux navires qui se perdent de vue.

C’est à ce moment que nous pouvons choisir de tenter de nous amarrer de nouveau, de nous ancrer de nouveau et plus loin de naviguer ensemble. Même dans certaines houles ardues ou des vagues énormes de tempête !

Que faire quand la crise de couple est là ?

« Puis la crise s’invite… et la véritable aventure commence ». C’est le nom de l’un des chapitres de Les clés de l’intelligence amoureuses par Florentine d’Aulnois-Wang, thérapeute de couple.

Ce titre est très puissant, car il renverse soudainement la perspective que nous pouvons parfois avoir de la crise (ou des crises !) de couple que nous pouvons vivre.

Qui dit crise ne dit pas fin. Les passages escarpés dans la relation intime ne sont pas toujours le signe d’un échec, d’un mauvais choix, d’un besoin de changer de relation. Et pourquoi pas le voir comme un tremplin qui propulse vers une maturité plus grande. Une route vers une maturité personnelle, mais aussi relationnelle.

Car apprendre à connaître l’autre et l’accueillir comme il est, est un choix et un travail, comme un «muscle qui se muscle». «Ils se marièrent et vécurent beaucoup de crises», ajoute-elle. Même si ce n’est pas facile, cela peut devenir une richesse.

Crise mais pas fin

Ainsi, la crise n’est pas nécessairement signe que c’est la « fin » comme nous pourrions parfois le penser. Ce n’est pas nécessairement parce que mon couple traverse une crise que je dois tout quitter, que c’est la fin de notre monde. Il s’agit peut-être plutôt d’une transition d’un état à un autre, d’une version de nous-même à une autre.

Comme le serpent change de peau, fait peau neuve. Nous aussi nous sommes habités par des cycles, liés à des évènements se passant à l’extérieur de nous. Comme la perte d’un ami, un nouveau déménagement, un nouveau travail, une nouvelle étape dans notre couple, notre parentalité, notre grand-parentalité. Ou encore le départ des enfants, une maternité, la retraite. (Ce sont d’ailleurs les sujets de nos coffrets 1 temps pour…) Cela peut aussi se passer à l’intérieur de nous (questions existentielles, émotions, histoire, blessures qui ressurgissent). Finalement, notre relation est un véritable « laboratoire », de nos changements.

La force du temps en cas de crise de couple

 

Combien de temps dure une crise ? Ou plutôt combien de temps dois-je attendre avant d’aller chercher de l’aide, de m’entourer, d’être attentif aux signaux d’alarme qui me disent de prendre un peu de recul et de calme pour laisser les évènements et les émotions se manifester ?

Combien de temps dois-je attendre l’autre s’il ne semble pas vouloir collaborer ? Il n’y a pas de réponse toute tracée à ces questions…

Deux lumières peuvent donner un sens à ce « temps qui passe ».

Le temps

La première, c’est que certaines choses ont besoin de temps pour pousser, pour passer. Il n’y a pas de secret, « le seul remède c’est le temps », slame Orelsan.

Oui, le temps apaise beaucoup de choses. Il permet de rendre les brûlures moins vives, les émotions moins intenses et petit à petit de poser un autre regard ou un regard plus large sur des évènements passés.

L’autre a besoin de temps aussi

La  deuxième lumière est que l’autre aussi à besoin de temps. Et parfois, souvent, pas le même temps que moi… C’est probablement le plus difficile à gérer !

La synchronicité dans le rythme est un grand défi. #85 Je m’ouvre à la synchronicité. Mais la fleur ne pousse pas plus vite lorsqu’on tire dessus. La nature nous enseigne bien cette sagesse…

Nous regardons les saisons. Nous admirons le temps nécessaire dont la nature a besoin à chaque printemps, où tout ce qui était mort renait, presque par miracle se dit-on parfois. (C’est d’autant plus fort dans des pays comme le Canada, où l’hiver tout est blanc, couvert de neige et « mort de froid »).

Nous pourrions dire que le cœur humain a sans doute lui aussi besoin de ses saisons pour retrouver sa stabilité, un nouvel élan, un nouvel ancrage. Ce n’est pas toujours simple, cependant c’est si beau.

 

Faut-il tout se dire en cas de crise de couple

 

Se pardonner. Oui, mais comment ? Faut-il tout se dire pour se comprendre ? Pour traverser les étapes houleuses ?… #15 Je pardonne

Nommer les choses, mettre des mots peut être d’une aide précieuse, voire une nécessité pour éviter que la pression monte sous la cocotte minute… Cela permet parfois de désamorcer ce qui nous tend, se comprendre d’abord soi et savoir utiliser les bons mots.

Toutefois, tout dire à l’autre n’est pas nécessairement la meilleure solution. Il peut être intéressant de trouver quelqu’un ayant un regard extérieur et pouvant nous aider nous-mêmes à prendre du recul, à trouver les bons mots.

Par exemple, je traverse une période très compliquée avec mon amoureux. Certes j’aurai besoin d’en parler à mes copines. Mais peut-être qu’à un certain moment il peut être plus utile et ajusté d’aller consulter une conseillère conjugale, une sexologue, un psychologue, une personne en relation d’aide, ou simplement quelqu’un en qui j’ai confiance. Mais avec qui j’ai un lien moins proximal pour me donner la liberté et l’espace de vivre mes émotions sans culpabilité. De dire des choses qui me pèsent sans peur que cela n’influence ma relation avec ces personnes. J’emploie souvent l’image de la pelote.

 

Prendre le risque d’une crise de couple

Oui, la crise fait peur et a quelque chose du passage escarpé, du risque. On peut très bien se « casser la gueule » si le pied glisse, si nous ne sommes pas vigilants et que nous restons seuls dans les difficultés.

Mais c’est aussi une étape qui nous permet de grandir, qui nous oblige à maturer, à prendre soin de nous et à nous écouter. C’est une étape qui permet davantage de connaître son conjoint. Et surtout une étape de confrontation à moi-même, à mes peurs. Elle donne aussi le souffle (et la joie !) d’être moi-même profondément et d’être là celle que je suis, une fois que la tempête s’apaise, que la mer redevient belle et calme.

Et souvent après une crise surmontée, il y a moins de vagues et de houle. Décidément, une crise bien gérée est un bon moyen de voir bien plus loin et plus largement.

Comment regarder le mot crise de couple

En bref si je résume:

J’ai compris que :

  1. Regarder le mot crise positivement est un bon moyen de connaître ses limites et celles des autres.
  2. Traverser une crise permet de faire grandir la relation.
  3. Je peux défaire les nœuds, prendre du recul, pardonner, prendre du temps et demander du  soutien !

 

À vous de jouer chers auditeurs :

Cette semaine, je prends deux minutes pour me demander comment je me sens en ce moment. Stable? En transition? Incertaine? Je prends le temps de le noter et de prendre un pas de recul en m’offrant un temps dans un lieu ou une activité qui me reconnecte à moi-même et éventuellement qui me reconnecte aux autres (selon le besoin).

 

Petite mousse de la semaine :

La petite mousse de la semaine nous vient de Christiane Singer

« Les épreuves ne sont pas […] le signe qu’il faut clore l’aventure, mais souvent, bien au contraire, qu’il devient passionnant de la poursuivre».

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