Ça me chicotte 

J’ai lu que le sourire mobilisait 15 muscles alors que faire la tête en sollicite 40. Ça m’interpelle…

Mais en fait tous les sourires se valent-t-ils ?

Personnellement, certains m’énervent comme ceux pleins de compassion. Vous voyez, celui de la voisine qui me sourit quand mon fils fait une énorme colère dans la rue. Ou le sourire narquois de celui qui m’observe en train de rater mon créneau !

D’autres  me font un bien fou, celui de mon enfant ou de mon conjoint quand je rentre le soir ! Alors ça me chicotte, quels messages envoie-t-on vraiment à nos interlocuteurs avec nos sourires ?

Constat sur le sourire

« C’est une vraie bulle de bonheur ! Pour soi, pour les autres, pour la vie !  » Cette phrase est dite par Philippe Gabilliet, professeur de psychologie sociale. Il est conférencier et porte-parole de La Ligue des optimistes de France. Nous en avions parlé dans notre 45e podcast “je saisis la chance” (Bulle de Bonheur #45).

Il décrit un monde positif, c’est-à-dire un monde fait d’optimisme, de confiance, de joie, de courage, d’espoir et de sourire. Ceci par opposition à un monde pessimiste où dominent l’anxiété, la tristesse, la faiblesse, l’impuissance, les larmes. Pour le professeur, « l’optimisme, c’est mettre, quand on le peut, la vie sous tension souriante”.

Histoire et culture

Les anthropologues et les ethnologues affirment que le sourire est une langue universelle. Au vu des connaissances actuelles, il n’existe pas en effet de sociétés où le sourire est absent des interactions sociales. Et tant qu’il est authentique, il est généralement perçu comme un signe positif.

Est-ce qu’il est pour autant toujours perçu comme cela ? Non. Il peut arriver qu’il soit connoté négativement par une société.

Ainsi, en France, au XIXe siècle, le sourire est considéré comme une marque de faiblesse. Tous les portraits présentent donc des visages marqués par le sérieux. C’est un signe de faiblesse de caractère mais aussi de faiblesse morale. Finalement, seuls les imbéciles sourient.

Aujourd’hui, le sourire est donc bien plus qu’une expression, il a une signification. Il envoie un message : un message à soi mais aussi aux autres.

Tous les sourires se valent-ils ?

Non, vous l’imaginez bien ! Sourire d’ange, diabolique, forcé, narquois. Ou encore sourire timide, poli, franc, lumineux… Les façons de le qualifier sont nombreuses.

Ainsi,  à un enterrement, vous aurez plutôt tendance à sourire aux personnes éprouvées par la perte plutôt que de fondre en larme en tombant dans leurs bras. Car vous savez intuitivement que votre douleur est moins intense que la leur.

C’est le sourire compatissant. Vous envoyez le message que vous êtes là, que vous comprenez la personne.

Les différentes fonctions du sourire

Il a d’abord une origine génétique. Ainsi, les bébés sourient dès les premières semaines. Ce sont des sourires dits réflexes, suscités par un ressenti de bien-être.

Après quelques semaines, le bébé comprend que celui-ci a une autre fonction, notamment celle de rentrer en relation. C’est ce que nous appelons la fonction sociale du sourire, qui sert essentiellement à l’attraction, à la connexion et à la création de liens.

Enfin, il peut manifester un choix de vie : je décide de sourire à la vie. Cela ne signifie en rien que ma vie est parfaite ou que je fais comme s’il n’y avait pas de problème. Mais plutôt que je réagis à ce qui m’est donné de positif.

Reflet d’émotions agréables

Ces différences nous renvoient à la question du sourire authentique évoqué plus haut.

Il est celui qui reflète nos émotions agréables, et notamment celle de la joie. Il est aussi appelé le sourire de Duchenne, du nom du médecin neurologue du XIXème siècle, Guillaume Duchenne. Par ses expériences, il a décrit et détaillé la façon dont les sourires faux se différencient de ceux authentiques.

Contrairement au sourire forcé qui ne mobilise que notre bouche, le vrai mobilise aussi nos yeux et souvent les joues (voire les fossettes pour certains). Duchenne démontre que la différence s’imprime dans le regard, qui révèle l’authenticité émotionnelle.

Ce signe est absent dans le faux sourire, qui se déclenche non pas sous l’effet d’une émotion, mais par la volonté d’accomplir un but précis. Séduire, convaincre, attirer, tromper, dissimuler, etc.

Paul Ekman, psychologue dont nous vous avons déjà parlé à propos des émotions (Bulle de Bonheur #5) a permis d’en identifier 18 types.

Selon lui, si la majorité d’entre eux est le fruit de notre intention, seul “le sourire de Duchenne est le reflet des émotions de l’âme”. Il s’exprime certes avec la bouche mais aussi avec le regard. Car c’est là que se reflète “le bonheur, le bien-être ou la complicité la plus authentique”.

Donc finalement, même masqué, sourire peut se voir ! Il est même courant de dire qu’un sourire peut s’entendre (lors d’une conversation au téléphone par exemple).

Les occasions de sourire 

Aujourd’hui, force est de constater que notre environnement peut être peu propice à sourire. Les journaux, les nouvelles télévisées, les réseaux sociaux créent une atmosphère anxiogène où la joie de vivre est peu présente. L’anxiété générée par la pandémie n’arrange en plus pas les choses.

Le contexte a donc un rôle important. N’ai-je pas plus de mal à montrer de la joie quand il pleut ou que le ciel est gris ? Quand j’ai des relations familiales, amicales ou professionnelles compliquées ? Ai-je le sentiment que le sourire me vient plus facilement quand je peux anticiper des sorties, des rencontres ?

Philippe Galibet montre comme il est facile de vivre en mode d’absence, le “no sourire”. Dans ce mode, “on montre ce qui ne va pas, on insiste sur le pire et on met le doute sur le pouvoir de l’action”. C’est-à-dire qu’on se ferme aux possibilités de changement.

Mais finalement, comme pour le bonheur, si l’environnement a une influence (10% seulement pour le bonheur), il ne peut pas être considéré comme la cause principale d’un mode “no sourire”. Alors, à nous de jouer : continuons à être acteur de notre bonheur et de notre vie (Bulle de Bonheur # 55 ) !

 

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Changement de regard 

Alors, si je décidais de vivre en “mode sourire” ? 

Philippe Gabilliet propose de faire le pari de sourire. Au monde, aux autres, à soi-même. C’est finalement alimenter la fonction qui manifeste un choix de vie : je décide de sourire à la vie

Pourquoi ?

D’abord parce que les études sont unanimes à ce sujet, cela libère de la sérotonine et des endorphines, les hormones du bien-être. Cela booste l’humeur, car notre cerveau fait un lien entre le sourire et la bonne humeur.

Et puis savez-vous qu’il fait aussi paraître plus jeune ? (une expérience faite avec des photos de personnes souriantes et de personnes sérieuses a montré que l’âge attribué aux personnes souriantes était systématiquement en dessous de la réalité).

Il permet également d’afficher sa bienveillance et de créer du lien.

Donc cela est utile d’abord pour nous-même.

Ensuite, parce que vivre en “mode sourire” est utile aux autres. D’abord grâce à la fonction sociale qu’il remplit : rentrer en lien, rassurer, partager, montrer un signe de reconnaissance, de bien-être…  Sourire à mon enfant qui se réveille pour lui montrer que je suis heureux de le voir et pour qu’il se sente accueilli. dire bonjour avec un grand sourire à mes collègues de réunion alors même que la réunion s’annonce difficile (le sujet de la réunion peut-être anxiogène, mais au nom de quoi les participants devraient l’être également ?) Sourire à mon conjoint quand nous nous retrouvons le soir, ou bien encore à un commerçant qui me tend mon paquet.

La relation à l’autre

Le sourire change totalement la relation à l’autre, il permet de relativiser une situation et ainsi éviter d’en faire un sujet anxiogène.

Rappelez vous, votre visage traduit votre état d’esprit. Il suffit pour cela de penser à l’équipage d’un avion. Le sourire des hôtesses et stewards, leur voix posée, le calme du commandant de bord quand il annonce des turbulences. Tout cela ne montre en aucun cas de la désinvolture ou du mensonge, mais de la maîtrise et du professionnalisme.

Cela veut dire : ne vous inquiétez pas, on est là et on assure, on est en sécurité.

Sourire, en particulier face aux difficultés, c’est se préparer et préparer les autres à agir. C’est affirmer sa confiance, a priori dans les forces de chacun et dans la capacité de tous à créer du positif. C’est donc faire acte d’espoir et d’optimisme.

sourire

En pratique 

Le sourire pour contaminer les autres 

Comme le bâillement, il est contagieux. Plus vous sourirez, plus les autres vont vous imiter. Comme nous l’évoquions, vous pouvez tenter l’expérience dès le matin au réveil !

Souriez à la première personne que vous verrez, votre conjoint, ou vos enfants. Un bon moyen de sortir d’une routine souvent un petit peu morose.Avec un peu de pratique, l’ambiance générale du matin va changer.

Certains exercices pour booster l’estime de soi préconisent même de sourire à soi-même : regardez-vous dans le miroir et souriez-vous, vous méritez vous aussi de vous faire du bien !

Vous pouvez aussi vous attaquer à la sphère autre que personnelle. Souriez au chauffeur de bus, au passant que vous croisez dans la rue, au vendeur à qui vous achetez quelque chose. Et au travail, adoptez le réflexe d’aborder les personnes avec un sourire, y compris avec ce(tte) collègue qui vous tape sur les nerfs ?!

L’impact

Certes, sourire en permanence n’est pas simple, mais tout est question de point de repère et de progression. Pour vous, comme pour les personnes que vous côtoyez, si vous souriez 10% de plus chaque jour, cela aura un impact.

En fait, cela ne peut pas vous nuire. Pour Shawn Achor, auteur américain, figure majeure de la psychologie positive et auteur du best seller « The Happiness Advantage », plus vous gardez un niveau d’optimisme élevé, plus vous avez de chances de réussir. Or, souvenez-vous que le sourire appartient au monde des optimistes ! Shawn Actor prétend ainsi que “seul 25% du succès des vendeurs est lié à leurs compétences techniques. Les 75% restants dépendent de leur optimisme, de leur confiance en eux et de leur capacité à entrer en connexion avec les autres”. Sourire est donc un outil puissant !

Se forcer à sourire ?

Allez fais-moi un sourire ! A un enfant triste ou à un ami qui a le moral dans les chaussettes, il n’est pas rare que nous tentions de lui remettre du baume au cœur en l’incitant à sourire.

Et bien, il semblerait que ce conseil soit loin d’être une si mauvaise idée. C’est du moins ce que vient de démontrer une étude très récente menée par des psychologues de l‘université du Kansas aux Etats-Unis.

Vous allez me dire que c’est un peu contradictoire avec ce que nous avons dit du sourire de Duchenne ! Et pourtant, l’étude montre que se forcer à sourire pourrait dans certaines circonstances réduire le stress et aider à se sentir mieux tout comme peut le faire un vrai.

Cela renforce d’autres études réalisées sur le sourire forcé. Par exemple, dans une étude publiée dans le Journal of Pain en 2008, il est montré que les patients qui se forcent à sourire durant une opération douloureuse ressentent moins la douleur que les autres.

Une autre étude menée par un chercheur de l’Université de Groningen prouve que les sujets dont l’expression faciale est contrainte au sourire (par l’utilisation du stylo tenu par les dents) sont moins affectés lorsqu’ils sont soumis à des images stressantes.

Le sourire n’est certes pas authentique, mais il sert une bonne intention, celle de nous faire du bien (versus le sourire qui sert à dissimuler ou à charmer une personne dans l’intention de l’utiliser).

Allez hop, je me lance !

Si je résume

1- Le sourire diminue le niveau de stress et libère de la dopamine.

2- Il pousse à aller vers les autres et donne envie aux autres de venir vers nous .

3- Il est contagieux, tout le monde rentre dans un cercle vertueux.

A vous de jouer chers auditeurs, 2mn pour trouver une situation pour vous mettre en “mode sourire” ! Essayez et recommencez !

Comme le dit Philippe Gabilliet sourire est une “vraie énergie renouvelable” ! Elle augmente au fur et à mesure qu’on la partage, alors voilà une raison supplémentaire de sourire !

Comme faire la tête sollicite beaucoup plus de muscles que sourire, La petite mousse de la semaine revient à Christophe André, qui nous dit avec humour,  « reposez-vous, souriez !”.

Avec Bulle de Bonheur, prenez le temps d’être heureux

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