Désir d’être aimé, désir d’apprendre, d’être reconnu, de devenir, désir de rencontrer telle personne, désir de trouver l’amour, désir d’avoir des enfants. Ressentir du désir envers quelqu’un d’autre que mon mari ou ma femme m’arrive parfois. Tous les jours de ma vie, je ressens toutes sortes de désirs. Dans mon corps, dans mon cœur, dans ma tête, dans mes sens et dans mes tripes. Il m’arrive de me sentir submergée par ce désir. D’autres fois, je n’ai envie de rien, le désir se fait petit. Où est-il donc passé? Et là, ça me chicote, je me demande pourquoi ces désirs m’habitent et ce à quoi ils servent.

Qu’est-ce que le désir ?

Longtemps malmené et associé à un mauvais versant de l’humain, le désir est, bien au contraire, un moteur puissant. Il donne à l’humain la possibilité de se déployer, de se définir, de se motiver.

Le Larousse nous dit : « Action de désirer, d’aspirer à avoir, à obtenir, à faire quelque chose ; envie, souhait ». Par exemple, j’ai le désir de voir le monde, de voyager. Le désir s’étend à bien des sphères. Du latin Desiderare qui signifie « regretter l’absence de quelqu’un ou quelque chose », ce mot est lui-même dérivé du mot sidus « étoile » ou « astre ». Comme si nos désirs s’apparentaient à ces constellations qui permettaient au marin de se repérer en mer. Le désir, mes désirs, guident ma vie.

Le désir est à la base de la vie

Désirer est le fondement de notre humanité, de nos liens sociaux et même de notre survie. Le désir, bien au-delà d’assurer notre reproduction, est la clé de la protection de notre intégrité relationnelle, psychique et psychologique. Nous désirons nous sentir entouré, sentir que nous appartenons à un groupe. Nous désirons être reconnu dans notre apport à la communauté, à nos amis, à notre famille. Et plus profondément dans une intimité de plus en plus grande avec quelqu’un que nous aimons. Nous désirons aussi profondément être libre d’exercer nos choix, de prendre des décisions, d’être à l’origine de nos actions.

Saviez-vous que le désir sexuel fait partie des mécanismes de socialisation de l’être humain ? Bianchi-Demicheli et al. (2016) parle même d’un « des principaux mécanisme de vie » dans un article scientifique de l’université de Genève intitulé Une perspective sociologique, neurobiologique et psychologique du désir sexuel.

Des désirs en lien avec 3 besoins fondamentaux

Nous avions vu dans le podcast #167 J’apprécie le plaisir qu’un besoin physiologique de base est un désir qui, une fois comblé, engendre un plaisir, une satisfaction nécessaire à la survie. Sans ces désirs et ces plaisirs, nous ne pourrions pas fonctionner biologiquement. C’est la même chose avec nos besoins psychologiques profonds. En ce sens, il ne s’agit pas simplement d’un désir situationnel. Comme désirer ou plutôt vouloir ce pull ou cet accessoire de vélo. Si je désire être davantage reconnu dans mon travail ou que je ne trouve pas écho à mes forces personnels, je ressentirai certainement des émotions désagréables. Comme la tristesse, l’envie d’abandonner, un manque de motivation à aller au travail ou à faire un travail adéquat.

Récompense et frustration

Le désir est le voilier sur lequel embarque le plaisir. Parce que nous ressentons du plaisir, cela éveillera notre désir et nous donnera envie de recommencer. Ce sont ces circuits de récompense qui se tracent et forment le socle de notre motivation.

L’insatisfaction de nos désirs profonds mène souvent à de la frustration qui s’accumule et nous déconnecte de nous-même et des autres. Un cercle vicieux de désillusion dont il faut parfois s’extirper pour redonner un peu d’espace à ces désirs profonds à l’intérieur de nous qui ne demandent qu’à être entendus.

Les besoins psychologiques fondamentaux

Trois besoins psychologiques fondamentaux identifié par Sheldon et al. (2001) et Deci et Ryan (2000) ont un lien direct avec nos désirs profonds.

L’autonomie

Par exemple, j’ai choisi d’être biologiste ou kiné ou médecin ou comptable, car je me sentais ultra en phase avec moi-même dans cette profession. Je peux en effet avoir un impact sur mon environnement. Ou bien je ne suis pas devenue institutrice parce qu’on m’a forcée à le faire. Je décide de ce que je fais dans mes temps libres, de l’endroit où je veux habiter.

La compétence

Sentir que nous interagissons de manière efficace avec l’environnement autour de nous, que les « choses coulent ». Et que notre personne porte des fruits dans ce que nous apportons à la société ou à nos proches. Et cela nous est vital. Il ne s’agit pas du tout d’être le meilleur ou de performer sans arrêt, mais de sentir que nous sommes sur « notre X », au bon endroit, utile.

L’appartenance

Se sentir connecté, en interaction avec les autres est un besoin psychologique vital. Par exemple, j’appartiens à ma famille, à mon groupe d’amis, à mon pays, à mon ordre professionnel, à ceux et celle qui partagent une passion pour l’art, le voyage, la nature.

Faut-il satisfaire tous ses désirs ?

Mais alors… Est-ce que tout ce que nous voulons est un désir à combler ? Si un homme croise dans la rue une jolie fille qui lui donne du désir, est-ce pour ça qu’il va l’aborder pour avoir une relation sexuelle avec elle alors qu’il a juré fidélité à sa compagne ? Non. L’envie d’aller voir ailleurs arrive à tous et n’est pas de la dernière pluie. Le désir en lui-même est là et c’est ok. C’est ce que je vais en faire qui pourra ou non me faire grandir. Dans le cas de notre exemple, c’est simplement que cet homme trouve cette fille belle et désirable. Et c’est tout.

Moments de doute

En revanche, s’il se sent malheureux au sein de sa relation amoureuse et de sa sexualité, qu’il se pose des questions sur sa relation, le débat est différent. Ce désir peut venir d’un manque fort qui a envie d’être reconnu et assouvi et qui pourrait bien le pousser vers un adultère.

Le désir a besoin aussi d’efforts, d’implications et de ressources pour s’aider, aider le couple à continuer de nourrir ses choix et ses engagements Podcast #154 Je m’engage pour le mieux.

Différence entre fantasmes et désirs

Selon Crépeau (1981), le fantasme érotique est un scénario imaginaire qui se présente sous diverses formes, conscient ou non, c’est à dire que cela vient à l’esprit spontanément ou volontairement lorsqu’on se met à penser. Le fantasme a plusieurs fonctions (Barkers, 2014), dont celui d’accentuer le désir sexuel et par le fait même le plaisir et compenser une réalité dans laquelle nous sommes plus ou moins satisfait.

MAIS saviez-vous que le propre du fantasme est qu’il n’est pas réalisé. Ainsi, si les fantasmes peuvent être au service du désir sexuel, ils peuvent nous jouer des tours si nous les prenons pour des désirs profonds.

Art et volupté

L’un des meilleurs moyens de cultiver le désir et la sensualité dans son couple, c’est l’art ou la littérature ! Qui n’a jamais été ému et sensuellement charmé par le Baiser de Rodin ou ces mains qui s’enlacent. L’intimité et la connexion sont quant à elles les lieux les plus beaux où peuvent naître et fleurir nos désirs les plus profonds. Même si cela demande parfois un peu de jardinage et de désherbage.

Faire tomber les clichés sur le désir

Bien sûr, le désir dans le couple fait partie de la sexualité ! Cependant, soyons alertés par l’image malheureusement véhiculée par l’industrie de la pornographie où il devient difficile de séparer désir et sexualité. La pression que nous nous mettons à « performer » en sexualité est un piège immense. Avoir des envies sexuelles et incessantes n’est pas réaliste. Dans la sphère sexuelle, tout nous dicte que nous devons avoir envie, que le désir sexuel est la clé d’une sexualité réussie. En ce sens, se sentir frustré dans son désir sexuel serait grave, ne plus avoir envie de faire l’amour serait vu comme un manque d’amour ou un abandon.

Le désir, tout comme nous l’avions découvert dans le podcast #167 j’apprécie le plaisir, est loin d’être seulement une histoire de sexualité. Ça va bien au-delà, nous sommes des êtres aussi remplis, façonnés et propulsés par nos désirs profonds. C’est vers une intimité qu’il est beau de voir tendre notre désir… et de le nourrir ! La sexualité comme une fête et la relation sexuelle comme une cerise sur le plus beau des gâteaux !

 

Comment garder le désir dans son couple

En plus, certains clichés et mythe sur le désir le dénaturent et ont la dent dure !

Le premier mythe : le désir est spontané. Nous devrions avoir envie comme ça (claquement de doigt), sans aucun élément déclencheur. Comme si nous restions aux débuts de notre relation, quand nos hormones sont à fond et font brûler le feu tout seul. Mais, en fait, le désir vient de l’art de séduire, de se laisser séduire, de la recherche de connexion, de la rencontre, du temps pris ensemble. Nous parlons de relation sexuelle. Le mot relation à bien toute sa place ! Rappelons aussi que les deux personnes du couple n’ont pas toujours envie de faire l’amour exactement en même temps.

Deuxième mythe : avoir du désir sexuel, c’est nécessaire ! Le désir est souvent associé au manque et au mystère. Mais le « désir n’est pas synonyme d’amour et vice-versa ! ». Nous pouvons plutôt « choisir de faire l’amour » pour nourrir notre intimité, que d’attendre que l’envie se présente toute seule à la porte. Car il faut se connecter à nous-même, à l’autre, écouter ce qui se passe en nous et le fait naître ce désir. Mais il est certes bon de se sentir désiré(e) et de désirer de temps à autre. Que ce soit une surprise ou un rendez-vous déjà prévu !

L’absence de désir dans le couple peut-elle être surmontée ?

Toutefois, l’absence de désir sexuel dans le couple peut devenir une grande souffrance. Autant pour celui qui n’a plus de désir sexuel que pour celui qui en a plus que l’autre et se sent frustré ou incompris. Cultiver ce désir dans le couple est comme une danse. Je t’apprivoise, je t’accueille, je cherche le moyen de me connecter à toi dans tous les aspects de ta vie, pas seulement le soir au lit. Il y a ainsi plus d’espace pour être à l’écoute de ce désir enfoui sous une pile de stress, de culpabilité, de conflits, d’urgences, de croyances, de pressions externes et de performance. Au besoin, nous pouvons nous faire aider dans tout cela.

La baisse de la libido chez la femme peut être provoquée par un bouleversement hormonal notamment après une naissance ou au moment de la ménopause ou lors d’un traitement hormonal.

Une bonne idée quand le désir se fait absent, bousculez l’envie de vous retrouver à 2, mettez de la fantaisie dans votre quotidien pour faire renaitre de la complicité, augmentez les gestes de tendresse. Ayez l’envie d’avoir envie. Et pensez à piochez une carte de 2 minutes de bonheur en couple !

Comment gérer les différences de désir dans le couple ?

Le désir dans le couple est vivant. Il est beau et bon de le laisser vivre sans qu’il ne prenne ni trop de place ni pas assez. C’est tout un travail.

C’est d’autant plus vrai dans des périodes de nos vies où nous sommes particulièrement vulnérables et sous les marées de beaucoup de vagues de désirs sexuels, d’hormones, d’émotions. À l’adolescence par exemple, il n’est pas rare que le/la jeune se sentent envahi(e), voire encombré(e) par son désir sexuel ou même ses désirs profonds. La masturbation fait souvent partie de la découverte de la sexualité et nous fait prendre conscience que nous sommes des êtres sexués, des êtres de désirs. Il ne sert à rien de refouler ses désirs et de se « bloquer ». Il s’agit plutôt d’apprendre à les accueillir, à exercer de l’autorégulation sur ceux-ci. Et savoir les articuler dans le bon contexte et dans des relations ou activités qui au long terme nous permettent de grandir, d’entrer davantage en relation avec les autres. Ainsi va se développer notre capacité à être en intimité, connecté, avec quelqu’un. De prendre le temps de se respecter et de respecter l’autre !

Envie d’un moment d’échange et de complicité à 2 ?

Le jeu de couple 2 minutes de bonheur® en couple est fait pour vous !

Le désir

Le désir

  1. Est à la base de notre existence humaine et va de paire avec le plaisir.
  2. Il offre une connexion de l’autre à soi, surtout si nous nous libérons des mythes tenaces.
  3. Il est différent des envies.

À vous de jouer chers auditeurs :

Cette semaine, je prends deux minutes pour nommer un désir profond qui m’habite. Je prends le temps de me rendre compte du chemin parcouru pour y répondre et je trouve un ou deux gestes concrets à poser qui le nourrissent.

La petite mousse de la semaine :

“Le désir de l’Homme trouve son sens dans le désir de l’autre.” Jacques Lacan

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