Le nunchi, c’est l’art coréen de sentir l’ambiance et de lire entre les lignes pour mieux se connecter aux autres. En cultivant votre nunchi, vous évitez les gaffes, vous ajustez vos réactions et vous rendez vos relations plus fluides, harmonieuses… et beaucoup plus joyeuses au quotidien.
Hier, j’ai demandé une augmentation à mon patron mais je suis mal tombée : il semblait être de mauvaise humeur et m’a envoyée balader. Ce n’était pas ma journée ! Quelques minutes avant, j’avais fait une blague en arrivant à la cafétéria. Je n’avais pas vu que l’une de mes collègues était déprimée. Elle s’était violemment disputée avec son mari le matin même et elle était en train de se confier à d’autres membres de son équipe. Personne n’avait envie de rire et ma blague est tombée à plat…
Vraiment, je n’ai pas de chance ! Ou alors est-ce que je m’y prends mal ? Comment aurais-je pu savoir que mon patron était mal disposé et ma collègue déprimée ?
Le nunchi : une habileté essentielle en Corée
Eh bien les Coréens semblent avoir une réponse qui tient en six lettres : le nunchi. Vous n’en avez peut-être jamais entendu parler ? Pourtant, en Corée, cette habileté essentielle s’apprend dès le plus jeune âge, comme l’explique la journaliste et auteure américano-coréenne Euny Hong dans son livre Le pouvoir du nunchi : le secret coréen pour doper son intelligence émotionnelle. (lien affilié Amazon)
Une éducation dès le plus jeune âge
Dès trois ans, les petits Coréens connaissent déjà le concept du nunchi, qui s’apprend souvent par la négative, explique Euny Hong. Si par exemple tout le monde se tient sur le côté droit d’un escalator et qu’un enfant se met à gauche, ses parents vont lui dire : est-ce que tu n’as pas de nunchi ? Dans ce contexte, il ne s’agit pas d’apprendre à l’enfant la politesse, mais d’être connecté à son environnement.
Si un enfant dit des mots blessants à une autre personne, ses parents vont lui faire comprendre qu’il a mal agi même s’il n’avait pas l’intention de faire du mal à cette personne. Selon les Coréens, le fait de ne pas avoir perçu que ces paroles étaient inappropriées et même blessantes, est une faute en soi.
Une clé du succès collectif et économique
En Corée du Sud, on attribue même en partie le succès financier et économique du pays aujourd’hui au nunchi, raconte Euny Hong. Le miracle économique coréen serait notamment dû à la capacité des Coréens de mesurer rapidement l’évolution des besoins des autres pays. Et ainsi de fabriquer à la même vitesse des produits d’exportation qui s’adaptent en permanence à ces changements.
Au fond, le nunchi, c’est quoi exactement ?
C’est très simple. Comme l’explique Euny Hong, le nunchi est l’art de comprendre instantanément ce que les gens autour de nous sont en train de penser et de ressentir. Cette forme d’intelligence émotionnelle est considérée en Corée comme essentielle pour naviguer dans les interactions sociales. Tant sur le plan professionnel que personnel.
Avoir un bon nunchi – et ce qui est tout aussi important, un nunchi rapide – signifie que l’on est capable d’ajuster en permanence nos suppositions. Et ce, sur la base d’un mot, d’un geste ou d’une expression du visage des gens qui nous entourent. Ce qui demande d’être constamment présent et attentif.
Cette habileté coréenne, qui date du dix-septième siècle, est souvent traduite par “mesurer avec les yeux”. Pour améliorer mon nunchi, je parle moins, j’écoute davantage. J’observe attentivement les autres et mon environnement pour comprendre les émotions et les intentions non exprimées. Tout cela me permet d’ajuster mon comportement en conséquence. Je peux ainsi gagner en confiance, en rondeur et en harmonie dans mes rapports aux autres.
Lorsque je suis embarrassée parce que je fais une gaffe, que l’une de mes interventions tombe à plat ou que ne n’obtiens pas ce que je demande, ce n’est pas nécessairement la faute à pas de chance. Cela peut être parce que je m’y prends mal, selon cette forme coréenne d’intelligence émotionnelle. J’ai juste manqué de nunchi.
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Observer avant d’agir : l’importance de l’énergie de la pièce
Pour arriver à pratiquer mon nunchi au quotidien, Euny Hong explique que je dois changer de perspective en comprenant que l’unité du nunchi est la pièce dans laquelle je me trouve. Avant de parler ou d’agir, l’observation est une étape essentielle. Je ne dois pas observer chaque individu isolément mais comment tous les individus de la pièce se comportent et réagissent entre eux. Je dois chercher à répondre à ces deux questions : quelle est l’énergie émotionnelle de cette pièce et quel type d’énergie émotionnelle puis-je émettre afin de surfer sur cette énergie ?
Alors comment ça marche ? Avant de parler ou d’agir, l’observation va me permettre de capter des signaux subtils, souvent non verbaux, comme une posture, un ton de voix ou des regards. Cette attention silencieuse va m’aider à absorber l’atmosphère du lieu. Certains indices peuvent me faire sentir l’énergie émotionnelle de la pièce comme des rires, un silence lourd, une agitation ou au contraire une grande détente.
Cette première phase va me permettre ensuite de m’ajuster à cette énergie pour m’harmoniser avec le groupe et faciliter une communication harmonieuse, en m’abstenant par exemple de lancer une plaisanterie si l’atmosphère ne s’y prête pas ou d’arriver avec une tête de dix pieds de long alors que tout le monde ri dans la pièce !
Comment m’y prendre pour développer mon nunchi ?
Euny Hong nous livre dans son livre quelques conseils pour y parvenir.
D’abord, je fais le vide dans mon esprit. Lorsque je suis face à des situations nouvelles, j’essaye de me défaire de mes idées préconçues pour observer ce qui m’entoure avec discernement. Concrètement, la prochaine fois que je vais entrer dans une pièce où je vais interagir avec d’autres personnes, je vais essayer de prendre du recul en me rappelant que mes préjugés m’empêchent d’apprendre sur les gens qui m’entourent. En gommant ces suppositions de mon esprit, je vais pouvoir observer les autres et la dynamique de la situation de manière neutre.
L’effet observateur du nunchi
Par ailleurs, je dois être consciente de ce qu’Euny Hong appelle “l’effet observateur du nunchi”. Lorsque j’entre dans une pièce, je change cette pièce. Je dois comprendre mon influence sur elle car même si je ne dis pas un mot, ma simple présence a un impact sur mon environnement.
Euny Hong donne un exemple pour expliquer ce principe. Elle raconte qu’un soir, elle est arrivée en retard à un dîner chez une collègue en raison d’une tempête de neige. A peine arrivée, elle a abreuvé les autres invités de commentaires sur la raison de son retard, sans savoir que l’un d’eux venait d’annoncer qu’il avait un cancer. Elle a senti assez nettement que son arrivée avait mis tout le monde mal à l’aise, sans en comprendre la raison.
C’est très typique d’une situation d’absence de nunchi, indique la journaliste qui était tellement gênée par son retard ce soir-là qu’elle était persuadée que celui-ci serait aussi la première préoccupation des autres invités. Elle a voulu se montrer polie en s’expliquant, en réalité, elle s’est révélée indélicate malgré elle.
Cela vous dit quelque chose ? Nous sommes souvent tellement préoccupés par nous-mêmes que nous oublions d’être attentifs aux autres alors que c’est une clé essentielle pour établir des relations harmonieuses !
Malgré son embarras d’être en retard à cette soirée, Enuy Hong aurait dû prendre quelques secondes pour observer certains indices qui lui auraient permis d’éviter cette situation gênante et indélicate. Par exemple, la personne qui lui a ouvert lui avait souhaité la bienvenue d’une voix feutrée et aucun invité ne souriait à son arrivée.
Lire entre les lignes : le langage non verbal
L’auteure du Pouvoir du nunchi poursuit par cet autre conseil : si je viens d’arriver dans la pièce, je me rappelle que tous les autres sont là depuis plus longtemps que moi. Je commence donc toujours par les observer pour recueillir des informations. J’essaye de ne pas avoir peur de rester silencieuse un moment, au contraire. D’ailleurs, les bons négociateurs savent que laisser ses interlocuteurs parler en premier est un atout car ces derniers donnent des indices sur la position à adopter, remarque Euny Hong. Un bon négociateur doit prendre le temps d’être à l’écoute.
Selon Euny Hong, c’est aussi être capable de lire entre les lignes car les gens ne disent pas toujours ce qu’ils pensent, évidemment. Des éléments non verbaux comme des gestes ou des attitudes, peuvent m’aider si je prends la peine d’y faire attention. En les observant discrètement et attentivement, je peux remarquer certains signes précieux comme des sourcils froncés ou un sourire gêné. Si par exemple une personne semble fatiguée ou distante, je peux réagir en lui laissant de l’espace ou en lui parlant plus doucement.
S’ajuster en temps réel pour des interactions plus fluides
Selon la plateforme d’emploi dans la tech Dev Korea, l’environnement professionnel coréen s’appuie souvent sur le nunchi : savoir sentir l’ambiance, comprendre les hiérarchies et détecter les non-dits. Par exemple, lorsqu’un chef d’équipe coréen marque une courte pause après qu’une personne ait suggéré une idée, si cette dernière est dotée d’un bon nunchi elle peut reconnaître l’hésitation et proposer des modifications pour répondre aux préoccupations du chef d’équipe avant même qu’il ne les ait exprimées à haute voix. Lors de rencontres sociales, si quelqu’un domine la conversation ou met les autres mal à l’aise, ses interlocuteurs feront preuve d’un bon nunchi s’ils utilisent un humour subtil ou changent de sujet pour apaiser la situation.
Éviter les maladresses et favoriser l’harmonie
Selon les principes du nunchi, l’important est d’être conscient que causer un dommage involontairement peut être aussi grave que si on l’avait causé intentionnellement. J’essaye donc de créer de la rondeur dans les situations banales comme dans celles plus importantes. « Reprenons un exemple du livre de Euny Hong. Vous êtes invité chez quelqu’un pour un apéro, et cette personne vous dit en début de soirée : « J’aurais aimé que vous restiez pour le dîner, mais je n’ai pas assez d’agneau ». Et vous répondez « oh, ce n’est pas grave, je suis végétarien de toute façon », là, vous vous taper l’incruste !
Même si vous n’avez pas l’intention d’encombrer, votre hôte semble vous dire par cette phrase le fait qu’elle ne souhaite pas vous garder à diner ! Effectivement, votre hôte a probablement inventé une excuse (une quantité insuffisante de viande pour ajouter une assiette supplémentaire) afin de ne pas vous retenir à dîner. En ne comprenant pas ce signal faible et en vous comportant de la sorte, certes vous n’avez pas eu une mauvaise intention cependant, vous avez clairement manqué de nunchi.
Tous ces conseils sont bien sûr valables lorsque je rentre dans une pièce mais aussi tout au long de mon interaction avec les autres car la situation peut changer et je dois être capable de m’adapter. Rappelons-nous : un bon nunchi c’est bien, mais un nunchi rapide est tout aussi important.
Les bénéfices d’un bon nunchi
Améliorer mon nunchi peut me permettre de me sauver de certaines situations embarrassantes socialement. De quoi doper ma confiance en moi #6 et améliorer mon rapport aux autres ! A l’inverse, si je n’ai pas de nunchi ou qu’il est faible, j’aurai des difficultés dans ma communication avec les autres. Mes relations familiales, amicales, occasionnelles et professionnelles risquent d’en pâtir.
Selon Euny Hong, un nunchi bon et rapide peut me permettre par exemple de choisir le bon partenaire dans les affaires ou dans la vie, m’aider à décrocher un emploi ou à être reconnu dans mon travail, à me faire des amis, à me protéger contre les personnes qui me veulent du mal et à réduire mon anxiété sociale.
Un chemin vers plus de bien-être et de succès
Le nunchi peut donc être une clé précieuse de succès et de bonheur. Un bon nunchi peut faire de moi un meilleur parent, partenaire, fils ou fille, collègue, patron ou ami.
Et rappelons-nous : en utilisant mieux nos yeux et nos oreilles au quotidien pour améliorer notre nunchi, nous ajouterons de la rondeur et de l’harmonie à nos relations ! Avec à la clé, plus de bien-être et même peut-être plus de bonheur et de succès.
Si vous avez rendez-vous avec un ou une amie ou dans le cadre d’un entretien de travail, vous pouvez commencer par de petites améliorations de votre nunchi en essayant d’être plus attentif aux signaux subtils de votre interlocuteur tout au long de votre rencontre et en adaptant vos réponses en conséquence.
Vous pouvez également vous entraîner régulièrement à être pleinement présent et attentif à votre environnement. La méditation #122 et la respiration consciente peuvent vous aider à aiguiser votre capacité de concentration et d’observation. En effet, plus vous comprendrez vos propres pensées et émotions, mieux vous comprendrez les autres.
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En bref, si je me résume, un bon nunchi
- permet d’améliorer ses relations avec les autres ;
- implique de parler moins, d’écouter davantage et d’observer discrètement ;
- pousse à ajuster son comportement.
A vous de jouer, chers auditeurs ! La prochaine fois que vous entrez dans une pièce, prenez d’abord un petit pas de recul. Observez la pièce en adoptant un esprit ouvert, regardez et écoutez les autres avant de parler. Allez hop, je teste !
Avec bulle de bonheur prenez le temps d’être heureux
La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur
« Nous avons deux oreilles, mais une seule bouche, pour écouter deux fois plus que nous ne parlons ».
Vos questions les plus fréquentes
Comment savoir si j’ai du nunchi ?
Vous avez du nunchi quand vous sentez l’ambiance d’une pièce sans qu’on vous dise un mot. Si vous captez les petits signes – un sourire forcé, un silence lourd, une énergie tendue – et que vous ajustez votre comportement en conséquence, alors oui, vous pratiquez déjà le nunchi !
Comment puis-je améliorer mon nunchi au quotidien ?
Commencez simple : parlez un peu moins, observez davantage et laissez de l’espace au silence. La prochaine fois que vous entrez dans une pièce, prenez deux secondes pour sentir l’énergie collective avant de vous lancer. Ce petit geste peut changer vos interactions.
En quoi le nunchi peut-il m’aider dans ma vie personnelle et professionnelle ?
Le nunchi rend vos relations plus fluides : il vous évite des maladresses, vous aide à mieux comprendre les autres et crée une atmosphère plus sereine. Dans la vie perso comme au travail, c’est un vrai booster de confiance, d’harmonie… et même de succès !

