Que signifie être une base de sécurité pour ceux qu’on aime ? Comment écouter sans interrompre ? Comment voir au-delà des comportements pour comprendre les besoins cachés ? Ou encore comment nos mots, nos silences et nos gestes peuvent-ils apaiser et renforcer le lien ? À travers les clés de la psychologie de l’attachement, les apports de Bowlby et les enseignements des épisodes précédents, découvrez comment l’écoute, la bienveillance et la stabilité émotionnelle peuvent transformer nos relations en espaces de confiance, de douceur et de croissance mutuelle.
Comment certains couples, amis ou collègues arrivent-ils à créer des relations si apaisées, où chacun se sent libre d’être lui-même, sans peur d’être jugé ?
Parfois, avec certaines personnes, la moindre remarque ou le moindre silence engendre des tensions que j’ai du mal à gérer !
Ça me chicotte…
Comment puis-je devenir cette présence stable et rassurante dont les autres ont besoin ? Cette base de sécurité est-elle un don réservé à quelques-uns ou une compétence que nous pouvons tous cultiver ?
Dans un couple, dans une amitié, au travail ou en famille, nous avons tous besoin de sentir que quelqu’un peut être là pour nous rassurer, nous aider à mettre des mots, nous offrir un refuge émotionnel, et nous encourager à grandir. Quand nous cultivons ces attitudes dans nos liens, nous devenons les uns pour les autres de véritables bases de sécurité. Et c’est souvent à partir de cette sécurité que naissent la confiance, la joie et l’envie d’explorer la vie ensemble.
C’est quoi être une base de sécurité ?
Être une base de sécurité pour quelqu’un, c’est un peu comme être ce port tranquille où l’autre peut venir accoster quand la mer devient agitée. C’est offrir un espace où il peut être lui-même, sans crainte d’être jugé, ni rejeté. Ou bien encore c’est savoir accueillir ses émotions, même quand elles débordent, sans vouloir les corriger tout de suite. Être une base de sécurité, c’est écouter pour comprendre, pas pour répondre.
C’est être présent et pas forcément parfait. Mais encore respecter le rythme et le fonctionnement de l’autre. Comme celui qui réagit au quart de tour versus celui qui a besoin de temps pour répondre. Ou bien encore celui qui, face à une difficulté, a besoin de parler contrairement à celui qui cherche des solutions.
Être une base de sécurité, c’est aussi cela : ne pas imposer mais proposer. Ne pas envahir mais offrir une présence fiable et constante.
Cela demande de la stabilité émotionnelle, un peu d’humilité, de l’écoute et beaucoup de bienveillance. Et c’est un cadeau immense à faire à ceux qu’on aime : celui de pouvoir déposer, respirer, et oser à nouveau le lien.
Voir au-delà du comportement
Distinguer l’intention du comportement, c’est reconnaître qu’une personne peut avoir une bonne intention… tout en adoptant un comportement inadapté.
Autrement dit, derrière une attitude inadaptée, comme une colère excessive, une bouderie ou toute autre attitude où la personne fuit ou casse le lien, il y a souvent un besoin légitime ou une émotion sincère qui cherche simplement à s’exprimer. Parfois bien maladroitement…
L’enjeu, c’est donc d’apprendre à regarder la personne au-delà de son geste. À éviter de la réduire à ce qu’elle fait ou dit, mais regarder ce qu’elle essaie, maladroitement, de dire ou d’obtenir.
Et si nous l’aidions à enrichir “sa carte du monde”, comme dit l’analyse transactionnelle, pour lui offrir d’autres façons d’agir, plus ajustées à ses besoins ?
Eric Berne, le fondateur de l’Analyse Transactionnelle, l’exprimait magnifiquement :
« Dans tout crapaud sommeille un prince ; il est inutile de tuer le crapaud, il suffit de réveiller le prince. »
Alors, plutôt que de nous focaliser sur les défauts ou les maladresses, orientons notre regard vers le potentiel, vers ce qu’il y a de beau et de bon chez l’autre.
C’est souvent là que commence la vraie transformation des relations.
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L’écoute, une hospitalité du cœur
Savez-vous que, selon certaines études, nous écoutons en moyenne… 17 secondes avant d’interrompre notre interlocuteur pour parler de nous ? 17 secondes ! C’est si peu, et pourtant révélateur. Nous avons deux oreilles et une seule bouche… Peut-être faudrait-il se rappeler que cela veut dire écouter deux fois plus que parler ?
L’écoute, c’est la première étape d’une communication constructive. Écouter vraiment, c’est accepter de sortir un instant de soi, de mettre entre parenthèses ses jugements, ses valeurs, ses envies, pour entrer dans l’univers de l’autre. C’est ce que j’appelle une hospitalité intérieure. Laisser de la place en soi pour accueillir ce que l’autre vit, ressent, espère.
Écouter, c’est chercher à comprendre son interlocuteur avec son système de valeurs, ses émotions, ses besoins, ses choix. C’est une forme de curiosité bienveillante, sans chercher à corriger ni à convaincre.
Mais attention : écouter ne veut pas dire approuver. C’est simplement offrir à l’autre un espace où il peut se sentir entendu. Et pour que cette écoute soit réelle, elle a besoin d’attention, de patience. Mais aussi d’une présence entière, à la fois physique et psychique.
Parce qu’au fond, pour comprendre ce que l’autre veut me dire, je n’ai qu’une seule option :
prendre le temps de l’écouter, vraiment. Pour aller plus loin, filez écouter #28 Apprendre à écouter
L’art d’écouter vraiment
Écouter, c’est un risque. Celui de ne pas savoir ce que l’autre va dire. C’est accepter de se laisser toucher, parfois bousculer, par des paroles qui surprennent, qui dérangent même. Écouter, c’est oser se mettre en mouvement intérieur, accepter de ne pas tout maîtriser — comme on en parlait dans l’épisode #49 Je montre ma vulnérabilité.
Dans le couple, on entend souvent : « Tu ne m’écoutes pas… » Derrière cette phrase, il y a une grande souffrance : celle de ne pas se sentir reconnu ni compris. Jacques Salomé l’a très bien exprimé : ce qui abîme le lien, ce n’est pas tant le désaccord que le sentiment d’invisibilité.
Et pourtant, bien souvent, nous croyons écouter. En fait, nous écoutons à travers nos filtres, nos habitudes, nos certitudes. Parfois, nous croyons connaître l’autre par cœur. Ou nous craignons d’entendre ce qu’il a vraiment à dire. Parce que cela viendrait ébranler un équilibre déjà fragile. Alors nous esquivons : « Je la laisse râler, ça va passer. » Ou « Il est stressé en ce moment, dans un mois ça ira mieux. »
Écouter, c’est tout autre chose. C’est plonger, un instant, dans le ressenti de l’autre.
Installer un climat de confiance autour de l’écoute, c’est aussi une question de posture.
Regarder vraiment la personne, poser son téléphone, être présent de tout son corps.
C’est offrir un ton de voix calme, un silence attentif, une respiration commune.
Et puis, dans ces moments suspendus, il se passe souvent quelque chose de magique.
Au-delà des mots, on capte une émotion, une peur, un besoin caché. C’est là toute la beauté de l’écoute. Ce n’est pas seulement entendre, c’est comprendre avec le cœur. J’en parle dans l’épisode #164 Mieux écouter
En quoi une bonne écoute apporte-t-elle de la sécurité ?
Une écoute véritable agit comme un baume apaisant pour celui qui parle.
Quand nous nous sentons réellement écoutés, sans être jugés, interrompus ou corrigés, quelque chose en nous se dépose. Le corps se détend, la respiration s’apaise, le mental se calme.
Pourquoi ? Parce qu’une bonne écoute réactive notre système d’attachement sécure.
Elle envoie un message profond à notre cerveau : « Tu peux être toi-même ici, tu es en sécurité. »
C’est ce que John Bowlby décrivait comme une base de sécurité : ce lieu relationnel où l’on peut explorer, se tromper, exprimer, sans craindre le rejet.
Se sentir reconnu, un bienfait physique !
Quand quelqu’un nous écoute avec une vraie présence : un regard attentif, un silence qui accueille, une voix bienveillante, nous ne nous sentons plus seuls avec nos émotions.
Nous nous sentons reconnus, valides, importants.
Et dans cette reconnaissance, notre système nerveux se régule :
– L’amygdale (le centre de la peur) s’apaise.
– L’ocytocine (l’hormone du lien et de la confiance) augmente.
– Le lien se renforce.
En d’autres termes, écouter, c’est sécuriser. C’est offrir à l’autre un espace où il peut poser ses émotions sans crainte, et se sentir accueilli tel qu’il est. Et quand nous nous sentons entendu, nous n’avons plus besoin de crier, de nous défendre ou de fuir, nous pouvons simplement être.
C’est cela, la puissance de l’écoute. Elle transforme la peur en confiance, et la solitude en lien.
Imaginons un dialogue. Après que l’un reproche à l’autre de ne pas avoir reçu de message en arrivant à la suite d’un long trajet en voiture. Celui qui va sécuriser pourra dire : « Je comprends que tu aies eu peur qu’il me soit arrivé quelque chose. La prochaine fois, je t’enverrai juste en arrivant un petit message pour te rassurer. » Cela amène naturellement la réponse « Merci. Et moi, j’essaierai de ne pas interpréter ton silence comme un rejet. »
Dans ce type de dialogue, petit à petit, la sécurité se construit grâce à l’écoute et aux ajustements.
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Les 4 piliers d’une relation sécurisante (Bowlby)
Ces quatre piliers sont comme des fondations : ils transforment une relation en véritable base de sécurité.
Ces quatre attitudes – la force, la sagesse, la sécurité affective et le soutien au développement – ne concernent pas seulement la relation parent-enfant. Elles sont en réalité de véritables clés relationnelles universelles.
La force
C’est être présent physiquement et émotionnellement. Lorsqu’on est enfant, dans les bras d’un parent. Devenu adulte, dans les bras de son partenaire, dans la main d’un ami, ou dans la présence calme d’un collègue. C’est cette force tranquille qui dit : “Je suis là pour toi.” C’est d’abord une base physique solide. Dans ces moments, l’enfant ou l’adulte ressent : “Je suis en sécurité.” Et ce n’est pas seulement symbolique. Le contact physique déclenche la sécrétion d’ocytocine, qu’on appelle parfois “l’hormone de l’amour”. Elle procure bien-être, apaisement et renforce le lien.
La sagesse
Être parent, c’est aussi offrir un regard d’adulte capable de mettre des mots justes sur les émotions. Face à une chute, une séparation ou une peur, le parent rassure : “Je vois que tu es triste, viens, je te fais un câlin. Tu peux aussi garder ton doudou ou une photo pour te sentir mieux.”
Et quand le parent ne sait pas, il peut le dire simplement : “Je ne sais pas encore, mais cherchons ensemble une solution.” Cette sincérité construit la confiance. Il en va de même pour les adultes comme pour les couples. Cette attitude de sagesse, c’est poser un regard bienveillant et réaliste sur une situation. Et mettre des mots sur les émotions, c’est aider à trouver des solutions. Parfois, c’est juste dire : “Je ne sais pas encore, mais je vais chercher avec toi.”
La sécurité affective
C’est un refuge émotionnel. Quand l’enfant ou l’adulte vit un stress ou une détresse, il sait qu’il sera entendu et consolé. Cela lui permet d’intégrer l’idée : “Quand je vais mal, je peux demander de l’aide, quelqu’un sera là pour moi. Moi, j’ai de la valeur. Les autres ont de la valeur. Et le monde vaut la peine d’être exploré.” Être ce refuge où l’autre peut venir se déposer sans peur d’être jugé. Quand je sais que je peux revenir vers toi pour être accueilli, je prends plus facilement le risque d’aller explorer le monde.
Le soutien au développement
Enfin, être une figure d’attachement sécurisante, c’est encourager l’enfant ou l’adulte à grandir et explorer. Cela passe par de petites étapes d’autonomie : pour l’enfant par exemple c’est manger seul, essayer, se tromper, recommencer.
Un parent qui félicite, encourage, puis ajuste ses attentes au fur et à mesure donne à son enfant la liberté d’apprendre tout en se sentant accompagné. Encourager son conjoint, son collègue ou ses amis à grandir, à oser, à se lancer c’est ça le soutien. Ce qui implique aussi se réjouir de ses réussites, et accueillir ses erreurs comme des étapes d’apprentissage.
En résumé, être une base de sécurité c’est
1- Offrir une présence stable et encourageante
2-Écouter avec bienveillance
3-Voir au-delà des comportements.
A vous de jouer chers auditeurs ! La carte 2 minutes de bonheur vous propose de vous souvenir d’un moment où vous vous êtes senti(e) vraiment écouté(e). Vous verrez, il se passe quelque chose de très doux qui donne envie d’écouter.
Avec Bulle de Bonheur, prenez le temps d’être heureux !
La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur
« C’est au moment où je m’accepte tel que je suis que je deviens capable de changer. »
Vos questions les plus fréquentes
🫧 Comment puis-je devenir une base de sécurité pour mon conjoint ?
Commencez par écouter sans chercher à corriger. Montrez que vous êtes présent, que l’autre peut s’appuyer sur vous. Une main posée, un regard attentif, une parole douce valent souvent plus qu’un long discours. L’important n’est pas d’avoir les réponses, mais d’être là.
🫧 Pourquoi ai-je du mal à écouter sans interrompre ?
Parce que votre système d’attachement s’active : vous cherchez à être entendu, compris, reconnu. C’est humain. La clé est de respirer, de ralentir, et de vous rappeler que l’écoute n’est pas une perte de contrôle, mais un acte de confiance.
🫧 En quoi une bonne écoute change la relation ?
Une écoute sincère apaise les tensions, restaure la confiance et régule les émotions. Elle envoie un message fort : “Tu comptes pour moi.” C’est ainsi que se construit, petit à petit, la sécurité affective dans un couple, une famille ou une équipe.

