J’entends souvent autour de moi des phrases comme : « À notre âge, la sexualité, c’est plus trop la priorité… », « On s’aime autrement maintenant », ou encore « C’est normal de ne plus avoir envie, on vieillit, c’est la vie ! ». Et puis parfois, c’est dit avec un peu de gêne, voire un soupçon de fatalisme : « Oh, tu sais, c’est derrière nous tout ça », ou bien « Avec la ménopause, la prostate, les petits bobos… on fait ce qu’on peut ». Il y a aussi d’autres voix, plus discrètes, et bien présentes, qui murmurent : « C’est différent, et plus profond », « J’ai découvert une nouvelle tendresse, une autre façon d’aimer », ou même : « J’ai plus de liberté maintenant, et plus rien à prouver ».
Et là ça me chicotte… Doit-on croire que le désir s’éteint avec les années ou au contraire, vieillir est une invitation à repenser la sexualité, à l’ajuster, à l’honorer autrement ?
Que disent les études ?
En 2002, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a élaboré une définition de la santé sexuelle : « la santé sexuelle est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et sociétal relié à la sexualité ». Cette définition montre à quel point l’idée que la sexualité fait partie du bien-être s’est diffusée. Les baby-boomers sexagénaires le prouvent : les enquêtes actuelles montrent bien qu’ils se sentent concernés par leur santé sexuelle et qu’ils s’intéressent aux joies et aux plaisirs que procure la sexualité.
D’après l’étude Inserm réalisée en Nov. 2024 https://presse.inserm.fr/wp-content/uploads/2024/11/rapp_CSF_web.pdf
En 2023, 79,3 % des hommes et 60,8 % des femmes âgés de 60 à 69 ans ont déclaré avoir eu une activité sexuelle au cours des 12 derniers mois. Pour la population de 70 à 79 ans, nous passons à 63,5 % pour les hommes et 42,8 % pour les femmes. Et enfin, entre 80 et 89 ans 10,9% pour les femmes et 39,5% pour les hommes.
Parmi les personnes en couple, ces proportions augmentent à 77,2 % pour les femmes et 84,9 % pour les hommes. Cela souligne l’importance de la vie conjugale dans le maintien d’une activité sexuelle à ces âges.
Pourtant, l’intimité après 60 ans reste souvent secrète voire même tabou.
Après 60 ans, la sexualité doit-elle prendre sa retraite ?
Comme si l’imaginaire collectif insufflait un vent d’interdit autour de la jouissance des seniors, alors que ces mêmes seniors sont valorisés à performer dans tous les autres domaines de leur vie : sport, santé, intellect, voyage… Y-aurait-il un paradoxe à célébrer la longévité de la vie et à refuser de parler d’un des aspects de celle-ci, la sexualité ?
Le temps fait son œuvre inexorablement
Les seniors d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec ceux d’hier. En pleine forme au moment de la retraite, ils affichent une réelle envie de profiter encore longtemps de la vie et de ses plaisirs, et bien sûr… de leur sexualité.
Les études sont claires : entre 60 et 80 ans, la sexualité reste importante pour trois quarts des couples.
Une sexualité qui évolue d’un couple à l’autre
La manière de continuer à vivre sa sexualité après 60 ans varie énormément.
Certains couples accueillent cette période comme une forme de tranquillité… parfois synonyme de renoncement.
D’autres y voient une invitation à retrouver la fougue des débuts.
Et pour beaucoup, c’est l’occasion d’explorer une sexualité repensée. Que ce soit avec le partenaire de toujours, ou dans la découverte – plus piquante – d’un nouveau compagnon ou compagne.
2 grands bouleversements liés à l’âge
Le temps qui passe laisse sa trace. Et ces changements liés à l’âge impactent deux grandes sphères : le corps et l’esprit.
Les transformations physiologiques
Vivre le vieillissement, c’est avant tout faire face à un corps qui change.
Les rides s’installent, la peau se relâche, les cheveux blanchissent ou tombent…
Tout cela dans une société qui valorise la jeunesse, l’énergie, les corps fermes et minces. Ce regard social parfois cruel peut profondément altérer l’estime de soi.
Les bouleversements psychologiques
Le passage à la retraite marque souvent une rupture. Le rythme change, les repères professionnels s’effacent. Chez certains, cela fait émerger des sentiments ambivalents : impression d’être un poids, sensation de solitude, impression d’isolement, voire inutilité. Ou a contrario une sur-sollicitation avec engagement bénévole, s’occuper de ses petits enfants ou de ses parents dépendants.
Dans le couple aussi, une nouvelle dynamique s’impose. Vivre ensemble 24h/24 peut devenir étouffant, surtout si le couple n’a pas anticipé ce changement.
Pour ceux qui sont parents, le départ des enfants du foyer marque la fin d’un cycle, celui du nid familial.
Tous ces bouleversements peuvent générer un mal-être, un état plus ou moins dépressif… qui freine souvent l’épanouissement sexuel. À l’opposé, certains vivent cette transition comme un souffle nouveau. La retraite devient pour eux une opportunité de se redéployer : plus de liberté, de nouvelles activités, un réseau social qui se densifie.
Dans cette renaissance, la sexualité trouve naturellement sa place, au cœur d’une vitalité retrouvée.
10 rendez-vous pour prendre soin de son couple. Et pourquoi pas entretenir, à l’aide de la tendresse des mots échangés, sa sexualité ?
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Une virilité mise à l’épreuve
Avec l’avancée en âge, les hommes subissent des modifications de leurs fonctions sexuelles. Le premier changement, et non des moindres, concerne la production hormonale. La testostérone, cette hormone masculine souvent associée à la puissance sexuelle et à la virilité, diminue progressivement au fil des années. Il est donc facile de comprendre pourquoi tant d’hommes associent vieillesse et perte de virilité.
Des modifications naturelles
Vers la cinquantaine, le corps masculin entame une transition discrète et bien réelle. Les fonctions sexuelles commencent à décliner lentement. Les troubles de l’érection peuvent devenir plus fréquents, la spontanéité des érections diminue, et la période réfractaire – ce moment après l’éjaculation où toute excitation est impossible – s’allonge. Les orgasmes sont moins intenses et l’éjaculation perd de sa puissance. Ces phénomènes sont normaux, logiques, et font partie du processus naturel de vieillissement.
Si ces modifications sont physiologiques, elles peuvent devenir un véritable frein à l’épanouissement sexuel. Certains hommes, inquiets, commencent à douter d’eux-mêmes. L’angoisse s’installe, la confiance s’effrite. Et comme souvent en sexualité, la peur de l’échec… entraîne l’échec. Pour certains, cette peur devient si pesante qu’ils préfèrent éviter l’intimité, écourter les préliminaires, voire mettre un terme à leur sexualité. Cela peut même aller jusqu’à provoquer une forme d’impuissance liée non au corps… mais à l’esprit.
Face à ce cercle vicieux, il est essentiel de rappeler une vérité simple : la diminution des fonctions sexuelles avec l’âge est aussi normale que le vieillissement de la vue ou de l’ouïe. Cela ne veut pas dire que l’homme est moins performant, ni qu’il est moins désirable. Cela signifie simplement que sa sexualité change. Elle devient autre. Et cela n’enlève rien à ce qu’il est, ni à sa capacité d’aimer et d’être aimé.
Comment recréer les conditions du désir
Pour traverser cette crise de la virilité, il est souvent nécessaire de réinventer le contexte de l’excitation. Il ne s’agit plus de “performer” mais de créer une atmosphère propice au plaisir. Qu’il soit seul ou avec une partenaire, l’homme a besoin de temps, de calme, de stimulations physiques plus intenses parfois, mais aussi d’un certain lâcher-prise. L’érection n’est pas un acte de volonté, c’est un réflexe. Et comme tout réflexe, il a besoin de certaines conditions pour se manifester. Ce n’est pas l’âge qui l’empêche, mais le stress, la pression, l’angoisse de ne pas “être à la hauteur”. Si le corps met plus de temps à répondre, cela ne signifie pas qu’il faut renoncer, simplement qu’il faut écouter, s’ajuster, et l’accompagner.
Le désir peut durer toute une vie
Contrairement à certaines idées reçues, les hommes peuvent garder une sexualité active jusqu’à la fin de leur vie, à condition d’être en bonne santé (attention aux problèmes de prostate) et à l’écoute de leur corps. Certains rapportent même que leur plaisir sexuel s’est intensifié après 60 ans. D’autres, dans une quête éperdue de sensations, choisissent de quitter leur partenaire pour retrouver, ailleurs, une forme d’érotisme qu’ils croient perdue.
Quoi qu’il en soit, une chose reste certaine : l’âge n’empêche ni le plaisir, ni le désir. Il les transforme. Et si on accepte cette transformation, il est tout à fait possible de continuer à vivre une sexualité riche, sensible, et profondément humaine.
La ménopause : une révolution à apprivoiser !
La ménopause, c’est une étape incontournable dans la vie d’une femme. Aujourd’hui, avec une espérance de vie autour de 85 ans, les femmes passent environ un tiers de leur vie en période post-ménopause. Un chiffre qui donne le vertige quand on le compare à celui du XVIIIe siècle, où seules 30 % des femmes atteignaient cet âge. Aujourd’hui, elles sont plus de 90 %.
Une sexualité mise à mal
Et pourtant…
Même si les femmes d’aujourd’hui souhaitent majoritairement conserver une sexualité épanouie après la ménopause, beaucoup rencontrent des difficultés. Comme les hommes, elles font face à des changements physiologiques, mais aussi et surtout à des croyances bien ancrées. J’entends encore trop souvent que, une fois la ménopause venue, la sexualité s’éteint. Que la fin de la fertilité rime avec la fin du désir. Qu’un corps vieillissant serait moins désirable, moins féminin, moins vivant. Ces idées reçues ont la peau dure. Elles viennent brouiller, voire fragiliser, le lien entre vieillesse et sexualité.
Pourtant, la sexualité féminine est bien plus complexe que cela.
Elle repose sur une combinaison subtile de facteurs physiologiques, émotionnels, psychologiques et relationnels.
Et la ménopause vient, il est vrai, bouleverser cet équilibre. L’arrêt du fonctionnement ovarien entraîne une baisse brutale des hormones, œstrogènes et progestérone. Avec elles, arrive la fin des règles, des émotions en montagnes russes, de possibles bouffées de chaleur, de la sécheresse vaginale… ajoutées à une difficulté à se reconnaître dans un corps qui change. Avec ces transformations à la fois physiologiques et psychologiques, la libido en prend souvent un coup !
Des bouleversements hormonaux… aux effets variables
La sécheresse vaginale peut rendre les relations sexuelles difficiles et douloureuses. La baisse des hormones rend la lubrification plus lente au moment de la période d’excitation. Là où une jeune femme met 30 secondes à lubrifier, il faut souvent plus de deux minutes après la ménopause.
Et côté orgasme, les effets diffèrent radicalement d’une femme à l’autre. Alors que certaines femmes parlent d’une diminution de la fréquence et de leur intensité, d’autres témoignent que le nombre d’orgasmes a augmenté après la ménopause et certaines disent même avoir connu leur premier orgasme à cette période.
Ces bouleversements sont plus ou moins bien ressentis selon les femmes et semblent dépendre de leur état psychique général, des relations qui les lient à leur partenaire et du vécu sexuel avant ménopause.
Certaines femmes profitent de cette étape pour tirer un trait sur une sexualité peu satisfaisante ou douloureuse.
D’autres, au contraire, y voient un vent de liberté : plus de contraception, plus de risque de grossesse, et parfois… une envie renouvelée.
D’autres encore sont dans l’entre-deux. Elles souhaitent continuer à vivre une intimité de qualité, sans chercher à retrouver leur jeunesse, mais en s’ajustant aux nouvelles réalités hormonales.
Des ressources concrètes pour mieux vivre la ménopause
Des aides physiologiques
Il existe des moyens concrets pour traverser cette période plus sereinement.
Les lubrifiants naturels ou hormonaux peuvent soulager la sécheresse vaginale et lutter contre l’atrophie.
Les traitements hormonaux de substitution, quand ils sont possibles et bien suivis, offrent aussi un vrai confort en améliorant, entre autres, la fréquence des bouffées de chaleur, la lubrification et la sensibilité clitoridienne.
Les traitements hormonaux de substitution se présentent sous forme de pilule, de patch ou de gel, et doivent toujours être prescrits avec un suivi médical attentif et annuel. Afin de bénéficier d’un traitement adapté, il est cependant indispensable de prendre conseil auprès des professionnels, car ils peuvent avoir des effets secondaires et surtout être contre-indiqués dans certains cas.
Des aides psychologiques
Au-delà des traitements, c’est aussi une posture intérieure à adopter.
Accepter que le corps change, que les comportements évoluent, et que le plaisir puisse s’inviter autrement est une nouvelle voie. Parce que ce n’est pas tant l’âge qui détermine la qualité de la vie sexuelle… mais l’état psychologique et la qualité de la relation amoureuse.
Briser les tabous et ouvrir le dialogue autour de la ménopause
Même si les écrits commencent à se faire nombreux sur le sujet, un défi reste à relever aujourd’hui. La ménopause, c’est donc une vraie révolution intérieure.
Et pourtant, les femmes parlent encore peu de leur sexualité à ce moment-là de leur vie. Elles ont besoin d’être encouragées pour oser un dialogue avec des professionnels de la santé ou des pairs. Elles ont besoin d’être encouragées à poser des mots sur ce qu’elles ressentent, verbaliser les transformations physiques, dire ce qui se vit psychiquement. C’est déjà une manière d’apprivoiser cette nouvelle version de soi. De rester en lien avec son désir. Et pourquoi pas… de redéfinir ce qu’est la féminité.
Au passage je salue l’initiative d’Always Valentines la première plateforme dédiée à la « sexploration » des sexagénaires et +.
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Une sexualité qui évolue avec le temps
Apprécier autrement et accepter les changements liés à l’âge
Les femmes de 60 à 69 ans ont en moyenne 3,3 rapports sexuels dans les 4 dernières semaines, contre 4,3 pour les hommes du même âge. Mais la quantité ne dit pas tout…
Chercher à retrouver la vigueur de ses 30 ans peut s’avérer être une impasse. Le désir, l’érotisme, la sensualité existent à tous les âges… À condition de laisser faire les corps et les cœurs qui savent aimer autrement.
Attendre de retrouver les mêmes sensations qu’autrefois revient à s’accrocher à une image figée. Cela empêche de savourer le présent et génère frustrations et souffrances. Apprendre à s’adapter à la réalité de son âge permet de réinventer sa vie intime.
Le changement n’a pas été choisi, certes, mais il n’a pas à être subi. Vieillir peut devenir une invitation à vivre une sexualité plus sereine, plus tendre, plus inventive. Comme une forme de sagesse sensuelle, guidée par le plaisir et la complicité.
Une nouvelle dimension de la sexualité : apprendre à désapprendre
Découvrir d’autres dimensions de la sexualité, c’est aussi changer de regard :
- Porter une attention bienveillante à l’autre,
- Ralentir le rythme,
- Valoriser les caresses, les massages, la tendresse
C’est aussi laisser parler l’imaginaire. Presque un homme sur deux de plus de 60 ans a déjà utilisé un sextoy, selon un sondage IFOP de 2017. Ces objets participent à une redéfinition ludique et joyeuse de la sexualité.
C’est créer une sexualité qui ne vise plus la performance, mais l’intensité émotionnelle et relationnelle.
La sexualité revêt ainsi un nouveau cadre de référence :
- Plus érotique que pulsionnelle,
- Plus imaginative que technique,
- Plus récréative que performante,
- Plus lente, et parfois moins fréquente… mais tout aussi riche.
Les couples durables témoignent : avec le temps, les gestes gagnent en tendresse, la complicité s’approfondit, le partage devient le cœur de la relation intime.
Attention à la médicalisation : Oui, la science aide à lever certains freins physiologiques. Mais attention à ne pas oublier l’essentiel : l’émotion, la communication, la relation. La sexualité est un kaléidoscope, et non un protocole médical.
Les rapports sexuels : c’est bon pour la santé !
Les bienfaits physiques et psychiques
Une sexualité active libère des endorphines qui :
- Réduisent le stress et l’anxiété,
- Renforcent le système immunitaire,
- Soulagent les douleurs chroniques,
- Facilitent le sommeil,
- Et même… stimulent l’activité intellectuelle !
Des effets positifs mesurables
Chez les hommes, elle renforce les os et diminue le risque de cancer de la prostate. Chez les femmes, elle réduit le risque d’hypertension.
Faire l’amour, c’est comme monter deux étages à bonne allure : un vrai exercice pour le cœur !
Vivre plus longtemps et en meilleure santé
Les personnes sexuellement actives vivent en moyenne quatre ans de plus, sont 35 % moins malades… et plus heureuses.
Vieillir ne signifie pas renoncer à une vie sexuelle épanouie. Bien au contraire. À condition de changer de regard, de s’ouvrir à d’autres possibles et de faire de cette nouvelle étape une occasion de joie et de créativité. Même si certains tabous tombent, la sexualité des aînés reste encore trop souvent un angle mort. Offrir aux seniors la liberté de créer une sexualité à leur image, voilà un vrai projet de société.
Et si la sexologie gérontologique devenait la prochaine révolution sexuelle ?
En résumé, la sexualité après 60 ans
- Ne disparaît pas, elle se transforme
- Même si le corps change, le désir reste bien vivant
- Est une occasion de vivre une intimité plus libre et plus tendre
A vous de jouer chers auditeurs, la carte de 2 minutes de bonheur vous propose d‘écrire ce que représente aujourd’hui, pour vous, une sexualité épanouie ! Un mot, une sensation, une envie ? A vous de jouer maintenant !
La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur
« Le corps vieillit, mais le désir ne prend pas une ride. Il change de visage, voilà tout. »