Il y a des odeurs, des personnes, des attitudes ou des situations qui provoquent en nous une réaction viscérale, un profond rejet. Ce mouvement de recul, souvent spontané, porte un nom : le dégoût. Trop souvent mal compris ou perçu comme une émotion “négative”, le dégoût mérite pourtant toute notre attention. Car loin d’être futile, il agit comme une boussole intérieure, nous aidant à tracer les limites de ce qui est bon pour nous et de ce qui ne l’est pas.
Dans cet épisode, plongeons ensemble dans les mécanismes du dégoût : comment il se manifeste, ce qu’il dit de nos valeurs, comment influence -t-il nos relations et pourquoi il est essentiel d’apprendre à l’écouter.
Cet épisode vient dans la continuité de notre saga sur les émotions #242 Nos émotions sont nos alliées, # 246 La joie le secret d’un quotidien lumineux, #248 Décoder la peur #253 sur la colère, #257 la tristesse
Le dégoût : une émotion d’abord physique
Lorsque nous évoquons le dégoût, l’exemple le plus parlant reste celui des aliments. Qui ne se souvient pas de l’huile de foie de morue, des croûtes suspectes ou de ces fameux médicaments à l’arrière-goût douteux ? Ces réactions ne sont pas anodines : elles servent un objectif vital. Le dégoût agit comme un système d’alerte biologique. Il protège le corps contre l’ingestion de substances toxiques ou potentiellement dangereuses. Si l’on force un enfant à avaler un aliment qui le répugne, il peut aller jusqu’à vomir.
Et cela ne concerne pratiquement que les humains : tous les mammifères ne sont pas capables de vomir. Ceux qui le peuvent, comme nous, disposent d’un véritable mécanisme de survie.
Une émotion physique… et psychique
Le dégoût ne s’arrête pas à la sphère alimentaire. Il s’étend aux comportements, aux mots, aux attitudes. Certaines personnes, sans raison apparente, nous “écœurent”. Il y a cette sensation de rejet, presque instinctive. Nous disons parfois : “Je ne peux pas le sentir”, “Il me donne la nausée”. Ces expressions traduisent un ressenti corporel réel.
Ce rejet ne concerne pas nécessairement la personne dans son ensemble, mais ce qu’elle représente, ce qu’elle exprime ou fait. Par exemple, si l’on est profondément attaché au respect du vivant, une personne qui maltraite son animal domestique peut susciter chez nous un rejet immédiat. Ce n’est pas un simple désaccord d’opinion : c’est une réaction de protection de nos valeurs.
Le dégoût, miroir de nos valeurs profondes
Cette émotion révèle les fondements invisibles de notre système de valeurs. Être dégoûté par la violence, le mensonge, l’humiliation ou le non-respect, c’est mettre en lumière ce à quoi nous tenons le plus. Le dégoût joue ici un rôle fondamental : il empêche de s’empoisonner psychiquement. Être en lien étroit avec des personnes dont les valeurs sont à l’opposé des nôtres peut provoquer un mal-être profond, voire une perte de soi.
Bien sûr nous ne pouvons pas aimer tout le monde. Et c’est tant mieux. Le dégoût, en nous éloignant de ce qui nous agresse ou nous heurte, nous permet de rester fidèles à nous-mêmes.
Et si on était aussi dégoûté de soi ?
Le dégoût peut parfois se retourner vers soi. Après un geste ou une parole que l’on regrette, il arrive de ressentir une forme de rejet de soi-même. Ce mouvement de recul, cette sensation d’écœurement intérieur, nous pousse à nous interroger sur nos actes. Cette expérience peut se transformer en honte, nous renvoyant à notre humanité imparfaite. Elle agit comme un garde-fou éthique, rappelant que certaines lignes, pour nous, ne peuvent être franchies.
Juger, c’est mal ?
Pas si simple. On entend souvent : “Il ne faut pas juger les autres.” Pourtant, faire preuve de discernement, c’est aussi poser les bases de ce que l’on peut tolérer ou non. Juger, ce n’est pas condamner. C’est évaluer la compatibilité entre ce que l’autre exprime et ce que l’on peut accueillir. Refuser une relation avec une personne dont les valeurs heurtent les nôtres, ce n’est pas la rejeter en tant qu’être humain : c’est reconnaître une certaine forme d’incompatibilité.
Le dégoût au sein des relations : amour, amitié, famille
Dans l’amitié comme dans l’amour, nous choisissons les personnes avec lesquelles partager des morceaux de vie. Et souvent, ce choix repose sur une harmonie de valeurs. Mais dans la famille, c’est différent : nous ne la choisissons pas. Nous y naissons. Cela ne signifie pas que nous sommes obligés d’aimer ou de s’entendre avec tous.
Certaines personnes peuvent provoquer du rejet, non pas par leur identité, mais par certains comportements qui heurtent ce qui nous tient à cœur. Cela ne remet pas en cause l’amour familial. C’est une invitation à reconnaître que la hiérarchie des valeurs peut différer !
Quand les corps parlent aussi
Le dégoût ne se limite pas à une sensation psychique : il s’ancre dans le corps. Il se manifeste souvent au niveau de l’estomac. Sensation de nausée, haut-le-cœur, brûlures gastriques, perte d’appétit… Toutes ces manifestations somatiques traduisent un désaccord intérieur profond.
Et chez les enfants, ces signaux sont parfois encore plus visibles. Un enfant qui dit avoir mal au ventre peut exprimer autre chose : la peur, le rejet, une incompréhension, ou même… une forme de dégoût, qu’il ne parvient pas encore à formuler avec des mots.
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L’éducation, un levier puissant
Nos réactions de dégoût sont aussi façonnées par notre éducation. Si, dans l’enfance, nous avons encodé que “mentir, c’est mal”, il est probable que le mensonge, plus tard, devienne pour nous une limite infranchissable. De la même manière, si nous avons a été exclu ou rejeté dans le passé à cause de notre poids, notre couleur de peau ou nos goûts. Il est possible que nous développions une forme de dégoût envers nous-même ou envers les groupes qui nous ont fait souffrir.
Le dégoût devient alors un héritage émotionnel, parfois douloureux, qu’il est important d’identifier pour ne pas le laisser diriger nos choix à notre insu.
Dégoût ou culpabilité ?
Le dégoût et la culpabilité sont souvent confondus. Pourtant, ce sont deux expériences différentes. La culpabilité naît d’un écart entre ce que nous faisons et ce que nous pensons devoir faire. Elle invite à la réparation. Le dégoût, lui, surgit comme un réflexe : nous ne pouvons pas “négocier” avec lui. Il s’impose à nous, et souvent, il ne laisse pas la place au retour possible.
Comment apprivoiser cette émotion de dégoût ?
Première étape : le reconnaître. Mettre des mots dessus. Sentir le poids sur l’estomac, la nausée, la chaleur intérieure… Et se dire : “Tiens, c’est du dégoût.” Ensuite, posez ces questions :
- Qu’est-ce que je ne supporte pas ?
- Quelle valeur a été blessée ?
- Est-ce que cette personne ou cette situation est en cohérence avec ce qui est important pour moi ?
Le dégoût est un signal à écouter, pas à nier
Le dégoût, en nous mettant face à ce qui nous est insupportable, nous protège. Il nous éloigne de ce qui pourrait nous nuire, physiquement ou psychiquement. C’est une émotion puissante, essentielle, qu’il convient d’honorer. Même si elle est parfois inconfortable, elle est une alliée précieuse pour mieux nous comprendre, poser nos limites et vivre des relations plus saines.
Faire confiance à son dégoût, c’est honorer son instinct. C’est aussi choisir des relations dans lesquelles on peut respirer librement. Et c’est, finalement, une preuve de respect… envers soi-même.
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En résumé, le dégoût
- Permet de rejeter ou d’éloigner quelque chose ou quelqu’un de menaçant
- Révèle nos valeurs profondes
- Se manifeste dans le corps autour de l’estomac
La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur
« Dis-moi ce que tu honores, et je te dirai ce que tu es. Dis-moi ce qui te dégoûte, et je te dirai ce que tu crains. »