Le concept de la théorie de l’autodétermination expliquerait pourquoi il est de plus en plus dur de motiver mon ado à bosser. Il ne planche que pour les contrôles, et encore…

Et que dire de mon plus jeune qui a absolument tenu à démarrer le piano et qu’il faut forcer à pratiquer à la maison entre 2 leçons. Pourtant, ils ne me semblent pas être totalement feignants. A la maison, ils font régulièrement leur part sans que nous ayons besoin de leur rappeler.

En même temps, je ne suis pas un exemple, j’ai un joli tapis de yoga qui prend la poussière dans le salon à côté de ce bouquin ouvert il y a 6 mois et qui n’a pas avancé d’un iota. Je m’entends beaucoup dire ou penser qu’il faudrait faire ceci ou cela et rien ne se passe.

Et là ça me chicotte, d’où vient la motivation ? Sommes-nous condamnés à une envie de nous dépasser au ras des pâquerettes?

Quelle est la définition de la motivation ?

Commençons par la définition. La motivation est selon le Larousse « Ce qui motive, explique, justifie une action quelconque ». La motivation nous pousse à agir. Nous pouvons être guidés par plusieurs raisons :

  • Parce que nous suivons des règles : je m’arrête au feu rouge.
  • Parce que nous sommes forcés : je récupère mes enfants à l’école à 16h30.
  • Parce que nous sommes soumis à une pression explicite (qui vient de l’extérieur) : je finis le Powerpoint pour ma présentation.
  • Ou encore parce que nous sommes soumis à une pression implicite (qui vient de nous) : je fais un régime.
  • Parce que nous souhaitons quelque chose pour nous-même : je fais du yoga le matin.
  • Et enfin parce que nous avons une envie de découvrir ou approfondir quelque chose : j’écoute les podcasts de Bulle de bonheur.

Cette liste non exhaustive vous aide à bien voir que derrière toutes ces actions, il y a un élément motivateur.

Les limites du modèle contrôlant

Les premières recherches sur la motivation se sont concentrées sur des modèles contrôlants. Si vous avez vu le film les Choristes, c’est un peu le fameux « Action – Réaction ». En gros, les recherches ont montré qu’il était possible de prédire et/ou d’induire les comportements de sujets de laboratoires – à savoir des rats – à partir de certains stimuli et dans un environnement contrôlé. Ces théories trouvent leurs limites avec les hommes qui ont le pouvoir de faire des choix.

Si vous essayez de les enfermer dans une boîte, ils la quittent et vont voir ailleurs. Dans le domaine de l’éducation notamment, il est particulièrement frappant de constater le défi des professeurs pour maintenir l’envie d’apprendre des étudiants à l’époque des distractions permanentes et du savoir – entre guillemets – mis à disposition de tous sur internet.

La remise en question des 1ères théories de la motivation va même plus loin. Car les études ont démontré qu’un environnement trop contrôlant avait même un impact négatif sur la motivation individuelle. Aujourd’hui, la question s’est donc élargie : qu’est ce qui explique les choix des gens et comment s’assurer qu’ils persévèrent sur les chemins qu’ils ont empruntés ?

La Théorie de l’autodétermination, c’est quoi ?

Aujourd’hui, je voudrais vous parler de la théorie de l’autodétermination. Elle est le fruit d’une des collaborations les plus bénéfiques de la psychologie : entre Edward Deci et Richard Ryan. Deci est professeur de psychologie et de sciences sociales à l’Université de Rochester dans l’état de New York. Et Ryan est psychologue clinicien et enseignant chercheur à l’université de Rochester. Ensemble, ils ont renversé tous les paradigmes qui régissaient la théorie de la motivation. Leur objectif a été d’étudier la psychologie de la motivation et de comprendre ses impacts sur notre bien-être et notre énergie. Leur théorie de l’autodétermination nous permet de comprendre comment nous pouvons individuellement évoluer dans la vie et nous déployer. Cette théorie est particulièrement riche pour des domaines comme l’éducation, la pratique du sport et aussi dans tous les domaines qui dépendent de notre motivation personnelle comme le travail ou les loisirs.

Une expérience éclairante sur la motivation

Voici une de leurs expériences les plus éclairantes. Une activité intéressante est proposée à 2 groupes d’étudiants. Au premier groupe est imposée une obligation de résultat. Les chercheurs indiquent aux étudiants que cette activité va leur permettre de mesurer leur intelligence. Alors que le deuxième groupe est laissé sans attente de résultat particulier.

A la fin de l’expérience, les chercheurs trouvent un prétexte pour quitter la salle et laisser les participants seuls. Ces derniers ont donc le choix de continuer ou non l’activité, c’est ce qu’il est d’usage d’appeler « la période de libre-choix ». Toutes les recherches montrent que le groupe sans pression continue volontairement et plus longtemps. L’autre groupe, lorsqu’ils se rendent compte qu’ils ne recevront ni récompense, ni punition, ne reprend que peu ou pas du tout l’activité.

La théorie de l’auto-détermination met en lumière l’importance du comportement volontaire des personnes appelé « volitionnel ». C’est à dire le fait d’agir selon leur propre volonté. Sur cette base, Deci et Ryan distinguent 2 formes de motivation.

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La motivation intrinsèque

La motivation intrinsèque recouvre le fait de faire les choses pour leur intérêt propre, pour le plaisir qu’elles nous apportent ou encore par curiosité. Elle comprend aussi les choses que nous faisons parce que cela correspond à nos valeurs ou bien parce que nous en comprenons l’utilité. Par exemple, trier mes déchets représente un effort que j’accepte car je souhaite faire ma part pour préserver la planète et réduire les gaz à effet de serre.

La motivation intrinsèque se déploie lorsque nos besoins psychologiques de base sont comblés. Selon la théorie de l’autodétermination, un besoin de base correspond à quelque chose qui est essentiel à la croissance de la personne, à son bien-être. Cela va donc plus loin que le besoin de dormir, manger ou boire. C‘est quelque chose qui fait partie de nous, qui résulte de notre évolution humaine et qui est donc universel et inné. Les 3 besoins de base psychologiques sont les suivants : l’autonomie, la compétence et l’appartenance sociale. Entrons un peu dans le détail pour bien comprendre ce de quoi il s’agit.

Le besoin de compétence pour se sentir efficace et capable

Le besoin de compétence correspond au fait de se sentir efficace et capable dans ce que nous entreprenons. C’est une notion dynamique : lorsque nous expérimentons une forme de croissance dans notre domaine, nous remplissons aussi notre besoin de compétence. C’est donc aussi notre capacité à développer nos aptitudes, à déployer nos talents, à étendre nos capacités.

L’appartenance sociale pour être en lien avec les autres

L’appartenance sociale correspond au besoin d’être en lien avec les autres. Pour se sentir bien et avoir un fonctionnement optimal, nous avons besoin de nous sentir appartenir au groupe, d’être à l’aise dans notre environnement et de nous y sentir important. Cela peut s’opérer de 2 façons. Soit je sens que quelqu’un prend soin de moi, soit je suis dans un écosystème dans lequel je sens que je peux contribuer, dans lequel j’apporte ma pierre en retour. Donner et recevoir sont deux mouvements qui nous permettent de remplir ce même besoin. Nous avons développé ce sujet du lien social dans notre épisode #79 Je créé du lien social.

L’autonomie pour faire les choses par volonté

L’autonomie est une notion très intéressante dans la théorie de l’autodétermination. Être autonome ici n’est pas un synonyme d’être capable ou de faire ce qu’on veut quand on veut ! C’est plutôt le fait de faire les choses par volonté, parce que nous sommes en accord, alignés avec ce que nous faisons. A opposer donc à l’hétéronomie qui est le fait de se sentir contrôlé par des forces extérieures à soi-même. Petit point d’attention ici : autonomie ne rime pas avec individualisme. Il est tout à fait possible de donner la priorité au groupe de façon autonome. Par exemple, lorsque nous respectons une consigne, nous restons autonomes car nous reconnaissons la légitimité de la contrainte imposée. Donc, l’autonomie n’est pas la liberté au sens d’absence totale de contrainte mais une liberté dans un cadre sécurisé. (Rappelez-vous, le code de la route).

Avoir une grande motivation intrinsèque quand les 3 besoins psychologique de base sont comblés

Lorsque ces 3 besoins sont comblés, nous ressentons une grande motivation intrinsèque et un profond bien-être.

De plus, selon les recherches faites, acquérir ses 3 besoins psychologiques de base induit de la persévérance.

  • Sans pression particulière comme celle induit par une récompense, nous sommes plus enclins à persévérer.
  • La tâche à accomplir doit représenter le bon niveau de défi. Trop peu, nous ne sommes plus vraiment intéressés. Trop, nous nous décourageons ou nous menons la tâche à bien sans continuer. C’est ce bon niveau de défi qui montre que nous sommes dans le flow #91.
  • Nous sommes plus persévérants lorsque nous sentons que nous avons le choix. Par exemple, toutes les expériences de micro-management dans lesquelles la stratégie à adopter est dictée au participant conduisent au même résultat : une baisse de la persévérance.

Ces 3 facteurs : le choix, le niveau de difficulté et la pression ont donc une influence forte sur notre motivation.

Comment les jeux vidéos exploitent la motivation intrinsèque

Voici un exemple très parlant : les jeux vidéos. Les bons jeux vidéos, ceux qui rencontrent un fort succès populaire – et vous en connaissez forcément – ont les mêmes attributs.

  1. Ils présentent différents types de défis, avec des paliers de niveaux de difficulté et du feedback positif. Le joueur progresse toujours, ce qui renforce son sentiment de compétence.
  2. 2ème attribut : les bons jeux vidéos offrent des opportunités de coopération, de communication et de connexion avec les autres joueurs. Voilà qui satisfait notre besoin d’appartenance sociale.
  3. Enfin, les jeux vidéos proposent systématiquement aux joueurs de faire des choix au cours de leur expérience dans le jeu. Il existe aussi des options de personnalisation. Par exemple, le joueur est souvent invité à créer son propre avatar.

Par ailleurs, lorsque les chercheurs se sont intéressés aux éléments prédicateurs de la persévérance du joueur, donc les facteurs qui faisaient que le sujet jouait toujours au même jeu plusieurs mois plus tard, la satisfaction de ces 3 besoins l’emportait sur le facteur amusement. Le jeu leur apporte bien plus qu’un divertissement. Certains joueurs qui étaient devenus accros ont même reconnu que le jeu vidéo venait combler un manque dans les autres domaines de leur vie. Un homme qui jouait jusqu’à 40h par semaine a répondu à la question « Pourquoi ces jeux sont-ils si captivants? » « Au boulot, ça fait 20 ans, que je suis au même niveau ». Le jeu comblait son manque de progression dans la vie réelle.

En conclusion, la satisfaction de nos besoins d’autonomie, de compétence et d’appartenance sociale influence favorablement notre motivation à nous lancer dans quelque chose et à persévérer.

La motivation extrinsèque

La motivation extrinsèque se déploie lorsque nous sommes orientés vers un objectif qui ne vient pas de nous. C‘est la motivation qui correspond à une injonction ou une pression extérieure. Par exemple, avoir de bonnes notes à l’école pour gonfler son dossier scolaire ou faire plaisir à ses parents. Gardons cependant en tête qu’il y a plusieurs nuances de motivation extrinsèque et qu’elle peut progressivement être internalisée. Nous allons y revenir.

Les différents types de motivation extrinsèque

  • La régulation externe: désigne les actions menées pour obtenir une récompense ou éviter une punition. C’est une motivation guidée par une pression externe. Elle est très instable. C’est l’exemple de ma fille et son livre imposé. Elle dure aussi longtemps que se maintiennent les récompenses ou les punitions.

 

  • L’introjection: est aussi une forme de motivation oppressante car elle est guidée par notre culpabilité. C’est une forme de pression intérieure. Je fais les choses uniquement pour éviter le risque de me sentir mal. Par exemple, cette épouse qui refuse toute aide pour s’occuper de son mari Alzheimer alors que cela l’épuise moralement et physiquement. Elle aurait l’impression de l’abandonner. L’introjection est aussi une forme de motivation instable avec de potentielles conséquences néfastes sur la santé mentale.

 

 

  • L’identification : s’exprime lorsque nous faisons quelque chose parce que c’est aligné avec nos valeurs. Par exemple, j’achète local même si c’est plus cher et moins diversifié car je valorise la préservation de la planète. C’est quelque chose qui compte pour moi et auquel je choisis de donner la priorité. Cette motivation se maintient dans le temps et est de haute qualité car elle est stimulée par la volonté individuelle. Si le sujet des valeurs vous intéresse, je vous invite à écouter notre bulle de bonheur #75 J’identifie mes valeurs.

 

  • Enfin, l’intégration : existe lorsque nous sommes en accord avec nos valeurs et que nous reconnaissons l’importance de l’activité. C’est l’exemple de ma responsabilité de déléguée syndicale.

Leurs résultats sur l’autodétermination

Nous constatons donc qu’il y a plusieurs nuances de motivation externe, plus ou moins contrôlantes et plus ou moins autonomes. Il est intéressant de regarder leurs résultats. Dans le contexte scolaire, à niveaux de difficulté équivalents, plus les élèves se sentent forcés, moins bons sont leurs résultats, moins profond est leur apprentissage. Plus la motivation des élèves est autonome, meilleure est leur participation et leur réussite. Dans le domaine de l’activité physique, je ne pense pas être la seule à avoir souscrit à un abonnement à une salle de sport et à n’y avoir jamais mis les pieds… La persévérance et la discipline conditionnent vivement la pratique du sport ainsi que les progrès. Les chercheurs constatent également que plus la motivation est autonome, plus les sportifs maintiennent leur pratique.

Bienfaits de la théorie de l’autodétermination

Une motivation de grande qualité est une source de bien-être. Lorsque nos besoins de base sont satisfaits, nous nous sentons épanouis et capables de déployer notre potentiel.

Indépendamment du contexte culturel et de nos ressources telles que le revenu, les recherches ont toutes démontré que le bien-être est plus grand lorsque notre motivation est de bonne qualité. Que nous nous sentons connecté aux autres, compétent et autonome dans nos actions. Alors que lorsque nous sommes frustrés dans ces besoins, nous ressentons un mal être plus intense.

Maintenant que vous avez compris les facteurs de motivation, vous avez sûrement envie de les mettre en pratique dans vos activités personnelles ou dans le cadre d’un collectif, en famille, au boulot.

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En bref, si je résume, la théorie de l’autodétermination

  1. Met en lumière 3 besoins psychologues de base : autonomie, compétence et appartenance sociale.
  2. Est un outil pour s’aligner à ses valeurs
  3. Renforce l’énergie et l’estime de soi-même.

À vous de jouer chers auditeurs, cette semaine la carte de 2 minutes de bonheur vous propose d’identifier une action que vous repoussez depuis longtemps, et d’analyser pourquoi. Interrogez-vous sur votre motivation, sur l’alignement avec vos priorités et la satisfaction de vos besoins.

Dans un prochain épisode, nous verrons comment favoriser la motivation, comment créer un environnement propice sans avoir recours au binôme bâton/carotte.

 

La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur

« Le talent, ça n’existe pas. Le talent, c’est d’avoir envie de faire des choses. » 

Jacques Brel

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