Si je vous parle de relations intergénérationnelles, à qui, à quoi pensez-vous en premier ? Moi je pense à ma grand-mère. Comme j’ai aimé être avec ma grand-mère ! Elle m’a tant transmis, dans tous les domaines !

En cuisine, par exemple : grâce à elle, je fais une sauce béchamel comme personne. Mais au fond, ce n’est pas sa recette que j’ai le plus retenue. C’est son art de l’accueil, son sourire inébranlable, même quand nous étions quinze à courir, crier, mettre la maison sens dessus dessous. Je me souviens aussi du jour de l’enterrement de mon grand-père. Ils avaient passé plus de 60 ans ensemble. Ce jour-là, elle était debout, digne, présente. Elle accueillait chacun, un mot, un merci, un regard pour tous. Je crois que j’ai autant admiré son courage que la délicatesse avec laquelle elle prenait soin des autres, même dans sa peine.

Et puis, il y avait nos longues discussions au coin du feu. Ces moments suspendus où, entre une bûche et une infusion, chaque génération racontait son quotidien, ses tracas, ses rêves. Chacun écoutait, chacun apprenait. Il n’y avait ni vieux, ni jeunes. Juste des humains qui se relient.

Et là… ça me chicotte. Pourquoi nous privons-nous de ces échanges-là ? Pourquoi notre société sépare-t-elle les jeunes d’un côté, les vieux de l’autre ? Comme si chaque âge devait vivre dans sa bulle ? Et surtout… que peut-on inventer, encourager, initier pour que chacun, quel que soit son âge, puisse goûter à la richesse de ce lien intergénérationnel si fort, si joyeux et si humain ?

Les relations humaines, une richesse souvent ignorée

Vous tous, fidèles de Bulle de Bonheur, vous savez combien nous aimons nous appuyer sur des études solides pour éclairer nos réflexions. Et il y en a une qui mérite que je ne cesse de la citer. Les résultats de cette étude ont été un flash pour moi et elle est à l’origine de 2 minutes de bonheur. Cette étude est celle d’Harvard, la plus ancienne jamais réalisée sur le bonheur et la santé. L’objectif de cette étude est de répondre à une question simple mais essentielle : qu’est-ce qui rend une vie heureuse ?

Tout commence en 1938. À l’époque, les chercheurs décident de suivre 268 étudiants de Harvard, tous hommes, de la promotion 1939 à 1944.

L’idée ? Comprendre ce qui fait qu’un individu mène une vie heureuse, saine et épanouie. Pour élargir la perspective, les scientifiques décident aussi d’inclure un second groupe : 456 jeunes hommes issus des quartiers pauvres de Boston, suivis dans le cadre d’un programme social.

Ces hommes ont été interrogés tous les deux ans, tout au long de leur vie, et ce, jusqu’à aujourd’hui pour certains. Ils ont examiné leur santé physique et mentale, leur travail, leurs relations, leurs habitudes, leurs peines, leurs réussites. L’un des participants les plus connus n’est autre que John Fitzgerald Kennedy, futur président des États-Unis.

Le directeur actuel de cette étudele Dr Robert Waldinger, psychiatre et professeur à la Harvard Medical School, partage aujourd’hui les enseignements phares de ce travail de recherche monumental.

La conclusion de l’étude est sans appel et limpide : Ce ne sont ni la richesse, ni la célébrité, ni même la réussite professionnelle qui prédisent une vie heureuse et longue. Ce sont la qualité et la solidité des relations humaines.

Constat sur les relations entre les générations aujourd’hui ?

Et dans ces relations, celles qui relient des personnes de générations différentes jouent un rôle majeur. Et pourtant, ces relations intergénérationnelles sont souvent négligées, voire perçues comme secondaires.

Nous pouvons effectivement constater que nous avons, contrairement à il y a 3 générations, à vivre dans des silos : les enfants à l’école, les ados… souvent dans leur chambre. Mais aussi les adultes au travail, les seniors dans les maisons de retraite. Chacun est dans sa case, chacun dans son monde.

Et dans ce monde fragmenté, les occasions de se croiser, de se comprendre, de se transmettre quelque chose se font rares. Le lien intergénérationnel est en train de devenir un luxe, alors qu’il devrait être une force quotidienne.

Nous avons souvent l’intuition que les relations humaines sont importantes… Aujourd’hui grâce aux derniers travaux des neurosciences et de la psychologie positive, nous savons qu’elles sont essentielles au bon fonctionnement de notre santé mentale et physique. Et ce, à tout âge. Les relations nourrissantes ne sont pas un « petit plus », elles sont juste un pilier fondamental de notre équilibre psychique.

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Les bienfaits psychologiques des relations intergénérationnelles

Les bienfaits psychologiques de relations de qualité sont :

1. De bonnes relations renforcent l’estime de soi

Être entourés de personnes qui nous apprécient pour ce que nous sommes, avec nos forces, nos limites, nos imperfections, nourrit profondément notre sentiment de valeur personnelle. Donc notre estime de nous-même.

Quand nous sentons que nous comptons pour quelqu’un, que nous sommes écoutés, que notre présence fait plaisir, cela renforce la confiance en soi et la sécurité intérieure.
À l’inverse, l’isolement ou le sentiment d’être ignoré peut fragiliser l’identité, et créer un sentiment d’inutilité, voire de honte. Par exemple : Quand un adolescent se sent en sécurité avec un grand-parent ou un adulte qui l’écoute sans jugement, il développe une meilleure image de lui-même. Même chose pour une personne âgée qu’un plus jeune sollicite pour ses conseils ou son expérience. Elle se sent valorisée, reconnue.

2. Les relations intergénérationnelles favorisent la régulation émotionnelle

Partager ses émotions avec quelqu’un de bienveillant nous aide à mettre des mots sur ce que nous ressentons. Mais aussi à prendre du recul, et à réguler notre stress ou notre tristesse.

C’est ce que nous appelons en psychologie la capitalisation émotionnelle. Quand nous racontons une joie ou une peine à quelqu’un qui nous écoute vraiment, l’émotion est renforcée positivement dans le cas de la joie ou allégée dans le cas d’une souffrance.

Des études, notamment celles de Shelly Gable à l’Université de Californie, ont montré que la qualité de la réaction de l’autre face à un événement que nous partageons a un impact direct sur notre niveau de bonheur. Un ado qui raconte son match de foot raté à un oncle qui le félicite quand même pour sa combativité va intégrer une lecture plus constructive de l’échec.

D’ailleurs, une étude australienne de 2017 a révélé que les adolescents qui avaient des liens réguliers avec leurs grands-parents présentaient moins de symptômes de dépression.

3. Les relations intergénérationnelles nous aident à faire face aux épreuves

Les relations de qualité sont un facteur majeur de résilience psychologique. Elles permettent de traverser les tempêtes sans se sentir seul au monde. Avoir quelqu’un à qui parler, quelqu’un qui nous soutient ou nous comprend, augmente notre sentiment d’exister, diminue l’angoisse liée à l’incertitude et réduit les ruminations.

Un article publié dans Psychological Science montre que la simple présence physique d’un proche, lors d’un moment difficile, réduit le niveau de cortisol. Vous vous rappelez ? C’est notre hormone du stress. Prenons l’exemple d’une jeune adulte qui partage son anxiété professionnelle avec son grand-père, qui a vécu des périodes de doute lui aussi. Elle se sent moins seule et repart plus confiante.

4. Les relations intergénérationnelles stimulent la joie

Les relations de qualité sont aussi de formidables boosters d’énergie. Elles offrent des occasions régulières de rire, de jouer, d’explorer, de créer ensemble. Ces moments partagés libèrent de la dopamine et de la sérotonine, deux neurotransmetteurs associés au plaisir, à la motivation et à la bonne humeur. Et comme le cerveau aime ce qui le fait se sentir bien # 128 les mécanismes primaires du cerveau… il nous encourage à recommencer ! Une séance de jeu entre générations, une carte de 2 minutes de bonheur ensemble, un scrabble entre une grand-mère et son petit-fils. Ou bien encore un karaoké improvisé en famille créent une atmosphère joyeuse dont vous risquez de vous souvenir longtemps.

5. Les relations intergénérationnelles donnent du sens à notre vie

La psychologie positive parle de relations « significatives ». Celles qui ne sont pas seulement agréables, mais qui nous relient à quelque chose de plus grand que nous.
Elles nous permettent de nous sentir utiles, de contribuer au bien-être d’un autre, d’exister dans le regard de quelqu’un.

Ce sentiment d’être en lien profond avec une autre personne donne du sens à notre quotidien. Il est même l’un des cinq piliers du bien-être durable dans le modèle PERMA de Martin Seligman (Positive Emotion, Engagement, Relationships, Meaning, Accomplishment). #240 modèle PERMA

Prenons l’exemple d’un bénévole qui rend visite chaque semaine à une personne âgée seule. Pour elle, il est un rayon de soleil. Pour lui, c’est une mission qui donne un sens à son quotidien rythmé métro/boulot/dodo !

Et si je dois en finir avec la description des bienfaits psychologiques, je dirais que les relations de qualité sont loin d’être un luxe. Elles sont un levier de développement psychologique majeur.
Elles nous apaisent, nous élèvent, nous rendent plus forts face au défi de la vie.

Certes ces bienfaits de bonnes relations sociales sont les mêmes pour toutes les relations qu’elles soient amicales, professionnelles, familiales et même amoureuses. Cependant dans un cadre intergénérationnel, elles gagnent encore en richesse car elles nous obligent à sortir de notre cadre, à accueillir d’autres rythmes, d’autres histoires, d’autres manières d’aimer.
Et ça… ça nous transforme. Profondément.

Les effets physiologiques des relations humaines de qualité : quand le lien soigne le corps

Nos liens sociaux ne touchent pas seulement notre cœur, ils touchent aussi notre corps.

Les relations de qualité, celles qui sont nourries de confiance, d’attention et de réciprocité, ont un impact direct sur notre santé physique. À tel point que certains chercheurs parlent du lien social comme d’un facteur de longévité aussi puissant que l’alimentation ou l’exercice physique.

1. Le lien social apaise

Quand nous sommes en relation sécurisante, c’est-à-dire lorsque nous sommes avec quelqu’un en qui nous avons confiance, qui nous écoute sans nous juger, notre système nerveux parasympathique s’active. C’est le système de repos, de récupération et de réparation du corps. À l’inverse du système sympathique (celui qui déclenche le stress et la fuite), le parasympathique calme, régule, reconstruit. #262 L’autonomie affective

La clef de ce mécanisme se trouve dans un nerf un peu magique : le nerf vague. Ce nerf relie le cerveau à des organes essentiels : le cœur, les poumons, les intestins. Quand nous sommes dans une relation apaisante, ce nerf vague transmet à tout le corps le message : “Tu es en sécurité. Tu peux relâcher la tension.” Lorsqu’un enfant pleure et qu’un adulte le prend dans ses bras et lui parle doucement, le système vagal s’active. Sa respiration ralentit, son rythme cardiaque diminue, sa digestion reprend.

A contrario, en état de stress, notre rythme cardiaque s’accélère, notre respiration est plus courte et notre digestion plus compliquée. Vous comprenez mieux maintenant, pourquoi certains ont des maux de ventre chronique…

2. Avoir des liens sociaux forts augmente l’espérance de vie

Une méta-analyse majeure de 148 études, publiée en 2010 dans la revue PLOS Medicine, a démontré que les personnes ayant des liens sociaux forts avaient 50 % de chances en plus de vivre plus longtemps que celles socialement isolées.

L’ocytocine, souvent appelée l’hormone du lien, est libérée dans le corps à chaque fois que nous vivons un moment agréable. Que ce soit en compagnie d’amis, de famille, d’un amoureux par une étreinte, un regard doux, une parole bienveillante, un geste de soin, un moment de jeu ou de rire partagé.

L’ocytocine a des effets puissants. Elle abaisse la pression artérielle, réduit l’anxiété et diminue l’inflammation. Et elle stimule le système immunitaire.

À ses côtés, la dopamine et la sérotonine, deux neurotransmetteurs du plaisir et de l’équilibre émotionnel, sont également stimulés dans les relations chaleureuses.

Quand une personne âgée reçoit la visite de ses petits-enfants, ou qu’un bénévole vient jouer avec elle, son corps sécrète ces hormones. Elle a moins mal, digère mieux, dort plus facilement. Ce n’est pas « dans la tête », c’est simplement chimique.

3. Le lien social protège contre les maladies

Une méta-analyse publiée dans la revue PLOS Medicine a révélé que le manque de relations sociales augmente de 29 % le risque de mortalité prématurée, toutes causes confondues.
C’est comparable… au fait de fumer 15 cigarettes par jour.

Le lien social agit donc comme un facteur de protection contre les maladies cardiovasculaires, les troubles du sommeil, le diabète, les maladies inflammatoires chroniques.

Le lien social améliore également la guérison après une chirurgie, la tolérance à la douleur et la régulation hormonale. D’ailleurs, une étude menée à Pittsburgh a montré que les femmes atteintes de cancer du sein et bénéficiant d’un bon soutien social avaient un taux de survie nettement supérieur à celles isolées.

4- Les liens intergénérationnels empêchent le déclin cognitif

Les échanges intergénérationnels mobilisent plusieurs zones clés du cerveau. Que ce soit le cortex préfrontal lié à l’attention, à l’écoute, à la mémoire. Ou bien l’hippocampe lié à l’apprentissage et à la navigation dans les souvenirs. Ainsi que le système limbique lié aux émotions.

Ainsi, les relations intergénérationnelles protègent le cerveau du déclin cognitif et contribuent à maintenir une bonne plasticité neuronale, c’est-à-dire la capacité du cerveau à créer de nouvelles connexions. D’ailleurs, une étude, menée par l’Experience Corps Program, aux États-Unis, a  montré que des retraités engagés régulièrement dans des activités de tutorat avec des enfants amélioraient leurs fonctions exécutives et leur mémoire. Tout en diminuant leurs risques de dépression.

En fait, le lien social est un médicament naturel. Sans effet secondaire. Sans ordonnance. À consommer à volonté et sans modération !

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Donner au lien intergénérationnel la place qu’il mérite

Alors, si ce lien entre générations est si puissant… Comment lui redonner la place qu’il mérite ? Et si nous osions changer de regard sur les différences d’âge, non plus comme des obstacles, mais comme des opportunités d’enrichissement mutuel ?

Je vous propose 3 grandes pistes pour raviver ces liens intergénérationnels dans votre quotidien, que vous soyez parent, grand-parent, jeune adulte ou ado.

1. Tisser du lien au quotidien… sans forcer

Le lien intergénérationnel peut commencer simplement. Pas besoin d’un grand projet.

Prenez cet exemple : une jeune bénévole qui vient chaque semaine jouer à 2 minutes de bonheur avec une dame de 85 ans. Elles rient, se racontent, échangent. Rien d’extraordinaire… et pourtant, cette rencontre devient un repère lumineux pour l’une comme pour l’autre.

Vous pouvez aussi appeler régulièrement un grand-parent ou une tante âgée. Proposer un jeu à un petit-neveu ou à une voisine plus jeune. Inviter à déjeuner une personne d’une autre génération, même sans occasion spéciale.

2. Valoriser les différences… pour mieux se compléter

Nous l’oublions trop souvent : ce qui nous sépare peut aussi nous rassembler.

Un ado peut apprendre la patience grâce à une grand-mère. Un senior peut redécouvrir la joie de rire avec un enfant. Un adulte peut s’ouvrir à d’autres manières de penser en écoutant un ado parler de ses passions ou de ses peurs. Écouter, c’est déjà relier. L’amour, l’empathie, la compassion sont les ingrédients clés de ces liens.
Barbara Fredrickson parle de résonance positive : ces moments de vibration mutuelle qui surviennent quand nous partageons une émotion vraie avec quelqu’un. Quelle que soit la génération. # 235 Les émotions positives

3. Favoriser les espaces où le lien intergénérationnel à sa place

Certaines structures vont plus loin en créant des lieux où les générations se côtoient naturellement. Et je salue ici leurs belles initiatives : les crèches dans des maisons de retraite, les jardins partagés animés par des binômes petits-grands. Ou encore les ateliers tricots ou informatiques, des cafés où seniors et étudiants se retrouvent pour des conversations à thème. Mais aussi les co-locations intergénérationnelles, les associations comme la Société de Saint-Vincent-de-Paul qui proposent des visites de personnes isolées.

Tous ces échanges créent des souvenirs partagés. Une forme de mémoire collective qui, mine de rien, nous enracine dans une histoire plus large que la nôtre. Et surtout, ces moments ensemble donnent à chacun le sentiment de compter. Ils apaisent, stimulent, soignent, simplement parce qu’ils reconnectent l’humain à l’humain.

 

En résumé, miser sur l’intergénérationnel

  • Est bon pour le cœur, le corps et l’âme
  • Apaise, enrichit, fait grandir
  • Transforme un simple moment en souvenir précieux

A vous de jouer, chers auditeurs, la carte de 2 minutes de bonheur vous propose d’engager une conversation ou de passer un coup de fil à quelqu’un qui n’a pas votre âge !

Avec Bulle de bonheur, prenez le temps d’être heureux !

La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur

« C’est Noël : il est grand temps de rallumer les étoiles. »

Guillaume Apollinaire

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