Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais je me suis souvent rendu compte que je reproduisais sans le vouloir des comportements reçus de mon enfance.

Certains ne me plaisent pas du tout ! Je m’entends élever la voix et dire à ma fille turbulente, « tu t’es encore tachée décidément tu ne ressembles à rien ! » Et là j’ai l’impression d’entendre ma mère… Je m’étais pourtant dit enfant, exaspérée par cette remarque que j’entendais tout le temps que jamais je ne la dirai à mes enfants. Et d’autres fois, je me félicite de reproduire cette vision optimiste de la vie dans laquelle j’ai toujours évolué !

Et là ça me chicotte.

Est-ce inévitable de reproduire ce qu’on a appris ? Est-on marqué au fer rouge par notre environnement ? Si certains schémas nous encombrent, pouvons-nous en défaire ou sommes-nous condamnés à les suivre toute notre vie ?

Qu’est-ce qu’un schéma ?

Vivre avec des schémas peut créer de vrais problèmes relationnels et émotionnels qui se répètent et qui nous étouffent ! Comment en prendre conscience et comment en sortir ?

Qu’est-ce qu’un schéma ? Y a-t-il plusieurs sortes de schémas et d’où viennent-t-ils ?

Autant de questions auxquelles on va essayer de trouver une réponse. Beaucoup de psychologues ou psychiatres se sont penchés sur ces fameux schémas.

Des études de psychologues

Emmanuel Kant au 18ème siècle énonce l’idée que l’homme traite l’information selon des « a priori » qui modifie l’apparence du monde dans lequel il vit.

Head, en 1911, localise dans le lobe pariétal ce qui assure la stabilité de l’image du corps et donc de la représentation de soi.

Le neuropsychologue de la mémoire Barlett (1932) rattache les schémas à la partie de la mémoire. Ce sont donc des croyances construites lors d’expériences vécues.

Puis Jean Cottraux, psychiatre français contemporain nous explique que les schémas représentent des interprétations personnelles et automatiques de la réalité. Une forme de préjugés tant vis à vis de notre environnement que de nous-même. Ils ont un lien avec notre capacité d’adaptation.

Enfin, Jeffrey Young psychologue américain contemporain a développé la schémathérapie. Il est l’auteur de ce livre « je réinvente ma vie : vous valez mieux que ce que vous croyez ! ». Pour lui, Les schémas trouvent leur origine dans notre l’enfance et se forment en fonction de ce que nous avons vécu dans notre famille, à l’école avec nos camarades. Ces comportements répétitifs créent en nous des schémas qui deviennent indissociables de nous-même. Même si certains sont destructeurs, y renoncer est comme renoncer à qui nous sommes et de quoi le monde est fait.

Par exemple, j’ai toujours vu ma mère faire un mouvement de recul devant un chien, elle en a peur. Cette expérience a inscrit en moi de faire attention aux chiens. Je suis d’ailleurs toujours vigilante quand il y en a un. Et j’ai beaucoup de mal à croire et à me sentir en sécurité en leur présence !

Il s’est basé entre autre sur les travaux de John Bowlby  #153 je suis sécure affectivement

Des schémas non limitatifs

Rassurons-nous, bien sûr, les schémas ne sont pas forcément limitatifs !

Effectivement, lors de notre enfance, notre éducation nous a permis de nous sociabiliser en apprenant quelques principes de vie de base. Dire merci, bonjour, au revoir. Nous prononçons ces mots souvent sans réfléchir, nous suivons un schéma tout tracé !

Par contre d’autres schémas peuvent finir pour nous coûter. Souvent nous en prenons conscience par la répétition d’attitudes nocives comme fuir devant un obstacle, se sentir malaimé, abandonné. Ou avoir peur de la solitude…

Comment prendre conscience de ses schémas inadaptés ?

C’est le plus souvent une personne extérieure, un ami, un conjoint, un collègue, notre enfant qui nous faire prendre conscience de nos schémas.

Par exemple, ce jeune de 17 ans qui a deux parents ingénieurs, des grands pères ingénieur, des oncles ingénieurs, son frère aîné en école d’ingénieur. Il va inconsciemment s’orienter vers une voie similaire sans se poser tant de questions que ça !  Il va appliquer et reproduire ce schéma professionnel qui semble convenir à chaque membre de sa famille donc ça lui conviendra aussi se dit il ! Tout cela bien sûr de façon totalement inconsciente ! Il suffit parfois d’échanger avec un ami, assister à une conférence ou rencontrer un professionnel pour ouvrir les yeux et prendre conscience que d’autres chemins existent.

Cette prise de conscience peut libérer des talents incroyables !

Ou bien ce jeune trentenaire, qui après des études brillantes, un job passionnant et dévorant, en discutant avec un de ses collègues fraichement divorcé, se rend compte qu’il passe à côté de sa vie de couple et de ses enfants qui grandissent. Il voulait juste reproduire l’exemple de ses parents qu’il avait toujours vu travailler d’arrachepied et avoir une exigence de réussite. Il a pris conscience que ce qui leur convenait à eux n’était pas obligatoirement ce qui lui, le rendrait heureux !

Rien de mieux aussi que vivre en couple pour que notre conjoint pointe du doigt les travers de notre père qui cherche l’isolement dans son garage. Ou sa mère qui a toujours besoin d’être entourée ou sa petite sœur qui se prend pour le vilain petit canard de la famille.

 

Quels sont nos schémas inadaptés ?

Jeffrey YOUNG qui a conçu la thérapie des schémas a remarqué que parmi ces patients beaucoup se heurtaient à des schémas récurrents au cours de leur existence.

Il les appelle les SPI schémas précoces inadaptés. Ils sont constitués de souvenirs, d’émotions, de pensées et de sensations corporelles concernant soi-même et ses relations avec les autres.

Des espèces de lunettes que l’on se met pour nous voir ou percevoir notre environnement pour que le tout correspondent à notre réalité intérieure. #157 j’apprends à vivre avec mon image

Selon lui toujours, les schémas surviennent si, au cours de l’enfance, nous avons subi des manques.

Il dénombre 6 types de manque liés à des besoins fondamentaux qui engendrent 11 schémas d’adaptation :

Manque de limite

Une enfant roi qui grandit sans un cadre sécurisant engendre un schéma de « tout m’est dû ». Ce sont des adultes qui ont peu de discipline personnelle, droit de tout faire… Celui qui se croit prince ou princesse.

 

Manque d’expression de soi

Un enfant qui a peu d’espace pour exprimer ses émotions, ses talents qu’ils soient intellectuels ou manuel peut engendrer un schéma d’exigence élevé. Ce sont des adultes qui ont pour moteur la réussite personnelle à tout prix ou encore un haut niveau d’exigence avec son entourage ou alors le schéma d’assujettissement c’est à dire sacrifier ses propres désirs, chercher à plaire à tout prix ou encore vivre dans des rapports dominé/dominant.

 

Manque d’estime de soi

Un enfant qui a été peu valorisé ou très critiqué peut créer le schéma d’échec avec des adultes qui ont un sentiment d’infériorité. Il peut fuir devant les possibilités de réussite. Ou encore le schéma d’imperfection avec des adultes qui ont l’impression d’être condamné à être mauvais, à ne pas être aimable.

 

Manque de sécurité

Un enfant qui grandit dans un environnement instable entraine le schéma de méfiance et d’abus. Comme avoir peur d’être blessé, trompé ou humilié et chercher à se protéger par la méfiance. Egalement le schéma d’abandon avec une grande peur d’être seul, les angoisses de séparation ou encore un attachement envahissant auprès de ces proches.

 

Manque d’autonomie

Un enfant surprotégé peut développer un schéma de vulnérabilité avec la peur d’une catastrophe imminente ou des peurs irraisonnables. Le manque d’autonomie entraine aussi le schéma de dépendance avec le besoin des autres, le manque d’envie de prendre des initiatives.

 

Manque de liens social

Un enfant peu en lien avec les autres et peu reconnu dans le groupe entraine le schéma de carence affective avec l’impression que personne ne l’aime, l’impression d’un vide intérieur impossible à combler. C’est aussi le schéma d’exclusion avec une impression de rejet qui induit la fuite de la compagnie des autres.

 

Comment sortir de ces schémas ?

Nous avons comme une boîte dans notre cerveau qui conserve la mémoire, la mémoire des bons mais aussi des mauvais souvenirs.

Si l’on se sent étouffé par des schémas de quel qu’origine que ce soit, vous pouvez seul ou avec l’aide d’un thérapeute pas à pas petit, en toute délicatesse, en respectant votre rythme, ouvrir cette boite à souvenirs avec bienveillance en vue d’identifier ce mal être, puis de le comprendre et enfin en guérir.

 

1ère étape : la prise de conscience

Cette prise de conscience permet d’atteindre la voie de la guérison ! A vous ensuite de raccrocher ce schéma à son origine, à ce besoin fondamental qui n’a pas été rencontré à un moment de votre vie. Surtout pas de culpabilité, vos parents, votre environnement ne sont pas forcément les responsables. Vous avez peut être mis en place cette attitude car c’était la plus optimale à ce moment-là. C’est par exemple cet enfant dont la mère part à la maternité pour la naissance de son petit frère et qui s’est senti abandonné. Il sera adulte sensible aux départs inexpliqués.

A celle dont on s’est moqué à l’école car elle était petite. Elle aura adulte du mal à aimer son corps. Ou encore celui qui, dans une relation amoureuse, dès qu’il se sent en insécurité, devient étouffant pour se rassurer. Il reproduit cette attitude dans toutes ces relations, l’empêchant de construire une relation durable !

Cette prise de conscience permet d’entamer un chemin peut être un peu long et parfois difficile, mais tellement salvateur !

 

2ème étape : la politique des petits pas

Il s’agit d’opérer des changements dans notre comportement, pas à pas, de façon douce avec beaucoup de patience. Soyons bienveillant avec nous même #39 Je pratique l’autocompassionn. Les changements ont besoin de temps de lenteur ! « qui va piano va sano » !!

Oui, cette période peut s’avérer compliquée car elle va sans doute aller chercher des habitudes bien ancrées ! Parfois des manques non formulés. Je pense à cet homme qui a toujours aimé faire plaisir quitte à en oublier ses propres besoins. La prise de conscience à 50 ans est compliquée pour lui. Que faire de ces manques ? De tous ces besoins non rencontrés ?

Une fois ce fameux schéma identifié comme encombrant ou étouffant, vous pouvez mettre en place un mécanisme de changement qui ne sera pas naturel les premières fois car vous vous sentirez bousculé. Si je reprends l’exemple de cet homme qui a cherché à faire plaisir, ça pourrait être apprendre à dire non !

 

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Un nouveau schéma de pensée

Même si les débuts sont difficiles et peu naturels, peu à peu, cette nouvelle habitude deviendra naturelle. Vous serez en plus motivé par le fait que ce nouveau schéma de pensée libère, fait du bien et permet de se connecter à soi-même !

Chaque prise de conscience est une petite victoire, un petit pas vers la liberté, quitte à sortir, pour un temps de sa zone de confort. # 57 Je sors de ma zone de confort

Notre cerveau a besoin d’apprivoiser les changements pour les adopter ; il a besoin de temps pour comprendre les bienfaits de ces changements.

Ce seront les premiers pas vers une vie plus apaisée et déjà allégée par le simple fait de se sentir en confiance et surtout écouté.

Car non seulement nous avons envie et besoin de comprendre notre fonctionnement, mais surtout nous avons envie d’aller mieux tout simplement et de nous libérer de ces fameux schémas bien encombrants.

 

Les bénéfices de sortir de ses schémas inadaptés

 

  • S’écouter et se chercher

  • Ce sont finalement les deux phases d’une forme d’auto-régulation de sa vie intérieure. En améliorant votre connaissance de vous-même, en débusquant les attitudes limitatives et adaptatives vous pratiquez une forme d’écologie personnelle #103 je prends le temps de l’introspection.

 

  • C’est un socle sur lequel vous pourrez bâtir des relations authentiques et profondes avec les autres. Il est plus facile de se connecter aux autres lorsque vous êtes déjà bien avec vous-même. Rappelez-vous, nous vous en avons parlé dans notre #70 Je suis la priorité numéro 1.

 

 

Mettre fin à ces schémas

Mettre fin à ces schémas qui nous empoisonnent permet aussi de diminuer notre stress. Prendre de la hauteur et faire un pas de côté dans le rythme du quotidien aident à voir les choses sous un autre angle. Ou à prendre du recul et à avancer grandi par les apprentissages de vos réflexions.

Par exemple, dans mon job, si je sens ma hiérarchie peu reconnaissante de mon investissement. Je stresse, comme un enfant qui ne fait pas plaisir à ses parents. Du coup, j’ai tendance à m’enfermer comme dans une tour d’ivoire pour travailler davantage pour être reconnu en oubliant que je suis dans une équipe. En prendre conscience permet d’adopter une attitude différente. Oser demander de l’aide, comprendre mieux les attentes se sa hiérarchie, partager sa difficulté. Ceci a la vertu de diminuer la charge mentale ! Et surtout de toucher les bienfaits de la vulnérabilité #49 je montre ma vulnérabilité.

 

En bref si je résume :

 

Pour vivre en paix avec vos schémas :

  • Prenez conscience du ou des schémas qui jalonnent votre quotidien.
  • Mettez en place la méthode des petits pas afin d’opérer des changements de comportement.
  • Et voyez les d’un nouvel œil, avec plus de légèreté, plus libre et surtout plus en accord avec moi-même.

 

A vous de jouer chers auditeurs, une carte de 2 minutes ensemble vous questionne sur une habitude qui vous coûte ! Quel petit pas choisissez-vous pour faire autrement ?

 

 

La petite mousse de la semaine est justement une vieille cuvée, elle nous vient d’Épictète le philosophe grec qui nous dit :

« Ce ne sont pas les événements de leur vie qui affectent les humains mais l’idée qu’ils s’en font. »

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