Se sentir humilié…

Je n’assiste que très rarement aux événements de réseautage : je m’y sens trop grande, pas assez jolie ni intéressante. J’ai peur que personne ne vienne me parler. Ou pire : que quelqu’un vienne et montre rapidement des signes de gêne ou de désintérêt.

Je dis rarement ce que je pense car je crains de déranger par mon opinion ou ma façon de l’exprimer et alors j’aurai tellement honte. Je me suis inscrite sur plusieurs comités de parents à l’école, il va me falloir les rentrer au chausse-pied dans mon agenda professionnel. En effet je m’implique, sinon je risque de passer pour la mauvaise mère absente de la vie de ses enfants. Ma meilleure amie trouve ça barbant. À la place, elle s’est inscrite à la zumba.

Et là ça me chicotte. D’où me vient cette urgence de cocher toutes les cases ? Je sais bien que je suis loin d’être parfaite ; alors pourquoi je n’arrive pas à l’assumer ?

Comment se manifeste la blessure d’humiliation ?

Dans notre épisode 117 « Je m’ouvre à mes blessures intérieures », nous avons développé le concept des blessures de l’âme. Le concept des blessures de l’âme est le fruit de la recherche du psychiatre américain John Pierrakos repris et vulgarisé par Lise Bourbeau, une femme québécoise spécialisée dans le développement personnel. Lise Bourbeau a identifié 5 principales blessures de l’âme : le rejet, l’abandon, la trahison, l’humiliation et enfin l’injustice.

Pour rappel, les blessures de l’âme sont des expériences douloureuses que nous aurions vécues pendant notre enfance et qui continuent d’influencer nos réactions et notre personnalité d’adulte. Ces cicatrices sont souvent profondes et bien souvent enfouies, tapies et prêtes à ressurgir ! Lise Bourbeau s’emploie à déconstruire cette croyance qu’il y a toujours un coupable à blâmer : nous ou les autres. Selon elle, plus nous accusons, moins nous faisons face à notre propre défi et plus l’expérience de la souffrance se reproduit. En revanche, si nous arrivons à regarder avec compassion la partie de nous ou des autres qui souffre alors les situations sont complètement transformées.

Se sentir humilié est une sensation bien désagréable. Alors comment s’en libérer ?

 

Quel est le sens du mot humilié ?

D’après le Larousse, l’humiliation est le sentiment de quelqu’un qui se sent atteint dans sa fierté, dans sa dignité. Il en résulte souvent un sentiment de honte et une blessure d’amour-propre. C’est une blessure qui se réveille tôt dans la petite enfance lorsque l’enfant comprend que ses comportements gênent ses parents. Il comprend progressivement leur ressenti par rapport à ses actions.

L’exemple typique c’est celui de l’enfant qui fait une bêtise ou qui aborde un sujet tabou en public. Son parent peut lui renvoyer sa gêne et sa honte voire l’accuser d’être un « cochon », « mal élevé » « ta réflexion est idiote » « tu ferais mieux de te taire » et l’enfant se sent humilié.

Rappelez-vous aussi de certaines punitions d’un autre temps qui avaient pour objectif d’afficher le mauvais comportement pour en dégoûter l’auteur et le forcer à le rectifier ; mettre les oreilles d’âne quand on ne sait pas sa leçon… L’enfant se sent rabaissé lorsqu’il sent que ses parents, son professeur, un adulte… essaient d’exercer un contrôle sur ses comportements. Lorsqu’il sent qu’on lui retire de sa capacité d’agir, de parler ou de bouger comme bon lui semble.
Il enregistre alors que ses comportements dégoûtent, gênent et s’en sent humilié.

Ce sont aussi des expériences qui peuvent se renouveler à l’adolescence lorsque chaque ado exprime davantage sa personnalité. J’ai le souvenir de ma mère sortant avec moi dans la rue et me disant « Regarde comment tu es habillée, tu me fais honte ». Et je me sentais humiliée…

 

Comment on se sent humilié ?

Quand elle parle d’humiliation, Lise Bourbeau fait bien la distinction importante entre la honte et la culpabilité. La culpabilité s’exprime lorsque nous jugeons comme mal ce que nous avons fait ou pas fait. La honte est plus personnelle : nous nous sentons mal par rapport à ce que nous venons de faire ou pas. C’est ce qui nous pousse à nous accuser, à nous cacher.

Lise Bourbeau nous explique que nous pouvons nous sentir coupable sans avoir honte ; cependant nous ne pouvons ressentir de honte sans culpabilité. Par exemple, ma réunion s’est éternisée, j’arrive en retard à l’école, je me sens coupable parce que mes enfants sont restés tard. Si les professeurs m’accueillent courroucés et me font une remarque accusatrice, je vais probablement aussi avoir honte.

D’ailleurs, si ce sujet de la honte vous intéresse et que vous souhaitez apprendre à vous en libérer, je vous recommande d’écouter notre Bulle de Bonheur # 141 Je ne peux pas plaire à tout le monde sur les formidables recherches de Brené Brown.

 

 

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C’est quoi la blessure d’humiliation ?

L’enfant qui souffre d’humiliation va développer le masque du masochiste. Vous le savez, le masochiste c’est celui qui se satisfait de sa souffrance et qui la recherche ; celui qui dit « le problème c’est moi » – souvent de façon inconsciente.

Ses comportements sont inconsciemment dirigés pour se punir avant que quelqu’un d’autre le fasse ; c’est sa façon de se protéger.

Par exemple, c’est cette personne qui, sous couvert de beaucoup d’autodérision, fait ressortir ses propres travers ou ses faiblesses. Inconsciemment, elle s’humilie systématiquement. J’ai une amie qui nous accueille toujours à dîner en disant « j’espère que vous n’êtes pas venus pour la qualité du repas ; la cuisine ce n’est vraiment pas mon fort ! ». La plupart du temps, elle s’est mis une pression de malade, s’est donné beaucoup de mal et c‘est très bon.

 

Pourquoi se sentir humilié fait souffrir ?

Voici quelques caractéristiques du caractère de celui qui porte le masque de l’humiliation masochiste :

• La personne qui se sent humiliée n’aime pas aller vite car elle ne s’en croit pas capable. Vous le savez, aller vite est une injonction très forte dans notre société. Le masochiste anticipe que c’est une potentielle source de honte pour lui, alors il ralentit en prévision, pour se protéger. Si vous ressentez cette pression à la vitesse, je vous invite à réécouter notre épisode #138 Je prends le temps d’être heureux.

• Le masochiste est une personne qui en prend beaucoup sur le dos, quelqu’un qui donne l’impression de vouloir cocher toutes les cases, tout faire bien, une sorte de perfectionniste. L’enfant qui se met une énorme pression pour être le premier, l’adulte qui travaille comme un fou pour rendre des dossiers parfaits. Les bons résultats forment une carapace protectrice.

• Le masochiste est d’un naturel contrôlant. Il croit que tout contrôler est une bonne solution pour éviter de faire honte ou de ressentir de la honte. C’est par exemple ce parent qui tient absolument à ce que ses enfants passent des étapes comme la marche le plus tôt possible, sinon il aura honte de lui-même en tant que parent.

 

Rendre service aux autres pour éviter de se sentir humilié

Ceux qui ont peur de se sentir humilié se placent souvent dans ses situations où ils rendent service aux autres. Ils cherchent à aider les autres pour éviter de leur faire honte. Cependant, la plupart du temps, ils ne se sentent pas suffisamment reconnus pour tout ce qu’ils font et ont souvent l’impression que les autres abusent d’eux et de leur générosité. « Une fois de plus je me suis fait avoir ! », « Jamais un merci ».

Prenons le cas d’une maman qui se met une pression de dingue pour que tout soit parfait, ses enfants bien habillés, bons à l’école, pleins d’activités, une super woman au boulot, toujours souriante, bien habillée, très pro, les dossiers toujours rendus à l’heure et impec ! Une compagne sans reproche qui fait tout pour l’épanouissement de son couple.

Sur le papier, c’est idéal sauf que cette façon de se rendre indispensable renvoie inconsciemment à l’entourage l’impression de manquer d’autonomie.

Évoquons aussi le fait que si cette femme s’oublie, qu’elle prend trop sur elle, qu’elle ne se sent pas alignée, là ça coince. Et un jour, ce costume soigneusement porté, peut se fissurer, devenir trop petit et très inconfortable ! Vous pouvez réécouter notre épisode #70 pour vous rappeler que vous êtes la priorité N°1.

L’humilié et ses besoins

Par ailleurs, tellement occupé à prendre soin des autres et à remplir ses nombreux devoirs, le masochiste est rarement conscient de ses propres besoins et les exprime très peu. Il est déconnecté de ce qu’il ressent car dès la petite enfance, il a pu enregistrer qu’il est inapproprié de parler de ce que l’on ressent. Il a appris que cela faisait honte à ses parents de le voir s’écouter et se confier. Écoutez l’épisode #140 Je suis émotionnellement intelligent pour apprendre à lire vos émotions.

Le masochiste s’est coupé de ses propres aspirations pour s’en construire artificiellement de nouvelles qui correspondent aux domaines qui rendront fiers ses parents. Par exemple, nous ne comptons plus les exemples de trentenaires qui se reconvertissent après un coaching. Parce qu’ils réalisent étant adultes qu’ils ont aveuglément suivi les autoroutes sur lesquelles les ont guidés leurs parents, avec les meilleures intentions. Ne pas écouter ses besoins renforce la blessure d’humiliation car il ne se sent pas assez important pour être digne d’être écouté et entendu. Les épisodes #12 J’identifie mes besoins et #69 Je pratique l’art de la demande peuvent vous donner un petit coup de pouce.

 

Éviter la critique pour éviter de se sentir humilié

Le masochiste est extrêmement sensible à la critique car cela renforce son sentiment de honte. Il a déjà naturellement une forte tendance à se rabaisser – rappelez-vous l’autodérision – alors la moindre critique supplémentaire, le moindre trait sarcastique venant des autres l’atteint profondément.

Il se rend coupable de tout et prend toutes les fautes et les erreurs. Même celles des autres sur lui car il croit dur comme fer que cela fera de lui quelqu’un de bien, de digne d’amour.

Par exemple, une femme portant le masque masochiste fait la liste de courses en omettant le lait qu’ils achètent toujours d’une semaine à l’autre. Le mari rentre sans, et sa femme l’accuse d’avoir oublié d’en acheter. Cependant, si elle s’agace, c’est surtout parce qu’elle s’en veut de ne pas l’avoir écrit sur la liste, de l’avoir oublié. Elle prend sur elle une erreur collective.

Souvent, la personne masochiste est muette devant la critique. Car elle-même n’en pense pas moins et n’a pas une opinion très positive d’elle-même. Elle ne sait pas trouver les ressources pour se défendre et va se ruer dans l’action pour rectifier la situation. Elle a tendance à se punir elle-même avant que quelqu’un d’autre ne le fasse.

Lise Bourbeau raconte qu’une maman lui avait confié se sentir coupable d’avoir du temps libre ou du plaisir. Même lorsque tout était fait et que sa famille s’installait pour regarder une émission tous ensemble, elle n’arrivait pas à s’asseoir. Et elle regardait le programme debout, pour être disponible s’il fallait faire quelque chose entre temps. Son sens du devoir l’empêchait de se détendre.

Plus généralement, le masochiste a souvent de la difficulté à communiquer avec les autres car il est hanté par ses peurs. Peur de blesser, d’être incompris, ridicule, égoïste. De plus, il ne se sent pas digne d’être écouté.

 

La peur de se sentir humilié engendre une peur de la liberté

La plus grande peur du masochiste est la liberté. C’est à la fois ce qu’il désire le plus et ce qui lui fait le plus peur. Être libre pour lui revient à ne rendre de comptes à personne, à pouvoir être pleinement lui-même sans avoir honte.

Les masochistes ont souvent le sentiment d’avoir été privés de leur liberté pendant leur enfance et leur adolescence. Ils se sont sentis brimés dans leurs sorties, leurs activités ou encore leurs fréquentations.

Alors pourquoi a-t-il peur de cette fameuse liberté me demanderez-vous ? Parce que, lorsqu’il se sent enfin libre, le masochiste a tendance à faire sauter tous les verrous. Il devient excessif, « il tombe dans le trop » selon l’expression de Lise Bourbeau. Il se met à trop manger, trop acheter, trop parler… Or, dans ces moments-là, le regard des autres lui pèse particulièrement. Car évidemment ses comportements suscitent une certaine perplexité. Il se sent humilié et de nouveau il a honte. C’est pourquoi il craint la liberté car il est convaincu qu’elle lui fera faire tous un tas de choses honteuses. Il se persuade qu’il ne saurait pas gérer. Voilà pourquoi il remplit son agenda et sa vie d’obligations qui remplissent le vide de façon appropriée.

Donc, alors qu’il souhaite avant tout se libérer, le masochiste s’enferme inconsciemment. De plus, il s’enferme dans des domaines ou des activités qui ne correspondent pas à ses besoins. Ce qui renforce son sentiment de ne pas compter. C’est un sacré cercle vicieux. Pour surmonter vos peurs, vous pouvez écouter notre bulle de bonheur #18.

 

Comment faire quand on se sent humilié ?

Voilà le portrait complet que nous pouvons dresser d’une personne qui souffre de la blessure d’humiliation. Et qui met tout en œuvre pour s’en protéger, pour éviter de la ressentir de nouveau. Alors que faire ? Si vous vous êtes retrouvé(e), osez-vous regarder dans ce miroir et éventuellement prendre conscience que vous en souffrez. Ou bien relisez les comportements de ceux qui vous entourent à la lumière de ce profil.

Selon Lise Bourbeau, c’est l’étape la plus décisive et douloureuse de la guérison émotionnelle, mentale et physique. Reconnaitre à quel point nous avons pu ressentir de la honte ou faire honte est parfois un choc.

Lise Bourbeau propose un autre moyen d’approcher ce profil. En nous demandant si nous avons naturellement tendance à prendre sur nous les engagements et les responsabilités des autres.

Prendre conscience de sa blessure est nécessaire pour la deuxième étape de la guérison qui consiste à pardonner à soi-même et/ou aux autres. Ainsi, le masochiste peut se sentir digne d’être aimé, entendu, apprécié pour ce qu’il est. Avant de faire ce travail de pardon que nous allons explorer bientôt, je vous recommande quelques épisodes à écouter pour entamer le travail :
#39 je pratique l’auto-compassion : pour apprendre à vous occuper de vous-même avec la même bienveillance que celle dont vous entourez les autres. Pensez-y, vous êtes votre meilleur ami !
#78 je suis vraie : pour apprendre à faire progressivement tomber les masques et collecter les fruits de l’authenticité
#14 je gagne en autonomie : pour développer votre écoute de vous-même et comprendre vos besoins.

 

Se sentir humilié : Comment en sortir fort et confiant

En résumé : la blessure d’humiliation

1- Fait ressentir de la honte.
2- Pousse à contrôler, ignorer ses besoins et à se jeter pleinement au service
3- Crée la peur d’avoir trop de liberté
4- Se guérit par la reconnaissance de la blessure, l’écoute bienveillante de soi et la reconnexion à ses propres besoins et désirs.

A vous de jouer chers auditeurs, la carte de 2 minutes de bonheur vous propose de faire sauter une petite obligation dans votre agenda de la semaine. Pour la remplacer par quelque chose qui vous fait du bien.

La petite mousse nous vient du grand écrivain japonais Haruki Murakami : « Les blessures émotionnelles représentent le prix à payer pour être soi-même ».
Avec Bulle de bonheur, prenez le temps d’être heureux !

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