Dans les réunions familiales, je n’ose jamais prendre la parole en groupe. J’ai toujours l’impression que les autres savent mieux que moi. Je doute tellement de moi, que même lorsque je sens que je pourrai tenter quelque chose, je me détourne, de peur de faire ou dire une bêtise. Ce qui me rassure parfois c’est la reconnaissance des autres, leurs compliments. Et encore là, j’ai l’impression de ne pas être à ma place, de ne pas les mériter, de détonner dans le tableau d’ensemble. Est ce que je souffre du complexe d’infériorité ?
Je m’excuse tout le temps de donner mon opinion, j’ai tellement de mal à affirmer mon point de vue. D’ailleurs, pourquoi me demandent-ils mon avis ? Et puis, mes frères et sœurs se moquent souvent de moi qui ne prends aucun risque et n’ose pas grand-chose.
Et là, ça me chicotte : que se passe-t-il pour moi ? Suis-je condamnée à me mettre toujours en retrait ?
Qu’est-ce qu’un complexe en psychologie ?
Le complexe d’infériorité, vous connaissez je suppose, car il est passé dans le domaine du langage courant. Pourtant, il est encore mal connu. Décortiquons-le ensemble. Un complexe en psychologie n’est pas forcément quelque chose de négatif. Cela traduit souvent un ensemble de comportements conscients ou non, adoptés par une personne en réponse à un ressenti. Il en existe toute une palette comme le complexe d’Œdipe. Celui-ci se traduit souvent par une relation particulière, conflictuelle ou non avec le parent du même sexe, dans une compétition pour obtenir l’amour du parent de sexe opposé.
Ou encore le complexe de Peter Pan. Il désigne les comportements qui trahissent notre inquiétude à l’idée de grandir. Un complexe a une utilité : c’est un mécanisme de défense. Il nous protège de nos peurs, de ce qui serait trop violent si nous décidions d’y faire face. Et ce, même lorsqu’il génère lui-même de la souffrance. Car le cerveau humain sait bien se protéger de la souffrance par une autre souffrance. Par exemple, se trouver trop grande ou trop ronde est une façon de se protéger contre ceux qui ne manqueront pas de vous faire une remarque désobligeante à ce sujet.
Le complexe d’infériorité : une loupe déformante sur soi
Ici, nous nous intéressons au complexe d’infériorité. L’infériorité, par nature, se définit dans la relation, dans la comparaison à un autre. Ici c’est le fait de se sentir toujours moins bien que les autres, moins beau, moins intelligent, moins charismatique, moins talentueux ou plus maladroit, plus impatient… Bref vous avez compris l’idée.
Le complexe d’infériorité repose sur la comparaison aux autres, ce mécanisme qui empoisonne nos vies et dont l’emprise est décuplée par les réseaux sociaux. Les autres fonctionnent comme un miroir grossissant de nos petits défauts et faiblesses et leur donne tout l’espace, si bien que nous ne voyons plus que ça. C’est moi qui vois le charisme fou de mon mari qui s’exprime si bien lors des dîners avec des copains. Je n’ose plus prendre la parole tant je me sens toute petite à côté. Le complexe d’infériorité est comme une loupe malfaisante qui nuit à notre estime de nous et nous empêche de nous voir tels que nous sommes.
Origines du complexe d’infériorité
D’après Alfred Adler, psychothérapeute autrichien du début du XXème siècle, le complexe d’infériorité est un passage obligé dans la vie humaine. Il trouve sa source dans la petite enfance, au cours de laquelle nous sommes naturellement en situation d’infériorité par rapport aux adultes. Au cours de cette période, l’enfant développe des mécanismes de compensation qui le forcent à se dépasser pour gagner en contrôle sur son environnement. C’est ce qui lui permet de développer ses capacités, son autonomie et de gagner en confiance en lui.
Je vous renvoie à notre épisode #221 sur la théorie de l’autodétermination. Cependant, parfois, ces mécanismes de développement naturel se retrouvent bloqués et de là se construit la croyance que nous ne sommes pas à la hauteur, que nous sommes défaillants. Par exemple, je fuis toute activité physique parce que j’ai tellement été moquée sur mon niveau sportif par mes parents et mes frères lorsque nous étions jeunes, qu’aujourd’hui je me suis persuadée que ce n’est pas pour moi. Que je n’ai pas ce talent. Il peut aussi trouver son origine dans les railleries de nos camarades ou pairs lorsque nous étions jeunes. Les enfants peuvent être cruels et cela peut laisser des traces.
La vision de nous-mêmes quand on souffre d’un complexe d’infériorité
Ce complexe se matérialise dans notre vision distordue, caricaturale de la réalité. Nous ne nous voyons plus tels que nous sommes, nous voyons uniquement la réalité négative en version augmentée. Nous sommes trop gros ou trop timide, pas assez ceci ou cela. Les causes peuvent être réelles – peut-être qu’en effet, je suis réservée. Or, sous l’effet de la comparaison à l’autre, je ne vois plus que cela et ma timidité prend toute la place. M’empêchant notamment de voir mes forces. La comparaison à l’autre aussi est tordue, nous le voyons souvent avec une seule paire de lunettes, non ajustée.
L’autre jour, j’étais avec mon mari, et une maman de l’école est venue discuter avec nous. Quand elle est partie, j’ai fondu en larmes, elle était tellement parfaite, tellement douce, drôle, pétillante. Mon mari m’a dit « euh, je crois que nous n’avons pas parlé à la même personne. Moi, je la trouve surfaite et arrogante ». L’anecdote est drôle ! Cependant, nous avons quand même décortiqué ça ensemble après. Car ma réaction illustrait une nette surestimation des qualités de cette jeune femme ou un sérieux déficit d’estime de moi-même.
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Reconnaître les signes du complexe d’infériorité
Vous vous rabaissez, vous sous-estimez vos capacités
Cela se voit notamment dans le regard des autres dont les attentes vous semblent démesurées. Je pense à ma boss qui me voit dans un certain poste dans lequel je ne peux pas m’imaginer une minute tant les responsabilités et les compétences de leadership me semblent loin de moi.
Vous êtes guidé/e par la peur
Typiquement, dans la situation que je viens de décrire, vous expliquez par A + B pourquoi vous n’êtes pas fait pour ce défi. Pire, vous refusez la promotion par peur de ne pas y arriver. Vous pouvez réécouter notre épisode #18 pour explorer le sujet de la peur.
Rechercher la reconnaissance, la validation des autres pour être content de soi
Vous n’arrivez pas à vous satisfaire de votre propre réussite. Alors, vous attendez tout le temps les compliments des autres. Le revers de la médaille est que les critiques vous blessent exagérément.
Surcompenser sa peur
Vous surcompensez votre peur et votre manque d’estime de vous-même par un excès de travail par exemple ou un excès de contrôle sur votre environnement, un trop plein d’agir face à un défi.
Vous avez un problème de légitimité
Lorsque vous êtes en groupe, vous ne vous sentez pas légitime. Les autres sont tellement mieux que vous ne vous sentez pas à votre place. D’ailleurs, vous vous excusez tout le temps pour tout. D’être là, de parler, d’avoir une opinion, de mal faire. Par exemple, je me suis rendu compte qu’il était très fréquent que j’exprime mon opinion avec tout un tas de précautions oratoires. « Je ne sais pas si je suis assez claire », « je ne suis pas experte », « peut-être que je me trompe »… Reflétant sans doute mon inquiétude de ne pas être assez pertinente par rapport aux autres.
Vous vous isolez du groupe
Car vous êtes mal à l’aise lorsque vous êtes au centre de l’attention.
Vous observez beaucoup les autres
Et voyez leurs défauts ou leurs qualités bien plus grands qu’ils ne sont.
Vous êtes perfectionniste
Vous vivez le moindre ralentissement ou obstacle comme un échec personnel alors que vous vous fixez souvent des standards et des attentes élevées.
Pourquoi est-ce important de traiter le complexe d’infériorité ?
L’impact sur l’estime de soi et la confiance en soi
Évidemment, nous passons tous parfois par ces phases. Cependant, si ces comportements se reproduisent très souvent et intensément, c’est là que vous pouvez vous interroger. Se sentir inférieur de temps en temps est humain. Lorsque cela devient un réflexe chronique, cela peut avoir des répercussions plus importantes. D’abord, parce que le négatif appelle le négatif – Rappelez-vous je vous en ai parlé dans notre bulle de bonheur #260 Je me plains. Ensuite, parce que votre capital « estime de vous-même » se réduit. C’est-à-dire votre capacité à vous apprécier, à bien vivre avec vous-même.
Et en conséquence, vous avez trop peu confiance en vous pour vous lancer de nouveaux défis, oser, essayer. Ou prendre des risques mêmes mesurés. Indirectement, tout ceci influence négativement votre motivation, votre enthousiasme et votre optimisme, ce qui nuit à votre bien-être. Je vous renvoie à nos épisodes #57 sortir de sa zone de confort et #87 J’ose oser.
Le risque d’enfermement dans des mécanismes de compensation
Par ailleurs, un complexe d’infériorité peut déclencher des mécanismes de compensation. C’est souvent subtil et pourtant ces façons de réagir finissent par influencer inconsciemment nos comportements. Parfois, de peur d’être blessé, nous nous mettons par défaut en mode attaque ce qui nous rend injustement agressif avec les autres. Par exemple, je pense à une femme que j’ai accompagnée et qui était très complexée par ses études qu’elle estimait trop faibles par rapport aux parcours de sa fratrie. Elle évitait donc soigneusement ce sujet lorsqu’elle était en famille ou elle changeait de pièce pour fuir la conversation.
Que dire de celui qui souffre de se sentir trop timide ou pas assez drôle en société et qui boit un coup de trop pour se désinhiber. Ça peut être aussi un enfant qui refuse de se présenter aux sélections pour intégrer l’équipe de foot, tellement il est persuadé d’être beaucoup trop faible par rapport aux autres.
Une expérience ratée peut pousser à se poser en victime, comme si tout ce qui arrive était le fruit de la fatalité. Ça empêche de voir les opportunités d’amélioration. « Je n’ai pas eu cette promo parce que je ne suis jamais considérée, pas assez visible et les autres sont toujours meilleurs ». Cette attitude empêche de voir les comportements ou les compétences à développer pour justement arriver au niveau du dessus, si c’est votre souhait. Vous voyez bien ici qu’en plus de vous empêcher d’être vous-même, le complexe d’infériorité peut aussi troubler vos relations aux autres pourtant tellement importantes à notre bien-être durable.
Comment surmonter un complexe d’infériorité ?
Prendre du recul : observer sans juger
Avant toute chose, faites délibérément un pas de côté. Regardez-vous de façon neutre comme si vous observiez quelqu’un d’autre. Contextualisez les situations pour repérer les moments où s’exprime votre complexe d’infériorité. Demandez-vous ce qui signale vraiment – et j’insiste sur ce mot – que vous êtes moins bien que les autres. Regardez la supposée supériorité des autres et votre soi-disant infériorité en vous demandant si elles sont réelles.
Accepter ses imperfections et développer l’authenticité
Acceptez vos imperfections. Plus facile à dire qu’à faire. Nous avons développé ce sujet avec l’aide de la formidable Brené Brown dans notre épisode #160 sur la honte et le perfectionnisme. Nous sommes programmés pour la performance et la perfection. Souvent, nous avons internalisé qu’être parfait ou correspondre aux attentes de nos proches était le seul moyen d’être aimés, d’appartenir au groupe, ce qui est ce à quoi nous aspirons tous.
Notre biais d’auto-évaluation joue à plein. Ce mécanisme du cerveau qui vérifie, via la comparaison aux autres, que nous correspondons aux standards, que nos capacités, nos opinions et nos valeurs sont bien alignées avec celles du groupe. Par ailleurs, notre estime de nous-même est souvent conditionnée au regard des autres. Nous avons besoin d’être validés par tout le monde. Ainsi, nous nous efforçons de rentrer dans le moule. Nous modelons ce que nous sommes pour adopter des attitudes et des comportements approuvés par le groupe.
C’est ce que j’explore dans notre 2ème épisode sur les recherches de Brené Brown – #141 Je ne peux pas plaire à tout le monde. Prendre conscience de nos biais est la 1ère étape pour nous reconnecter à nous-mêmes et accepter nos faiblesses. Personne n’est parfait et c’est précisément ce qui nous rend unique, important et aimable. Ce sont ces imperfections qui nous connectent aux autres et nous permettent de bâtir des relations durables. L’authenticité et la vulnérabilité, le fait de faire tomber le masque que nous portons sont des étapes précieuses pour se réapproprier notre dignité individuelle et reconstituer nos réserves de confiance en nous.
Limiter les sources de comparaison
Pour ce faire, efforcez-vous de combattre votre propension à vous comparer. Ça peut passer tout simplement par couper les sources de comparaison. Je pense notamment aux réseaux sociaux qui nous présentent une réalité factice qui, hors contexte, est souvent une source d’insatisfaction de nos vies. Car celles des autres ont l’air tellement mieux. Pour casser le manque d’authenticité des réseaux sociaux, créez et renforcez des relations vraies et authentiques avec les autres.
Ainsi vous comprendrez que la maman de l’école qui gère tout et est toujours souriante est peut-être parfois elle aussi crevée ou un peu découragée. Vous gagnerez même peut-être une amie. Une autre idée : choisissez bien votre entourage. Certaines relations peuvent être toxiques et nourrissent votre faible estime de vous-même. Rapprochez-vous des gens qui sont bienveillants, empathiques et positifs. Prenez le large de ceux qui sont systématiquement critiques ou qui ne se montrent que rarement tels qu’ils sont.
Cultiver ses forces et ses talents personnels
Sur cette base, vous allez libérer de l’espace pour être vous-même, cultiver vos talents, vos différences et renforcer vos forces. Être différent des autres n’est pas le signe que vous êtes moins bien que les autres, c’est ce qui fait que vous êtes vous-même aimable pour ce que vous êtes.
Pour ce faire, je vous recommande de vous concentrer sur vos forces et vos talents plutôt que d’essayer à tout prix de gommer vos imperfections pour devenir une autre version de vous-même qui est finalement moins vous-même. La reconquête de l’estime de soi passe par notre capacité à cultiver nos talents et les occasions ne manquent pas pour le faire. Vous pouvez réécouter nos épisodes #24 sur les talents et les forces pour démarrer à travailler sur ce sujet.
Célébrer ses réussites et développer l’autonomie affective
Célébrez le positif, félicitez-vous, soyez votre meilleur ami. Tenez un journal de gratitude dans lequel vous gardez une trace de vos joies, vos émerveillements, vos petites victoires. Cela va vous apprendre à vous valider et vous encourager vous-même. Vous allez gagner en autonomie affective, ce qui est libérateur. C’est un réservoir précieux où puiser pour recharger vos batteries et votre confiance en vous.
Oser sortir de sa zone de confort pour renforcer l’estime de soi
Vous pourrez ensuite essayer de nouvelles choses, prendre plus de risques et même déconstruire vos mécanismes de compensation. À quand le moment où vous oserez exprimer votre désaccord avec vos frères et sœurs pendant le prochain repas de famille ou proposer une approche différente en réunion ? Ou tout simplement pousser la porte de cette salle d’escalade parce que vous mourrez d’envie d’essayer ? Sortir de sa zone de confort, oser, sont des carburants puissants pour augmenter nos capacités et aussi renforcer notre estime de nous-mêmes. Et nous sentir plus autonome et capable, afin de garder notre motivation et renforcer notre bien-être. C’est un cercle vertueux.
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En bref, si je résume, le complexe d’infériorité
- Est un mécanisme de protection contre nos faiblesses supposées et contre les critiques
- Nous fait voir les autres en mieux et nous-même en moins bien.
- Peut se combattre en célébrant ses talents et en s’acceptant
A vous de jouer chers auditeurs, cette semaine la carte de 2 minutes de bonheur vous propose de marquer une pause la prochaine fois que vous vous comparerez aux autres et de vous parler comme si vous étiez votre meilleur ami. Succès garanti !
Avec Bulle de bonheur, prenez le temps d’être heureux !
La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur
« La personnalité commence là où la comparaison se termine. »