De nombreuses personnes vivent une blessure d’injustice sans s’en rendre compte. L’histoire qui suit ressemble peut-être à la vôtre.

L’injustice, ça me connaît ! Ma soeur s’en tire bien : comme elle vit à 5 000 bornes en expatriée, elle me laisse m’occuper de nos parents qui ont bien besoin de notre soutien au quotidien. En plus, je n’ai pas d’aide. Comment la demander alors qu’il me semble que c’est bien le devoir des enfants de s’occuper de leurs parents qui vieillissent, non ?

Et en plus, mon collègue a été promu manager à ma place alors qu’il assure vraiment moins ! Je vais me rattraper avec cette présentation : j’y passerai le temps qu’il faudra et elle sera parfaite. Comme ça, notre boss verra la qualité de mon travail et reconnaîtra son erreur.

Et là, ça me chicotte : pourquoi ai-je si souvent l’impression que les autres s’en tirent mieux que moi alors qu’ils ne le méritent pas forcément ? Je compense comme je peux et je me rends compte que ça m’épuise. Comment sortir de ce cercle vicieux où je me sens tout le temps frustrée ?

Comment reconnaître la blessure d’injustice ?

Nous terminons notre série sur les blessures de l’âme. Toujours guidés par la thérapeute canadienne Lise Bourdeau et son formidable essai Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même. Je vous ai parlé des 4 premières blessures : l’humiliation #196, le rejet #199, l’abandon #205 et la trahison #209. Cette semaine, j’aborde la blessure de l’injustice.

Pour rappel, nos blessures de l’âme remontent à des situations vécues lors de notre enfance. Elles viennent moins du contexte qui les a déclenchées que de la façon dont nous les avons accueillies et de notre ressenti. Souvent, elles nous ont marqué au plus profond : dans notre âme justement. Et elles nous ont poussé à développer des comportements systématiques, des réactions automatiques qui forment un masque. Nous revêtons inconsciemment ce masque pour nous protéger de la blessure et éviter de la ressentir de nouveau.

Définition de la blessure d’injustice

Pour ce qui est de la blessure d’injustice, je vais de nouveau m’autoriser un petit détour par la définition. Pour citer Lise Bourdeau, la justice « se définit comme l’appréciation, la reconnaissance et le respect des droits et du mérite de chacun ».

Les synonymes de la justice sont l’équité, la droiture, l’impartialité, l’intégrité. La justice c’est donc le respect de la personne selon sa dignité et ses mérites. Encore une petite digression avec le Larousse : le mérite « est ce qui rend quelqu’un ou sa conduite digne d’estime, de récompense ». Cela désigne « l’ensemble des qualités louables de quelqu’un ».

Les personnes qui souffrent de la blessure d’injustice ne se sentent pas appréciées à leur juste valeur.

C‘est donc une blessure qui vient toucher notre être de façon assez intime et aigüe. Gardons en tête que cela peut aller dans les deux sens. La personne peut se sentir blessée de ne pas être aimée à la hauteur de ses mérites ou au contraire de ne pas mériter l’appréciation qu’elle reçoit.

L’importance de traiter cette blessure d’injustice

Levez la main si vous avez déjà entendu un enfant se plaindre que « c’est pas juste ! ». Je suis sûre que vous avez tous le bras en l’air ! L’injustice est une blessure qui survient plus tard que les autres : entre 4 et 6 ans, lorsque l’individualité de chacun commence à vraiment s’exprimer. Dans la plupart des cas, la blessure de l’enfant s’imprime lorsqu’il sent qu’il ne peut pas être totalement lui-même, qu’il ne peut pas s’exprimer ou agir seulement à sa guise.

C’est une blessure qui est plus souvent vécue avec le parent de même sexe. L’enfant perçoit de la froideur chez ce parent. Il associe l’autorité du parent, ses consignes et le cadre que celui-ci lui fixe à de la critique, de l’autoritarisme, de l’intolérance voire même à du conformisme.

Lise Bourdeau a aussi pu observer que certaines personnes qui souffrent de cette blessure n’ont pas le souvenir d’avoir entretenu de mauvais rapports avec le parent du même sexe. D’après Lise Bourdeau, c’est parce que la relation restait assez superficielle, ni parents ni enfants ne parlaient librement de leurs ressentis.

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Comprendre la blessure de l’âme qu’est l’injustice

Les personnes qui souffrent de cette blessure développent le masque du rigide

C’est pourquoi les personnes qui souffrent de la blessure d’injustice développent le masque du rigide. Le rigide se coupe totalement de ses ressentis, pour s’épargner.

Attention, il n’est pas insensible !

Au contraire.

Les rigides sont souvent particulièrement sensibles. Cependant, ils font tout leur possible pour le contenir et le cacher aux autres. Un point intéressant ici : maintenant que vous connaissez toutes les blessures de l’âme, vous pouvez faire des parallèles entre le rigide et le fuyant qui souffre de la blessure du rejet.

Souvent, le rigide est un enfant qui s’est senti rejeté étant petit et a fait tout son possible pour devenir parfait pour ne plus être rejeté. Après quelques années, il constate que ses efforts de perfection ne sont pas appréciés à leur juste valeur, ce qui n’est pas juste. Il devient alors rigide, se contrôle encore plus et évolue vers le perfectionnisme.

Se couper de ses émotions lui permet de ne pas se sentir rejeté, ni de ressentir l’injustice de sa situation.

Je vais entrer plus en détails sur les caractéristiques du masque du rigide pour vous aider à le détecter en vous ou chez les autres. Rappelez-vous que si vous observez ces comportements chez les autres, c’est qu’ils souffrent. Aussi, je vous recommande de faire preuve de bienveillance auprès d’eux, une bienveillance et une douceur éclairée par la compréhension de l’autre.

Le rigide cherche la justice à tout prix

Tout d’abord, le rigide cherche la justice à tout prix.

Il est convaincu qu’il doit avoir le comportement juste donc adéquat, opportun en toutes situations.

Les rigides deviennent perfectionnistes, car ils pensent que perfection équivaut à justesse. Que si ce qu’ils font et disent est parfait, alors ce sera toujours nécessairement juste. Depuis qu’il est très jeune, le rigide a enregistré qu’il est plus aimé pour ce qu’il fait que pour ce qu’il est. C‘est pourquoi il est dans une quête permanente de performance et ne demande pas d’aide aux autres.

Le rigide manque d’ailleurs souvent de temps pour faire tout ce qu’il a à faire, seul et parfaitement. Il veut souvent trop en faire car il doit être parfait partout. Je pense souvent à ces mamans que je reçois en entretien et qui souvent frisent le burn out parental. Elles se donnent tellement de mal à la maison et parfois aussi au bureau ! Elles rivalisent de créativité en cuisine, s’impliquent à l’école, encadrent les activités périscolaires des enfants, inventent des bricolages pédagogiques pour le week-end. Ou encore elles passent leur vie à la bibliothèque pour sélectionner les meilleures histoires à lire.

Ces mamans sont souvent guidées par leur besoin de contrôle. Ce contrôle est leur façon de gérer leurs peurs : peur que la situation leur échappe, que leurs enfants ne développent pas le maximum de leur potentiel, peur aussi d’être imparfaite. Le rigide se créé souvent des obligations – comme par exemple, rejoindre l’association des parents d’élèves de l’école – pour atteindre la perfection selon l’image qu’il s’en fait.

Le rigide est il si peu défendable ?

Un petit point d’attention ici.

Il serait aisé de se dire : finalement ce rigide c’est avant tout quelqu’un qui essaie de progresser, de devenir la meilleure version de lui-même, qu’y a-t-il de mal à ça ?

Revenons à l’intention : le rigide s’en rajoute beaucoup pour se contrôler lui-même, c‘est-à-dire qu’il est guidé par la peur de mal faire ou d’avoir des limites. Les obligations qu’il s’ajoute ne sont pas guidées par ses objectifs, ses désirs ou ses besoins. Le rigide veut cocher toutes les cases selon le manuel qu’il s’est fantasmé.

À l’inverse, la personne qui a de la volonté sera guidée par l’objectif à atteindre. En cas d’obstacle, elle fera preuve de flexibilité et trouvera des solutions tandis que ce sera beaucoup plus difficile pour le rigide.

Celui qui souffre de la blessure d’injustice aime l’ordre

Comme vous pouvez vous y attendre, le rigide aime l’ordre. Il apprécie que les choses soient à leur place pour l’image de perfection que cela lui renvoie. Il a cependant de la difficulté à saisir la nuance entre la rigidité et la discipline.

Ce point est très intéressant à creuser : une personne rigide s’accroche au moyen de combler son besoin tandis qu’une personne disciplinée est guidée en priorité par le besoin et trouve des moyens pour y arriver.

L’exemple cité par Lise Bourdeau est le suivant : pensez à quelqu’un qui décide d’aller marcher pour rester en forme. Le but c‘est d’être en bonne santé et le moyen : la marche. Cette personne s’impose de marcher un certain nombre de pas tous les jours. Le rigide, s’il manque un de ces rendez-vous de marche, s’en voudra, se sentira coupable. La personne disciplinée restera concentrée sur son objectif de rester en bonne santé et décidera que ce jour-là, mieux valait s’abstenir.

Dans la même situation peut mener à une forme d’emprisonnement ou donner un cadre plus souple qui permet d’atteindre un objectif.

Quand l’indécision s’en mêle

A trop vouloir être parfait, les personnes rigides parfois sont indécises. Elles ont très peur de se tromper et doutent de leurs propres choix. Si cela arrive, elles ressentent une profonde honte et sont rongées par la culpabilité.

Par exemple, mon collègue fait un régime intense depuis des mois. Il a perdu une dizaine de kilos et se sent plus en forme et mieux dans ses baskets. A notre afterwork d’hier, il s’est, comme nous tous, régalé de chips et de bière. Et depuis, il est en boucle dessus. A la fin de la soirée, il m’a même confié qu’il s’en voulait tellement, il pensait même se faire vomir pour évacuer l’objet de sa honte.

Les rigides sont très exigeants avec eux-mêmes. Ils se punissent eux-mêmes et vivent une culpabilité qu’ils s’imposent souvent tout seuls, par leur propre projection de ce qu’ils devraient être.

Le Bien et le Mal sont des notions très importantes pour le rigides car elles circonscrivent ce qui est bien ou non et donc pour lui, ce qui est juste ou non. Il y a le respect et l’honneur qui comptent beaucoup à ses yeux car c’est une autre façon de labelliser ses actes comme étant justes.

Le rigide a du mal à se reposer et à se détendre

Comme le mérite est primordial, le rigide a du mal à se reposer et à se détendre. Il est tout le temps aux aguets de ce qu’il pourrait accomplir de plus pour être parfait. Et si en plus quelqu’un travaille ou s’affaire pendant qu’il se pose, il va penser que son repos est encore plus injuste et en ressentir une grande culpabilité.

Lorsque je rends visite à ma sœur et que nous passons plusieurs jours chez elle, elle passe son temps à s’affairer dans tous les coins. Je vois bien qu’elle n’arrive pas à s’asseoir avec nous pour prendre l’apéro ou à venir juste ne rien faire sur la plage. Elle me dit toujours « non mais moi je ne travaille pas toute l’année, je peux bien me donner du mal pour vous une semaine l’été ». Je sens bien qu’elle pense qu’elle ne mérite pas elle aussi une bonne pause.

D’ailleurs, les rigides ne supportent pas de s’entendre dire qu’ils ont de la chance car ils associent la chance à un manque de mérite. J’ai notamment le souvenir de bonnes amies qui se plaignaient de leurs enfants et me disaient « toi, tu as tellement de chance avec les tiens ». Je me souviens combien cela m’exaspérait.

Il est vrai que chaque enfant a sa personnalité innée. Cependant, j’avais quand même le sentiment de beaucoup m’investir dans ma parentalité et de me donner beaucoup de mal pour tenir un certain cadre. Avec cette remarque, j’avais l’impression qu’elles ne me complimentaient pas, qu’elles pensaient simplement qu’à la roulette des naissances j’avais tiré le gros lot comme si rien n’était le fruit de mes efforts.

La blessure d’injustice musèle les émotions

D’autre part, le rigide montre très peu ses émotions. Si vous vous fiez à ses réponses, il va toujours bien, même « super bien ». D’ailleurs, il répond très vite à cette question pour ne pas courir le risque de l’introspection.

Il craint plus que tout de se montrer vulnérable. Pourtant, comme tout le monde, il est traversé par des émotions qu’il s’échine à cacher des autres. Celle qui revient le plus régulièrement c‘est la colère. D’ailleurs, rappelez-vous du ton avec lequel les enfants lancent souvent le fameux « C’est pas juste ». La plupart du temps cela traduit une grande frustration et de la colère.

Le rigide se met souvent en colère contre lui-même. Il s’en veut de ne pas avoir vu juste ou de ne pas avoir posé le geste opportun.

Par exemple, il arrive de faire des écarts lorsque nous suivons un régime. Le rigide s’en veut, se sent alors très en colère contre lui-même. L’autre émotion qui se présente le plus fréquemment chez le rigide est le stress car il se met énormément de pression à la perfection.

Ces types de personnalités ont enfoui leur capacité à exprimer leurs émotions très profondément. Ils ont du mal à accueillir, reconnaître et laisser sortir leurs sentiments. Mais aussi plus de mal que les autres à aimer et à se laisser aimer par exemple. Ils évitent aussi de se laisser toucher psychologiquement par les autres.

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Comment guérir de la blessure d’injustice ?

  • La première étape, vous la connaissez déjà : repérer sa blessure et reconnaître que nous sommes affectés. Le premier petit pas est le plus dur à faire et en même temps, vous allez constater que c’est un pas de géant vers la guérison. Comme vous le feriez avec votre entourage si vous observiez ces signaux, soyez doux et bienveillants envers vous-même. Pour vous aider, gardez en tête que tout le monde souffre plus ou moins intensément des 5 blessures de l’âme, vous n’êtes pas un cas isolé. Réécoutez nos épisodes #39 Je pratique l’auto-compassion et #137 Je cultive la bienveillance
  • Comme vous avez du mal à accueillir et assumer vos émotions, je vous invite à développer vos 5 compétences émotionnelles : identifier vos émotions, les écouter, les exprimer, les réguler et surtout, savoir les utiliser pour agir. Vous pouvez réécouter notre épisode #140 Je suis émotionnellement intelligent pour découvrir le pouvoir de vos émotions.
  • Être parfait, c’est une chimère qui peut vous conduire sur une pente dangereuse. J’ai envie de vous proposer de réécouter nos épisodes #141 Je ne peux pas plaire à tout le monde et #160 Je réussis à vaincre la honte pour comprendre les vertus de l’imperfection et découvrir que la vulnérabilité n’est pas une tare, au contraire !
  • Enfin, en tant que rigide, vous avez peut-être besoin de retrouver le chemin de votre alignement, de vous reconnecter à vos besoins, à vos priorités et à vos désirs. Ce sont des boussoles qui peuvent guider votre route pour nommer les objectifs que vous souhaiterez vous donner. Les épisodes #12 J’identifie mes besoins et #84 Je désire sont de bons antidotes à la dispersion et une bonne potion d’alignement personnel.

En bref, si je résume la blessure d’injustice

Ceux qui souffrent de la blessure d’injustice :

  1. Voient le monde selon le prisme Bien/Mal
  2. Cachent leurs émotions pour s’épargner
  3. Veulent être parfaits sur tous les tableaux, sans se demander si cela correspond à leurs besoins

A vous de jouer chers auditeurs, cette semaine, la carte de 2 minutes de bonheur https://www.2minutesdebonheur.com/boutique/  vous propose d’identifier une émotion qui vous traversent en revenant à votre corps. Ressentez-vous des tensions ou au contraire, vous sentez-vous soudain léger ? Essayez de connecter ces sensations avec ce que vous vivez. Le corps nous parle, c’est un atout formidable !

La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur

« Je tiens à mon imperfection comme à ma raison d’être »

 

Anatole France

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